la nécessité d'indiquer la fin d'une phrase écrite est sans doute aussi ancienne que l"écriture elle-même mais la solution brève et merveilleuse, ne fut pas adoptée avant la fin de la renaissance italienne. Pendant des centaines d'années, la ponctuation avait été une entreprise désespérement erratique.
« Pour un lecteur, c’est là sans doute la justification essentielle, voire la seule, de la littérature : sa faculté d’empêcher la folie du monde de s’emparer totalement de nous, même si elle envahit nos caves (la métaphore est de Machado de Assis) avant de gagner lentement la salle à manger, le salon, la maison entière. (…) Lorsque le monde devient incompréhensible, lorsque des actes de terreur et des réactions terrifiantes à cette terreur emplissent nos jours et nos nuits, quand nous nous sentons désorientés et stupéfaits, nous cherchons un endroit où la compréhension (ou la foi en la compréhension) a été exprimée par les mots. »
« On ne peut contraindre les êtres de chair et de sang assis à la table du Chapelier fou – chefs militaires, bourreaux, banquiers internationaux, terroristes, exploiteurs- à raconter leur histoire, (…) On peut en revanche, à leur propos, raconter des histoires et écrire des livres susceptibles de favoriser une certaine compréhension de ce qu’ils ont fait ainsi qu’une judicieuse empathie. Il n’existe à leurs agissements nulle explication rationnelle, ils suivent des règles logiques absurdes, mais il est possible d’appréhender leur folie et ce qu’ils ont de terrifiant au cœur de récits ou de « cartes » dans lesquels ils peuvent, mystérieusement, prêter à notre folie une sorte de rationalité éclairée, suffisamment transparente pour clarifier nos comportements et suffisamment ambiguë pour nous aider à accepter l’indéfinissable. »