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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vous l'aurez peut-être compris, si vous suivez mes chroniques : la littérature américaine tient une place particulière dans mon p'tit coeur de lectrice. Et si vous analysez le type de romans américains que j'affectionne, vous aurez remarqué que je suis plutôt friande des histoires ayant lieu/trait au sud des Etats-Unis et à la lutte pour les droits civiques dans les années 50/60. Donc quand j'ai lu une critique élogieuse de Magic Time, qui, je vous le donne dans le mil, conjugue Mississippi et vieilles histoires de ségrégationnisme, j'ai naturellement accouru vers ma bonne vieille FNAC et acheté ce roman. Et autant vous le dire, je ne regrette point cet achat compulsif effectué un soir de semaine après le boulot. Bref passons à ce qui nous intéresse.

Il faut savoir que le roman alterne deux époques : l'année 1965 et l'année 1990 qui ont façonné notre narrateur, Carter Ransom. Journaliste polémique au très sérieux New York Examiner, notre héros a quelques squelettes dans le placard (et qu'il a accessoirement tus à sa future épouse, du coup elle n'apprécie guère). Parmi ses petits secrets bien gardés, l'incendie d'une église à Troy, Mississippi, et le meurtre de quatre activistes pour les droits civiques qui s'y trouvaient en 1965. Rien que ça. Troy, pour vous situer un peu, est une charmante bourgade un brin conservatrice (on aime pendre des Noirs au petit matin et planter des croix enflammées face aux églises afro américaines) profondément attachée aux bonnes moeurs, à la stricte séparation Blancs/Noirs et à la lutte contre le péril rouge communiste (ahahahahahah) et la subversion venue du Nord. Ainsi, quand une bande de jeunes communisto/afro/subverso activistes des droits civiques, bien décidés à faire de Troy le QG de leur campagne, débarquent, ça ne plait pas du tout mais alors pas du tout. Parmi eux, se trouve Sarah Solomon, brillante étudiante juive new-yorkaise (pire que les Noirs pour certains) qui fait chavirer le coeur de notre jeune Carter Ransom, pur produit de la ville. Carter a tout juste 19 ans en 1965. du genre humaniste, il a vécu une enfance protégée au coeur d'une famille de notables (son père est juge de la ville). Son meilleur ami est le fils de la nounou, Lige, qui a abandonné ses études de séminariste pour embrasser la lutte pour les droits civiques. C'est lui qui présente la bande à Carter qui en plus de tomber fou amoureux de Sarah, feu follet qui lui ouvre les yeux face à l'inanité de la ségrégation, prend conscience du rôle qu'il peut jouer dans cette lutte. Pas facile pour nos amis qui deviennent assez rapidement les cibles de membres honorables du Ku Klux Klan local. Jusqu'à l'irréparable. Jugés et condamnés par le père de Carter, Mitchell Ransom, deux membres du KKK purgent leur peine jusqu'à l'année 1990 qui voit la réouverture du procès par une brillante procureure. Son but : juger les véritables coupables, les têtes pensantes du KKK local qui ont commandité l'incendie et les meurtres. Pour l'aider, elle compte sur un des condamnés de 1965, fin prêt à balancer les vieux camarades. Carter, en pleine dépression, revient à Troy sur les lieux de son enfance et de ce drame qui l'a marqué au fer rouge. Vieux secrets et démons cachés ressurgissent petit à petit, éclaboussant jusqu'à son père, cette idole du droit qui avait jugé l'affaire. Que s'est-il réellement passé en 1965 ? Carter fera la lumière au prix de grandes souffrances.

