Nous on a froid deux heures et puis après on rentre, on met le pyjama, on monte le chauffage, on est bien…
Mais eux, qu’on se dit, ils vont manger leur bolognaise dans leur tente gelée
je vous vous le demande c’est qui qui a du courage ?
Eux ou nous ?
En gros, la principale chose qu'il faudrait renégocier, c'est le contrôle des frontières sur le sol français, alors que la VRAIE frontière anglaise est à Douvres en Angleterre… Ou bien faudrait-il tout bonnement ABOLIR ces frontières ? (p.190)
Bien entendu tous les réfugiés ne sont pas de gros intellos mais l'exil ne fait pas de discrimination, lui. Dans ce camp, on retrouve toutes les catégories sociales. (p.161)
Moi je me pose la question : est-ce qu'on doit punir le gars qui fait sa justice soi-même… le migrant qui veut une meilleure vie… le flic qui a trop utilisé sa matraque.. ou bien l'Etat qui ne propose aucune solution à la hauteur du problème ? (p.154)
Mathilde appelle les bénévoles les "militants". Elle considère en effet que Volontariat et Bénévolat sont des actes militants… (p.142)
- En tout cas les gens sont libres d'aller et venir, c'est pas une prison ! Notre objectif c'est vraiment l'hébergement d'urgence. On doit rester un camp de transit, on ne veut pas sédentariser les migrants. (p.131)
OUI la jungle de Calais ça craint du boudin MAIS l'humain sait faire feu de toute palette et une petite ville a fini par émerger de la gadoue… (p.41)
- Vous vous rendez compte ils appellent ça "la Jungle" c'est atroce !
- Tiens, c'est bizarre, pourquoi ils l'appellent tous comme ça ?
En fait en persan et en pachtou, "Jangal" veut dire "Forêt".
"Jangal" vient du sanskrit et a été transmis aux Britanniques. (p.24-25)
Oui mais alors ça Lisa, c'est des gens qui ne réfléchissent pas... Ils perdent leur boulot mais au lieu d'accuser les patrons voyous et les actionnaires, ben on fait quoi ? On tape sur les migrants !
[p183]
• lundi 23 mai 2016
Nous avons rencontré Tom, un moine bouddhiste anglais, volontaire sur le camp avec sa femme, Chissika.
- Avant j'étais travailleur social. Maintenant je suis prof de théâtre et moine zen. On vient du Kent.
Lorsqu'ils sont dans la jungle, ils vivent dans une caravane.
- On a commencé à venir à l'été 2015. On a passé un week-end avec des dons recueillis autour de nous et à notre retour on a ouvert une page Facebook 'Kent for Calais'. On a été surpris par l'ampleur de la solidarité, on a reçu des tonnes de choses et beaucoup d'argent. Du coup on a loué des camions. Avec Sylvain, de l'Auberge des Migrants, on a loué un entrepôt de 3 000 m2. On y trie les dons, prépare des paquets. On trouve parfois n'importe quoi. On a dû réfléchir à la manière de faire les distributions, interdire les distributions sauvages de particuliers. Même les files d'attente sont très critiquées car humiliantes pour les réfugiés et sources de conflits (t'as grillé la file / fuck you !). En plus les plus faibles et vulnérables ne viennent jamais aux distributions (les femmes, notamment).
[...]
Trois représentants de communauté (ou community leaders) :
- Laissez-nous faire les points de distribution par communauté.
- On distribuera équitablement les dons.
- On fera en sorte qu'ils ne finissent pas au souk de la nuit... [marché noir où les prix explosent en raison de la pénurie]
Mais les assos n'aiment pas trop recourir aux community leaders, parce que ça leur donne des positions de pouvoir assez contestées. Certaines continuent donc de faire des files.
(p. 233-235)