Adolphe était un gars du Nord, un t'chi, il avait dans les yeux le bleu qui manque à son décor, et dans le cœur le soleil qu'il n'y a pas dehors, comme dans la chanson d'Enrico.
Grandir n'est pas si facile. La soupe ne suffit pas toujours.
Je me suis toujours demandé si ses histoires [ de mon grand-père] étaient vraies. Mais à cette pensée, j'éprouvais aussitôt un sentiment de honte. Vraies ou fausses, elles étaient une réelle richesse et l'héritage le plus précieux qu'il m'ait laissé. Elles avaient sur moi un impact plus puissant que tout l'imaginaire des contes merveilleux et récits de princes charmants. Quelle importance qu'il ait ou non exagéré certains épisodes de sa vie, je préfère croire qu'ils ont été plus forts que ça encore.
— " T'as d'beaux yeux, tu sais ! "
— T'as d'beaux yeux, t'as d'beaux yeux,... Môssieur joue les durs à cuire tendrement amoureux... Mais n'empêche que moi l'Gabin, j'l'ai vu quand il était marin !... ... Ça roulait des mécaniques sur le pont, ça signait des autographes tout azimuts... Mais quand il fallait se foutre à la flotte, y'avait plus de fort en gueule. Il savait pas nager l'acteur. Alors sauf votre respect, mesdames messieurs, j'vous passe le bonsoir. T'as d'beaux yeux, j't'en fouterai moi !
Il est des journées faites de petits riens et qui vous laissent le vague à l'âme, de moments de solitude dont on se souvient longtemps très longtemps.
Bilan de ce triste épisode (flotte française bombardée par les anglais) : Près de 1300 marins français perdent la vie, le 3 juillet 1940, à Mers El-Kébir.