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Critique de Christophe_bj


« La littérature est pour moi la promesse de je ne sais quelle félicité, une promesse souvent non tenue, mais à laquelle le lecteur que je suis veut toujours croire. » ● Nora Lefebvre, la narratrice, est une « héritière » au sens de Bourdieu, c'est-à-dire une jeune fille issue d'un milieu favorisé et doté de capital pécuniaire et culturel. Elle est au lycée en classe de Terminale à Bordeaux. Elle y fait la connaissance d'Anna Berl, sa professeure de philosophie, et éprouve envers elle une attirance qui se révèle réciproque. Anna initie Nora aussi bien à la philosophie qu'à l'amour. Elle lui fait aussi prendre son envol professionnel, puisque la jeune fille est reçue deuxième à l'agrégation de philosophie à vingt-trois ans, ce qui va l'amener à partir pour Paris… ● C'est là un magnifique roman d'apprentissage, superbement écrit, qui a pour objet une jeune fille qui sait où elle va et ne s'embarrasse guère de sentiments ; l'ironie est constante, le cynisme affleure. Il n'y a aucun temps mort, le récit est mené de mains de maître. le roman est court et très efficace – « [S]i je devais me mettre un jour à l'écriture, je ferais court », dit Nora. ● Sagan est plusieurs fois citée, non sans intention. Les écrivains du « développement personnel » comme Matthieu Ricard ou Frédéric Lenoir sont égratignés, de même que (injustement à mon avis) Antoine Compagnon. On reconnaîtra d'autres écrivains, parfois sous des pseudonymes divers. ● Au passage, une réflexion sur l'art contemporain : « — Ah, oui ! Duchamp !… Ils n'en finissent pas de reproduire chacun dans son style, si j'ose dire, son esthétique des ready-mades, comme si elle était toujours aussi subversive que dans les années 1910. Ils ne s'en remettent pas de l'audace de Fontaine. L'image de la pissoire les poursuit. Alors tu les vois cavaler dans la régression et la provocation. Ils plongent des cadavres de vaches dans de grands bacs de formol, exposent des boîtes de conserve pleines de fiente humaine, érigent des plugs anaux géants dans des jardins publics, que sais-je encore. Ils croient heurter le bourgeois alors qu'ils distraient tout au plus le badaud qui en a vu d'autres au journal télévisé ou sur Internet dans le genre dégueu, obscène, violent, scato, même. » ● J'ai beaucoup aimé, je recommande, et je vais suivre cette autrice. Merci à @LicoriceWhip pour cette découverte.
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