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Citations sur La mort à Venise - Tristan - Le chemin du cimetière (4)

Les mots ne donnaient nullement l’impression de déferler en lui : pour un individu faisant profession d’écrire, il progressait avec une lenteur pitoyable et à le voir, on était obligé de conclure qu’un écrivain est un homme qui a beaucoup plus de mal à écrire que les autres gens. P 198 Tristan
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«D’être seul et de se taire, on voit les choses autrement qu’en société ; en même temps qu’elles gardent plus de flou elles frappent davantage l’esprit ; les pensées en deviennent plus graves, plus singulières et toujours se teintent de mélancolie. Ce que vous voyez, ce que vous percevez, ce dont en société vous vous seriez débarrassé en échangeant un regard, un rire, un jugement, vous occupe plus qu’il ne convient, et par le silence s’approfondit, prend de la signification, devient évènement, aventure, émotion. De la solitude naît l’originalité, la beauté en ce qu’elle a d’osé et d’étrange, le poème. Et de la solitude aussi, les choses fausses, désordonnées, absurdes, coupables.
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Et pourtant il ne savait que trop pourquoi il avait ainsi été pris à l’improviste. Impulsif besoin de fuir ; telle était, qu’il se l’avouât, cette nostalgie du lointain, du nouveau, tel cet avide désir de se sentir libre, de jeter le fardeau, d’oublier – besoin d’échapper à son œuvre, au lieu où chaque jour il la servait d’un cœur inflexible, avec une passion froide. Son service, en vérité, il l’aimait, et déjà presque il aimait la lutte énervante et chaque jour renouvelée de sa volonté tenace, fière, éprouvée, contre une lassitude croissante que tous devaient ignorer et qu’aucun fléchissement, aucun signe de laisser-aller dans sa production ne devaient trahir. Mais il paraissait raisonnable de ne pas trop bander l’arc, et de ne pas s’entêter à étouffer une impulsion jaillissant si vive et si spontanée. Il pensa à son travail, au passage qui, ce jour comme la veille déjà, l’avait arrêté. La résistance semblait ne devoir ni céder à un soin patient, ni être enlevée en un tour de main. Il recommença de l’examiner, essayant tantôt de trancher le nœud, tantôt de le délier, et malgré lui, avec un frémissement ; il lâcha prise. Ce n’est pas que la difficulté fût extraordinaire, mais il était paralysé par des scrupules, le déplaisir, les agacements d’une exigence qui en venait à ne pouvoir plus se satisfaire de rien. L’insatisfaction, certes il l’avait dès l’adolescence tenue pour l’essence même, le fond intime du talent. Pour l’amour d’elle il avait refréné le sentiment, il l’avait empêché de s’échauffer, parce qu’il le savait insouciant, enclin à se contenter d’à-peu-près, d’une demi-perfection.
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Ce qui occupe Thomas Mann, c'est le problème toujours vivant dans la littérature allemande : Was ist deutsch?
Ce qui est allemand, ce qui n'est pas latin, selon lui, c'est la culture, c'est à dire l'harmonieux développement de l'âme et de l'esprit; c'est la musique, art de l'inexprimable; c'est le protestantisme, religion de l'individu; c'est la tolérance et la notion du devoir. Tout cela trouve satisfaction dans un Etat où l'activité politique est réduite au minimum et confiée une fois pour toute à des techniciens qu'on estime capables et que l'on ne contrôle pas dans le détail.
Ce qui est latin, au contraire, c'est la civilisation, le développement exclusif de l'esprit aux dépens de l'âme; c'est l'éloquence et la littérature, arts tout formels et superficiels; c'est la catholicisme, religion des masses; c'est l'intolérance doctrinaire, c'est l'indiscrète et puérile notion du droit. Au fond, l'esprit latin est fait de politique; il est donc démocratique par essence, puisqu'il suppose que tous et chacun aient un intérêt et une responsabilité aux affaires de l'Etat. Il est, de plus, optimiste, car pour agir il faut croire à l'efficacité de l'action.
L'âme germanique, musicienne et métaphysique, est foncièrement pessimiste. (extrait de l'introduction de Geneviève Bianquis, traductrice, 1947)
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