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Critique de lechristophe


"La garçonne" de Victor Margueritte a presque un siècle d'existence puisqu'il a été écrit lors du premier semestre 1922. À l'époque il avait causé un tel scandale que la Légion d'honneur fut retirée à son auteur. Intrigué par ce "roman sulfureux des Années Folles" comme le clame la couverture de sa nouvelle édition, je l'avais donc coché avec d'autres lors de la dernière Masse Critique.

Dans le Paris de l'après Première Guerre mondiale, Monique, fille unique d'un couple bourgeois doit se marier avec un ingénieur. C'est l'occasion pour l'auteur de décrire finement le milieu bourgeois parisien. La mère n'est que dans le paraître ; pour elle, il faut qu'elle soit vue dans les lieux à la mode (opéra, restaurants). le père, lui, est un industriel et le mariage de sa fille ne lui sert qu'à apporter de l'argent frais à son entreprise. Mais tout tombe à l'eau lorsque Monique, l'héroïne naïve, découvre que son fiancé entretient une maîtresse, et que cela ne choque même pas ses parents : ce sont les modes de fonctionnement normaux entre les hommes et les femmes de son milieu. Elle rompt alors avec sa famille et décide de vivre comme les hommes, comme une garçonne. Et c'est là que le roman s'est mis à m'ennuyer de plus en plus. Monique, personnage qui n'a pas réussi à attirer ma sympathie, se met à répéter le même schéma : elle est dépressive, s'enfonce dans la débauche (lesbianisme et/ou partouze et/ou drogue), tombe amoureuse d'un homme qui est l'Elu et la sort de sa fange mais qui finalement la déçoit et qu'elle quitte. Elle retombe alors dans la dépression et un nouveau cycle recommence.

Alors oui, ce roman parle de féminisme, mais, avec un siècle d'écart, ce qui était choquant à l'époque n'est que banal aujourd'hui : les femmes travaillent et ont une vie sexuelle libre.
Quant à la réputation de roman pornographique, elle est totalement usurpée aujourd'hui. Oui, l'héroïne est bisexuelle mais c'est tout. le roman ne comporte aucune scène même légèrement érotique. Je me souviens avoir lu il y a trente-cinq ans, en classe de 5e, "La nuit des temps" de René Barjavel autrement plus explicite sexuellement.

Il faut lire ce roman plus pour mesurer les progrès effectués en un siècle dans la condition féminine que pour ses qualités littéraires. Il est à noter que cette édition de poche de 2021 comporte une préface de Bruno Fuligni qui révèle que Victor Margueritte était tellement pacifiste qu'il était devenu un collaborateur du régime nazi lors de la Seconde guerre mondiale. "Heureusement" pour lui qu'il est décédé en 1942.

Je remercie les Éditions Archipoche de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de la Masse Critique de babelio.
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