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Critique de michfred


Qui est le premier, de la poule ou de l'oeuf? Qui a, de l'homme ou de la femme, le premier trompé l'autre? Vaste sujet, âpre Dispute!

Une Dispute réveillée en 1973 par le regretté Patrice Chéreau d'abord au Festival d'Automne, puis reprise aux Amandiers - elle était un peu oubliée parmi les pièces à thèse de Marivaux , elles aussi redécouvertes depuis et rejouées, abondamment...La roue tourne, même pour le répertoire d'un auteur classique..Et la jeunesse de Marivaux n'a pas fini de nous charmer: il suffit de voir tous les metteurs en scène qui le portent sur les planches!

Mais revenons à notre Dispute..

Elle agite un couple de riches oisifs, un prince et une princesse, comme dans les contes de fée...Mais nos royaux "debaters" auraient plutôt tendance à jouer les Jean Rostand que les Princes Charmants: ils décident pour trancher leur différend d'avoir recours à la science...Ils ont mis sous cloche,les isolant dans des tours coupées de tout et sous l'unique surveillance d'un vieux couple de domestiques , quatre jeunes gens, deux garçons, et deux filles qui ne se sont jamais vus...Quatre enfants sauvages, innocents et bruts de décoffrage!

On les lâche donc dans le vaste monde, les deux garçons d'abord, puis les deux filles, puis en couple, et on les observe, comme des souris de laboratoire!

Le résultat est assez effrayant pour jeter un grand doute sur la nature humaine, celle de la femme comme celle de l'homme, pleine de coquetterie, de duplicité, de jalousie, de narcissisme et de violence...Pas un ou une pour rattraper l'autre..Horrifiés, les princes décident de mettre un terme à l'expérience ...

Pièce intéressante, surprenante, et qui donne à penser....

S'ajoute comme toujours le jeu de scène qui peut faire signifier au texte tout le contraire de ce qu'il semble dire: ainsi dans la mise en scène de Chéreau, les deux garçons se perdent en protestation d'amitié,mais en même temps ils se battent avec la plus extrême violence à coup d'épées. Inversement, les deux filles qui comparent jalousement leurs attraits respectifs.... se font mille tendres caresses... Va comprendre, Charles!

Chéreau, avait mis en place une scénographie magnifique: en particulier un grand arbre sous lequel la vieille gardienne des enfants sauvages, une imposante " Big Mamma" noire, chantait avec la voix profonde d'une Mahalia Jackson un negro-spirituals qui rendait cette fable encore plus intemporelle et magique...

Une pièce intéressante pour les metteurs en scène aussi, car elle se prête à toutes les interprétations. Un exercice de style scénographique et philosophique!..
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