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Citations sur Balzac et son monde (2)

EXTRAITS DU CHAPITRE 10 " L'AMOUR" :

* A voir défiler, dans La Comédie humaine, tous ces fats si soucieux de leur personne, toutes ces femmes si préoccupées de plaire, on serait tenté de croire que, de toutes les forces en présence, c’est l’amour la mieux représentée. Il n’en est rien. Il y a beaucoup d’amour dans La Comédie Humaine mais assez généralement, il nous y apparaît en fâcheuse posture, souvent vaincu ou, quand il triomphe, écrasant les amants, Défaite ou désastre, tels sont, le plus souvent, dans La Comédie humaine, les avatars d’Éros. Emilie de Fontaine renonce à l’amour pour épouser un vieux monsieur. Louise de Chaulieu ne renonce pas à l’amour mais elle en meurt, Voilà les deux issues.

* Si je n’ai pas l’amour, pourquoi ne pas chercher le bonheur ? » écrit Renée de Lestorade (Mémoires de deux jeunes mariées). On voit que, pour elle, ce sont là deux choses bien distinctes, pour Balzac aussi. Il y a de longs flots d’amour dans Le Lys. Le bonheur n’y est jamais que précaire, fugitif, chèrement payé.

* Un romancier qui aime l’amour ne peut pas se défendre d’évoquer parfois les voluptés qu’il donne. Ces touches un peu vives, chez Balzac, n’existent guère. Ses amants, ses maîtresses se rencontrent dans des salons, au théâtre, rarement ailleurs.

* Quoi ? Tant d’amants et si peu de tendresses ? Parfaitement. La Fausse Maîtresse, Une fille d’Eve, Mémoires de deux jeunes mariées, tous ces titres si évocateurs ? Eh oui, ils évoquent. Rien de plus. « I1 y manque un lit », comme dit Rastignac dans Le Père Goriot. Rarement trouverons-nous une scène frissonnante de tendresse, de sensualités, de bonheur immédiat. De bonheur, le mot est prononcé. Il ne l’est pas souvent dans La Comédie humaine.

* Balzac ne hait point l’amour. Il ne le présente pas comme un ennemi du bonheur. Au contraire, pour lui, il n’y a pas de bonheur sans amour mais cet amour, à ses yeux, n’est qu’un des éléments du bonheur. I1 ne conduit au bonheur que s’il n’envahit pas l’homme tout entier.

* Nous verrons chaque fois, dans ce bonheur, un élément extérieur à l’amour, un élément de raison, un élément enfin par quoi l’amour, désertant son absolu, rejoint la société.

* Je ne vois pas, écrit Alain, un roman de Balzac où l’amour arrive à conquérir le bonheur sans se plier aux lois de la société.

* On aime une femme. Est-ce le meilleur moyen de le lui prouver que de s’installer à ses pieds avec une guitare et ne vaut-il pas mieux courir le monde ou les antichambres pour apporter à ses genoux la gloire, les Toisons d’Or et les inscriptions au Grand-Livre conquises pour elle ? On aime un homme. Comment le lui prouver mieux qu’en exaltant, en guidant les énergies qui sont en lui, comme le fait Renée de l’Estorade ? Comment le servir mieux qu’en faisant de son corps le marchepied de sa gloire comme Suzanne rêve de le faire pour Athanase Granson (La Vieille Fille). C’est toujours la conception classique de l’amour, cette conception qui fait de l’amour non une passion faible mais une passion qui, comme toutes les passions, a ses limites.

* Mais, chez Balzac, même quand l’amour est plus désintéressé, il y a toujours un choix, c’est-à-dire une délibération préalable de l’intelligence et de la volonté. L’amour involontaire, doctrine absurde, dit-il péremptoirement. Il rejoint ainsi Corneille : « L’amour d’un honnête homme doit toujours être volontaire. » Il rejoint Racine : « J’appelle faiblesse l’amour qu’il (Hippolyte) ressent malgré lui pour Aricie. ». Pour Balzac comme pour les classiques, l’amour qui ne choisit pas, l’amour non voulu, l’amour fatal, l’amour-entraînement ne peuvent mener qu’à la catastrophe.

* Les biographes de Balzac parlent souvent légèrement de son amour pour Mme Hanska. Ils insinuent volontiers que le titre et le château de la Polonaise n’étaient pas étrangers à la passion de Balzac. C’est vrai. Et c’est cependant un amour profond, sincère et durable. Le château de Mme Hanska y était inclus, c’est tout. …/… il apparaît donc que, pour Balzac, l’amour n’a de valeur que si, loin de ravager l’homme, il lui fournit au contraire un principe d’énergie. Que s’il suscite son énergie, ou, du moins, s’il lui permet de déployer les énergies qu’il a en lui. L’amour-mobile ou l’amour-moyen.

* L’amour qui s’insère dans la société, cela porte un nom : cela s’appelle le mariage.../… Balzac en fait autant avec Mme Hanska. Il aurait pu agencer sa vie en vue de cet amour, trouver le moyen de vivre dans les jupes de sa Polonaise. Il préfère, loin d’elle, ne s’occuper que de ce mariage encore lointain. Ainsi dans son œuvre. Le mariage –avec ou sans amour – y occupe une bien plus grande place que l’amour. Le mariage, c’est la grande affaire de Balzac. Sa place d’armes, comme disait Taine. Le mariage, c’est l’amour qui s’insère dans la religion par le sacrement, qui s’insère dans la société par l’intervention du maire, qui s’insère dans la vie par la naissance des enfants. Le mari et la femme, ce sont encore deux amants, mais qui signent un contrat, qui s’associent, qui se mettent à construire quelque chose. Et c’est cela qui intéresse notre infatigable constructeur.
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Il ne faut pas chercher, il ne faut pas essayer de comprendre les raisons d'un dénonciateur. La délation est un vice. Le vice ignore la logique.
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