Citations sur Yeruldelgger, tome 3 : La mort nomade (138)
C’est Oulan-Bator ici. C’est la Mongolie. Le loup, c’est la signature des ultranationalistes, des identitaires, de tous ces fêlés tatoués à croix gammée qui ratonnent les Chinois. (page 241)
Oulan-Bator conforte son pouvoir sur le pays en aspirant en ville tous ces nomades qui perturbaient l’expansion minière des investisseurs étrangers. (page 182)
Les Occidentaux se rattachent aux morts, mais nous, nous nous rattachons au monde. Ils sont dans le culte du souvenir, dans celui de l’oubli. Le but de la mort nomade, c’est d’oublier le mort et jusqu’à l’endroit même où on l’a laissé. Pour ne vivre qu’avec son esprit, toujours, partout, où qu’on soit. C’est pour cette raison que la tradition dit que les esprits habitent le feutre des yourtes. (page 131)
Tout semblait soudain suivre une courbe exponentielle : l’avidité des hommes, leur égoïsme, leur violence. (page 123)
Tout ton foutu pays n’est qu’un appel à la fouille et au viol géologique. Tu creuses n’importe où et tu trouves n’importe quoi. Or, cuivre, terres rares, charbon, uranium. Tu crois que ça n’intéresse pas tous les rapaces du capitalisme mondialisé ? (page 121)
Yeruldelgger ne répondit pas, son regard posé sur l’horizon érodé des collines millénaires. Tout n’est que beauté. L’ocre fauve des contreforts alignés en oblique. Les pignons bleutés d’ombre de chaque côté des vallons mauves. Le creux frais et verdoyant de la vallée entre ses petites plaines grasses et étagées qui accompagnaient le cours paresseux d’une rivière cuivrée par le reflet du ciel. Comment tout ça pouvait-il n’être que la conséquence d’un chaos magmatique ? (pages 116-117)
C’était son pays. Sa Mongolie. Avant de rendre justice aux morts, Solongo avait connu une enfance nomade. Elle avait éclaboussé sa mère et son petit frère de l’eau de la rivière, bu le lait du yack à même le pis, ramassé les bouses séchées pour le feu du soir. Et les souvenirs qu’elle gardait de sa petite enfance étaient ceux d’une innocence heureuse qu’elle n’avait plus jamais retrouvée depuis. (page 86)
Des meutes errantes d’apprentis chercheurs d’or. Une multitude résignée et industrieuse, chacun creusant, à quelques mètres de milliers d’autres, des puits de fortune, lessivant la terre et la boue, traquant l’or au mercure, tamisant les scories, brûlant les pierres, fracassant les cailloux. Toute cette agitation, tout cet espoir frénétique, il l’avait entendu. Ce qu’il n’avait pas imaginé, c’était ce silence sur le paysage ravagé après leur départ. Sinistre. (page 69)
Macabre évoque un mort dans des circonstances tragiques, alors que morbide n’a rien à voir avec la mort. C’est juste quelque chose de malsain et d’anormal… (page 11)
"Les Occidentaux se rattachent aux morts, mais nous, nous nous rattachons au monde. Ils sont dans le culte du souvenir, nous dans celui de l'oubli. Le but de la mort nomade, c'est d'oublier le mort et jusqu'à l'endroit même où on l'a laissé. Pour ne vivre qu'avec son esprit, toujours, partout, ou qu'on soit." Collection LIVRE DE POCHE. P.149.