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Citations sur Le Sémaphore (19)

L'enfant a dit à l'arbre :
" Tu es un géant silencieux
Quand tu respires;
Apprends-moi à grandir " ...

L'enfant a dit à la terre :
" Tu es allongée, douce et chaude
Comme une femme qui va accoucher;
Apprends-moi donc à aimer " ...
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L'enfant a dit à la fontaine :
" Tu es un ruisseau enfermé
Mais ton eau est toute pureté;
Apprends-moi la liberté " ...

L'enfant a dit au vent :
" Tu es doux et violent
Comme un homme désarmé;
*Apprends-moi à chanter " ...
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Bouche cousue

Le cœur des êtres sensibles est une maison en flammes.

Les hommes ont des visages de craie
Qui inscrivent le silence
Sur le noir profond de l'inconnu.

Les mots sont des baleines blanches
Hors de portée de leurs filets
Et de leurs harpons.

Ils errent, la bouche cousue
Par un fil d'Ariane.
Et le verbe est un Minotaure.
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J'ai des vitraux de lumière
Sur mon front, sous ma peau;
Des vitraux de lumière
Comme de clairs drapeaux.
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Terre

À mon grand-père, Pierre Marconnet

« Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été : désormais ce fait mystérieux et profondément obscur d’avoir vécu est son viatique pour l’éternité. »
Vladimir Jankélévitch (in "L’Irréversible et la Nostalgie")

J’allais chaussé de blés et de lilas,
et mes vertèbres en glycine
me portaient.

Et je marchais,
frottant mon âme
à la glaise des chemins,
à la recherche de l’autre ;
au milieu de cette création
d’où le silence tiré sa fluidité marine.

Un puits me fait face
et toujours mon regard
est tressé de cordeaux
et de poulies.

Les chênes
dans leur solitude de vieillards,
sont teintés de gris, cabossés
par un vent de sabre.

Des chemins de terre
lézardent à l’infini
parmi le charbon des vieux soleils.

Les ombres de la nuit
portent un sein rouge : braise muette
qu’une lumière révèle.
Vois, le feu solaire s’élance
depuis mes doigts.

Du jet de la pierre
à mes pieds de mousse,
féminine,
la terre constamment
résonne.

Et je vais,
plus immortel que mon ombre.

(p. 8-9)
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Qu'il est doux d'aimer cette poésie
Du ruisseau qui siffle indolent,
Du blé qui tend son frêle épi :
Les mots sont impuissants.

(extrait des Vitraux de lumière, p. 29)
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Triangles de feu

À Aurore Lephilipponnat

En guise de mots pour honorer les femmes qui vivent sur ses toiles.

Femmes, nous sommes.
Et si vous saviez ce que nos ventres savent.
Pourquoi ce soleil de cendre qui bave
Sur nos chairs tendues ?
Va-t-en au diable, Adam et ta pomme !
Car nous sommes nues.
Et notre toison sait le chant des mers ;
Le parfum des varechs et des limons ;
Le cri qui germe dans notre chair
Quand l’extase nous déchire : lave en fusion.
Notre corps est notre tabernacle :
Il est l’hostie vivante où se nourrit l’Être.
Quand le désir nous sarcle
Comme un champ où paître ;
Alors cette eau très ancienne
D’où nous provenons,
Remonte à sa source diluvienne
Et nous fait vertiges et oraisons.
Ciel ! Entrouvre-toi
Comme nos triangles de feu !
Ne fais pas peser ce froid,
Cette damnation sur nos yeux.
Maudites ? Et pourquoi ?
Pour nos bouches tremblantes
De baisers et de morsures ?
Pour nos seins d’ardentes
Et nos lèvres rouges d’éraflures ?
Pour notre âme,
Pour notre enjôleuse chevelure ?
Rangez vos lames,
Vous qui ne savez mot dire.

Et laissez-nous crier !
Crier dans la suie du jour !
Comme vous priez,
Comme nous faisons l’amour !

(p. 39-40)
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La vérité est un bûcher de serpents jaunes
Qui mordent l'âme en sanglots.
La nuit est la petite aumône
Qui nous accorde le repos.
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L’appel

À Pier Paolo Pasolini

Sur un terrain vague d’Ostie, le corps de Pasolini comme une hostie profanée.

Les herbes sont jaunes et sèches ;
le chemin de terre, refermé
comme un poing d’enfant

Une forme nue avance
claudique sur le sentier blanc
la peau rongée et cramoisie

Une présence humaine
les mains, deux serpes
les jambes, oiseaux aux ailes de plomb

Son œil rouge
pareil à la terre brûlée
flambe sur son visage de craie

Il invective le ciel
le doigt montrant son ecchymose
la bouche cinglée d’écume

Puis retire son cœur de sa poitrine étroite
le dépose sur un rocher fendu
et le laisse s’épurer parmi les coupures du sable

Un animal s’approche
yeux révulsés
muscles tendus

Il rage, trépigne
enfonce, craque le sol
fait crépiter la poussière

Sa large gueule s’ouvre
pour vomir une cendre inerte
et il talonne le cœur battant sous lui

L’homme s’écroule sur un reste de volcan
le poing tendu, figé jusqu’au ciel
banni, arraché du monde

L’animal renifle le corps fossilisé
et l’enfouit entre les pierres ;
incrustée dessous la roche l’âme crie qu’on l’aime.

(p. 10-11)
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L’enfant

À Paul, mon petit frère

L’enfant a dit à la pierre :
« Tu as tant d’eau cachée en toi ;
Quand le chagrin voudra me dévorer,
Apprends-moi à pleurer »

L’enfant a dit à l’herbe :
« Tu es le sein vert des vaches,
Le lait qui jaillira de leurs pis ;
Apprends-moi la vie »

L’enfant a dit au vent :
« Tu es doux et violent
Comme un homme désarmé ;
Apprends-moi à chanter »

L’enfant a dit à la fontaine :
« Tu es un ruisseau enfermé,
Mais ton eau est toute pureté ;
Apprends-moi la liberté »

L’enfant a dit à l’arbre :
« Tu es un géant silencieux
Quand tu respires ;
Apprends-moi à grandir »

L’enfant a dit au feu :
« Tu rugis, lion jaune et rouge,
Et tu ne crains pas le noir ;
Apprends-moi la danse de l’espoir »

L’enfant a dit à la nuit :
« Prends garde ! le jour va te manger
Dans sa bouche d’or ;
Apprends-moi la venue de l’aurore »

L’enfant a dit à la terre :
« Tu es allongée, douce et chaude
Comme une femme qui va accoucher ;
Apprends-moi donc à aimer »

L’enfant a dit à la lune :
« Tu es un sabre ou un ballon
Et ton feu blanc me protège du froid ;
Apprends-moi la joie »

L’enfant a dit au soleil :
« Tu es bon comme une grosse boule de pain
Et ton feu jaune éclaire les hommes ;
Apprends-moi qui nous sommes »

(p. 69-70)
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