Les frères Lucas, tome 1 : Le coup parfait

De simples mots peuvent-ils avoir le pouvoir d'empêcher quelqu'un de respirer ?

Claudia Copper et moi, c'est pour toujours. Maintenant, je n'ai plus qu'à le lui prouver.

Ce que je voudrais vraiment lui dire, c'est que j'ai l'impression d'être chez moi partout, du moment qu'elle s'y trouve.

« – Donc… ton nom ? j’insiste.
– Ma mère s’est dit que ce serait sympa de donner à ses enfants des noms de couleurs.
– De couleurs ?
– Mmh mmh. Donc, moi, c’est Gray, mais mon nom complet est Grayson.
– Franchement, ce n’est pas si mal comme nom. Bien mieux que… Green ?
– C’est mon frère.
Je m’éloigne légèrement pour le regarder.
– Tu plaisantes.
– Absolument pas. J’ai cinq frères et chacun d’eux porte le nom d’une couleur.
– Ce n’est pas possible. Il n’y pas six couleurs qui feraient…
– Gray, Green, Black, Blue, White, et Cyan.
J’imagine que ma mâchoire se décroche. Je ne peux pas m’en empêcher pendant que j’essaie de digérer le fait qu’il y a cinq hommes, quelque part dans ce monde, avec des noms pareils. Quand je m’aperçois qu’il me regarde, je lui adresse un sourire et lui donne une petite tape sur l’épaule, comme si j’essayais de le réconforter.
– Bon, au moins, c’est toi qui t’en sors le mieux !
– Je ne vais pas dire le contraire. Surtout pour Black et Blue. Ils sont jumeaux, d’ailleurs.
Je ricane sans pouvoir m’en empêcher.
– Mon Dieu, je n’arrive pas à y croire.
– Et pourtant, c’est la vérité. C’est pour ça que j’ai besoin de ton aide.
– Mon aide ?
– Je me suis dit que, si tu prononces mon nom assez souvent, avec ton magnifique accent traînant du Sud, je vais peut-être réussir à l’aimer. Ca compenserait peut-être le fait d’être considéré comme un membre du gang des crayons de couleur.
Je ne peux retenir un éclat de rire.
– Le gang des crayons de couleur ? Ouh là.
– Non, ça va. C’était plus facile pour moi que pour mes frères.
– En ce qui concerne vos noms, tu veux dire ?
– Eh bien, il y a ça, et puis le fait que mon crayon est l’un de ces énormes crayons qui…
– Oh pitié…
Cette fois, il rit… et c’est un vrai rire. Un rire qui emporte toutes mes réticences. Non que ce soit très difficile.
– Je m’appelle CC, lui dis-je en retournant entre ses bras.
– CC ?
– Ouais. Au cas où, tu sais, tu voudrais le crier ce soir.
Son sourire s’agrandit.
– Tu peux compter sur moi pour le faire. Souvent.
Au revoir, l’abstinence… et bon débarras ! »

Elle porte le même bleu de travail que la dernière fois que je l’ai vue et, malheureusement, ses cheveux sont de nouveau cachés ; mais, malgré tout,elle est canon. Bon sang, elle a l’air encore plus sexy comme ça, que Cammie dans les minijupes et les hauts moulants qu’elle porte toujours lorsqu’elle est avec moi. Mon sexe fait pression contre mon jean, durcissant et grandissant, regrettant de ne pas être plus proche de la femme devant moi. Qui est en train de me fusiller du regard. Merde, même quand elle est furieuse, elle est superbe.

Ça me fait un peu bizarre, d’être à la limite de courir après une femme. Je n’ai jamais fait ça de ma vie, mais bon, aux grands maux les grands remèdes. Je me dis que si j’étais chez moi, dans mon monde où les belles femmes se ramassent à la pelle, je ne serais pas en train de courir après CC – ça ne me viendrait même pas à l’esprit.

Cammie est loin d’être laide, je l’avoue, mais c’est une connasse. Même quand elle essaie de le cacher et de se faire passer pour la réponse à tous mes rêves, c’est une connasse. C’est une chose innée chez elle, qui transparaît même quand elle sourit.

Je suis qui je suis, et j’aime bien être moi, bon Dieu. Lécher les bottes d’un type juste pour que sa société m’aide à arrondir les angles auprès des gros poissons en charge du tournoi, ça me fait suer. Tout le monde pense que c’est l’argent qui fait tourner le monde, que tout tourne autour de l’argent, mais la vérité, c’est que… ce sont les magouilles politiciennes. Dans les grosses ligues, tout le monde est blindé. Ils veulent juste prouver qui a la plus grosse. Les gens chargés de faire ma pub, ainsi que d’assurer mon rang et ma position dans le tournoi, sont des enfoirés.

Les femmes peuvent dire ce qu’elles veulent des vibromasseurs, ça ne remplace en aucun cas du vrai matos.

Le problème, quand on vit dans une petite ville, c’est que tout le monde connaît tout le monde. J’ai habité ici toute ma vie. Ça n’a pas été particulièrement génial, mais rien de terrible non plus.