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Citations sur Yeruldelgger, tome 3 : La mort nomade (138)

Erwan ne sut pas quoi répondre. Il les connaissait, pourtant. Depuis dix ans il venait de France les rejoindre pour ces ateliers nomades et sauvages à travers la Mongolie. De sa Bretagne natale très exactement. Deux ou trois mois dans l’année, à peindre en pleine nature, sans contrainte, sans programme, sans itinéraire. À la vagabonde.
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– Qu’est-ce que vous faites ? s’étonna Erwan.
– On va le croquer, pardi, un modèle pareil ! répondit Al.
– Mais il est mort ! s’indigna Erwan.
– Justement, immobile comme il est, c’est un modèle parfait. Et puis son temps n’est plus compté, alors pourquoi compter le nôtre ?
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– Il est mort ? demanda Erwan sans oser s’approcher.

– Qui a fait ça ? gronda Zorig.

– Je n’en sais rien. Une sorte de crime rituel peut-être…

– Je ne parle pas de ce mec, je parle de mes dessins !

Erwan se retourna et découvrit ses trois compagnons occupés à décharger le van. Chevalets, papier Canson, aquarelles, fusains et graphites. Seul Zorig regardait en arrière, loin au-delà du vieil UAZ dont les portières étaient maintenues entrebâillées par des cales en bois pour compenser l’absence d’air conditionné.

– Toutes mes esquisses, éparpillées au vent. Vous auriez pu faire gaffe quand même !
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Devant eux, l’homme nu était allongé sur le dos, comme enroulé sur un rocher. Son corps, cambré au-delà du probable, épousait très exactement la forme de la pierre presque ronde. Jusqu’à sa nuque. Jusqu’à ses bras désarticulés aux épaules et tendus au-delà de sa tête renversée, lestés par une lourde pierre au bout d’une corde nouée à ses poignets. D’un côté ses pieds étaient attachés à la base du gros rocher et de l’autre cette pierre immobile pendait dans le vide et l’étirait, cintré, sur le rocher lisse.
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– Magnifique, siffla-t-il entre ses dents.

– Macabre, oui, murmura Al.

– Morbide, corrigea Naaran depuis le siège arrière.

– C’est quoi la différence ? s’enquit Erwan en glissant la tête entre les épaules de Zorig et d’Al pour mieux voir.

– Macabre évoque une mort dans des circonstances tragiques, alors que morbide n’a rien à voir avec la mort. C’est juste quelque chose de malsain et d’anormal, expliqua Al.

– Alors c’est plutôt morbicabre, trancha Zorig.

– Et beau.

– Morbicabre et beau, approuvèrent les autres en descendant du van.
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C’était une sentence à la Zorig. Une affirmation non discutable à laquelle le futur donnait quelquefois raison. Al, Naaran et Erwan cherchèrent une réplique pour le principe, mais ce qu’ils découvrirent en atteignant la crête les laissa sans voix. Zorig stoppa le van dans un soubresaut qui faillit les faire glisser dans le ravin et colla son visage de colosse contre le pare-brise constellé d’impacts.
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– Ce jour-là, tu nous as bien jetés dans un dévers pour éviter un éléphant, non ?

– Et alors, je me suis trompé, ça arrive, non ? Je sais bien qu’il n’y a pas d’éléphants dans la steppe. Je ne suis pas aussi con que ça. Ça devait être autre chose, un yack, ou un chameau, je ne sais plus. J’étais fatigué.

– Fatigué ? Ivre, oui ! Rétamé, cuivré comme une bassine à myrtilles, plein comme une vessie de yack ! Tu devrais me laisser le volant, s’inquiéta Naaran.

– Jamais de la vie. C’est mon UAZ. C’est moi qui le conduis.

– Zorig, s’il n’y a rien de praticable de l’autre côté de cette crête, on ne pourra jamais faire demi-tour, pas même marche arrière.

– On pourra. Il passe partout. Et puis il y a toujours quelque chose après les choses.
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– Sauf le jour où tu nous as fait basculer dans le lac Airag, au sud de Khyargas, rappela Naaran, cramponné au skaï de la banquette arrière, la tête cognant contre la tôle de métal brut.

– Ce jour-là, c’était les freins.

– Et la ravine, dans le Khangai Nuruu ? insista Erwan, brinquebalé par les chahuts cahotiques du van. C’était les freins aussi peut-être ?

– Ce jour-là c’était les pneus ! bouda Zorig.

– Et la sortie de piste sur la route de Tchor ? Tu te souviens, la longue piste bien droite et toute plate, c’était quoi déjà ?

– …

– C’était pas les éléphants, par hasard ?

Tous éclatèrent de rire, sauf Zorig, vexé, qui s’abîma dans sa conduite erratique.
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– On va finir par verser et rouler jusque dans la vallée si tu continues comme ça. Et c’est moi qui suis à la place du mort.
Al éclaboussait de Chinggis tiède son T-shirt Yes We Khan à chaque couinement des ressorts à lame de la suspension malmenée.
– Si on verse, tout le monde meurt, philosopha Zorig, son corps de géant voûté pour tenir dans l’habitacle, les genoux dans le volant et la tête contre le pare-brise. Mais ça n’arrivera pas. Ces engins-là c’est comme des tiques. Ça suce la route et ça ne la lâche plus.
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… Djamuka.
Le petit combi russe bleu tout-terrain crapahutait, en équilibre instable, vers la ligne de crête. En dodelinant dangereusement, sa carcasse peinturlurée écrasait sous ses pneus ramollis des cailloux chauds qui fusaient en cognant sous le châssis. La pente et les soubresauts décidaient de sa trajectoire plus que les efforts du chauffeur, cramponné de ses mains d’ogre au fin volant de bakélite ivoire.
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