Le moins que l'on puisse dire est que Doug Marlette a mis ses tripes dans ce roman. On sent que cette période et ces lieux lui sont familiers, ce qui nous plonge d'entrée de jeu dans l'ambiance. L'alternance des époques entre le Carter Ransom, jeune homme naïf et l'homme désabusé qu'il est devenu, fonctionne bien et insuffle un vrai rythme qui nous tient en alerte le long de ces 670 pages. On en apprend beaucoup sur la lutte pour les droits civiques et notamment sur les guerres intestines entre pacifistes proches de Martin Luther King et bellicistes (ce que j'ignorais). Pris dans le tourbillon de l'Histoire, notre héros nous fait vivre les tourmentes d'un pays encore embourbé dans son passé peu glorieux. Alors oui, un souffle romanesque porté par la relation amoureuse entre Carter et Sarah a semble-t-il été jugé nécessaire pour faire passer la violence de cette période. Je m'en serais abstenue car elle n'a pas vraiment sa place dans notre récit. Passons également quelques maladresses narratives, notamment les amis du jeune Carter : le juif marrant, l'artiste gay et le rival, qui sombrent trop facilement dans le cliché et la facilité. Je n'ai pas adhéré à ce quatuor amical. Et si on pardonne quelques longueurs, notamment lors de la réouverture du procès qui peine à maintenir le rythme tonitruant de la première partie, Magic Time reste un très bon roman, romanesque comme instructif qui m'a éclairée encore un peu plus sur cette page trouble de l'histoire américaine qui me fascine. Pas un coup de coeur certes mais un ouvrage de qualité qui mérite d'être connu.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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« Magic time » de Doug Marlette
Le livre se situe sur deux périodes 1965, années noires aux Etats Unis, les noirs américains manifestent pour réclamer des droits avec le soutien de Martin Luther King, ce sont encore des années où des personnes de couleur sont tuées, lynchées…A Troy au Mississippi 4 jeunes sont brulés dans une église par le Ku Klux Klan, le jugement a eu lieu ainsi que les condamnations. Nous avançons dans le temps 1990, un des condamnés désigne le vrai coupable, nouveau procès. Un livre bien mené, nous passons d'une période à l'autre avec Carter Ransom, ancien sympathisant, amant d'une des jeunes filles brulées. Une période sombre où des notables enfilaient le soir venu leurs vêtements de fantôme. Très bon livre.
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La coïncidence de deux événements vient ramener le journaliste new-yorkais Carter Ransom vingt-cinq ans en arrière, lorsqu'il était un jeune étudiant en droit, qui s'approchait des militants pour les droits civiques.
De la même manière que la ville proche de Selma, sa ville natale de Troy avait été, en 1965, le théâtre d'un drame du racisme : quatre personnes avaient trouvé la mort dans une église incendiée par le Ku Klux Klan. L'un des accusés, le seul qui n'ait pas été reconnu coupable à l'époque, est jugé de nouveau en 1990, sur la foi de témoignages récents.
Carter, personnage principal de cet ample roman qui en compte beaucoup, est venu, sous le coup d'un sévère épisode dépressif, chez sa soeur et son père à Troy pour se reposer, mais pas pour suivre le procès qui lui rappelle trop de souvenirs douloureux. Il va pourtant s'y trouver replongé malgré lui.
Le roman démarre très fort, et bénéficie tout du long d'une construction impeccable qui alterne les chapitres entre les deux époques, sans que cela semble artificiel, puisque Carter doit revivre ses souvenirs pour éclaircir certains points susceptibles de faire condamner un personnage peu sympathique, que tout désigne comme un des instigateurs de l'incendie. Il est aidé en cela par une procureure qui ne manque pas de ténacité, et par ses amis d'enfance retrouvés.
Un vrai pavé qui permet d'en savoir plus sur un sujet qui m'intéresse beaucoup, sans longueurs ni lourdeurs, que demander de plus ? Ce premier roman, et le dernier aussi malheureusement, tient toutes ses promesses et dévoile sans blabla inutile, et sans pathos, tout un pan indissociable de l'histoire récente des États-Unis. Captivant et bien documenté, il ne m'aura pas fait verser ma petite larme comme « le temps où nous chantions » qui demeure insurpassable à mes yeux, mais il m'a bien tenue en haleine pendant quatre ou cinq jours !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Je suppose qu'un jour ou l'autre vous avez vu le film Mississipi burning, si oui vous êtes déjà dans l'ambiance de Magic time.
Les années noires de l'Amérique, celles au cours desquelles l'on pendait, l'on mutilait, l'on lynchait des noirs américains juste pour les empêcher de s'inscrire sur les listes électorales des états du sud et leur refuser les droits les plus élémentaires.
Doug Marlette évoque avec force et convictions le mouvement des droits civiques et il emprunte les allées de la fiction pour mieux nous tenir à sa merci.
Son roman se déroule sur deux époques, 1965 et 1990, son héros Carter Ramson est journaliste au New York Chroniqueur, victime d'un stress post-traumatique lorsque un attentat islamiste en 1990 manque d'emporter la femme qu'il aime, cet évènement est venu réveiller ses vieux démons et la folie meurtrière qui a cassé sa vie en deux un jour de 1965 lorsque dans le Mississipi une action du Klu Klux Klan a tué plusieurs de ses amis.

Carter Ramson c'est LE journaliste dans toute sa splendeur, habile, libre, intègre mais tout couturé de cicatrices invisibles.
Pour l'aider sa soeur Sally le ramène au pays, à Troy où il retrouve ses vieux amis de jadis, Jimbo, Lonnie et Stephen, son père l'inflexible juge Ramson qui fête sa retraite mais il retrouve aussi les démons du passé en la personne du procureur Sydney Rushton qui va rouvrir le procès de l'incendie de l'église de Shiloe qui coûta la mort à quatre jeunes activistes amis de Carter en 1965, le principal accusé ayant échappé à l'époque à toute condamnation.
Carter Ramson devra témoigner au procès.
Construit avec la technique du flash back, le roman progresse très habilement, peu à peu apparait le tableau de cette société sudiste qui mélange compassion et haine pour les noirs, qui fait porter les soupçons sur les coupables mais aussi parfois sur les innocents, qui relit son histoire avec regret ou complaisance, on n'y voit le courage et la lâcheté à l'oeuvre.

Doug Marlette compose un beau portrait d'homme qui petit à petit se construit une conscience politique et l'intrigue avance inexorablement vers son dénouement.

C'est un excellent roman avec un petit bémol, mais vraiment petit, le nombre de personnages secondaires parmi lesquels on se perd un peu parfois mais c'est tout à fait secondaire par rapport à l'intérêt du thème et à la façon très rigoureuse dont l'intrigue est menée.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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