Il nous est impossible de nous rappeler les caresses de notre mère lorsque nous étions des nourrissons immatures, mais notre corps est capable de retrouver dans une caresse le frisson d'une bien-être passé.
Le corps continue ainsi à nous révéler ce que nous ne savons plus dire, devenant un indic, celui qui nous trahit en confiant à la chair une expression de son intimité alors dévoilée.
Aucune mère n'oublie son accouchement. Souvenir non pas d'une date mais de ce qui a fait date : le corps fécondant.
Si les parents sont parfois impuissants à aider leurs enfants, c'est justement parce qu'en consolant, ils font taire la souffrance qui doit, pour se résoudre, s'exprimer, être entendue, contenue, comprise.
Nous avons tendance à penser que, tant que l'enfant suit son parent, l'essentiel est préservé. Ce raisonnement logique est en réalité un écran à la compréhension de la vie psychique d'un être humain dans son processus de grandir. Nos idées reçues, nos évidences sont autant de fermetures à cette compréhension qui nous constitue réellement.
Une lecture est un corps qui reçoit. Toujours unique, elle crée à partir du récit lu un nouveau livre composé de ses impressions, imprimant un texte personnel dans une résonance qui va conduire au raisonnement du "sujet-lecteur".
Le corps a un seul désir : être parlé.