Parfois, derrière les mots, il y a des choses puissantes.
Je veux un tour en moto à toute berzingue et sans casque avec mes longs cheveux qui me balancent des coups de cravache. Je veux la vitesse et la sensation du cuir sur ma peau. Ne plus jamais m'arrêter, foncer dans le mur et crever en princesse avec une dalle commémorative à faire pleurer les ménagères.
[Mon père] braille qu'à l'ANPE, il n'y a que des fainéants, que la société est un tas de merde, que la politique c'est du spectacle. Que les paillettes ne se collent que sur les mains des riches. Il a la haine mais il reste cloué sur le canapé. [...]
Quand il sort le soir, il rentre et il nous fait son canto rebelle. Le petit doigt en l'air, il commémore son passé d'anarchiste et il dit que plus jamais il ne travaillera, que le système est une dictature. C'est lui le triste facho sans pognon.
(p. 20-21)
Nous ne sommes pas unis. L'argent nous sépare, il pousse en se foutant de l'égalité et distribue ses dividendes comme il l'entend. C'est lui le big boss.
Dans ma chambre, j'ai deux matelas : celui du dessus sur lequel j'entends les gros mots de la vie et celui du dessous, ce soupirail de livres par lequel j'expérimente l'absence de limites. Les bouquins, je les lis quand la nuit est épaisse, quand aucun loup ne hurle. Je dévore tout, je caresse les tranches et les couvertures dans l'espoir de faite mon baluchon et de partir à l'aventure, affranchie des slows qui entrainent les filles dans des musiques qui ne sont pas les leurs.
On ne dira jamais assez à quel point mater un mur toute la journée peut rendre fêlé, car une fois que t'as déchiffré les appels au secours du crépi tu te retrouves sur ton pieu face à une souricière.
J'ai les jetons. Nous aimer lui et moi, mais pour quoi faire ? Je n'aime personne. Tu vois bien comment je me traite ! Tu vois bien comment mon corps veut euthanasier le tien. Tu ne sens pas mon mensonge quand tes lèvres se posent sur mes frémissements de mauvaise hardeuse? Dans quelles illusions fais-tu tes ablutions pour supposer un instant que tu puisses me plaire ? Sais-tu qui je suis ? La petite Barbare, non ?
Je garde tout le temps la bouche ouverte comme une promesse. Je m'en fous de respirer, je veux mourir essoufflée. Du bruit et de la fureur, voilà ce qui germe dans le cœur de mon cœur
C'est ça le romantisme : ne pas obtenir ce qu'on veut et pleurer. Une longue lamentation et le vide pour réponse.
Je ne sais pas si je lui dois rien ou moins que rien.