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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes en 1990, Carter Ransom, journaliste épuisé, quitte New York pour aller se reposer à Troy, sa petite ville natale du Mississippi.

Dès son arrivée, le jeune homme est replongé dans son passé avec la réouverture du procès de deux membres du Ku klux Klan. Deux hommes condamnés à perpétuité, dans les années 60, pour avoir incendié une église, tuant ainsi quatre activistes des droits civiques, dont Sarah, le premier amour de Carter. C'est le juge Mitchell Ranson, le propre père de Carter qui était en charge de l'affaire. Trente ans après les faits, il semblerait que son jugement ait été entaché. Carter, qui veut comprendre, enquête et découvre une vérité saisissante.

Un long roman (un peu trop) sur la lutte pour les droits civiques des noirs, illustrée par une histoire exemplaire sur le racisme et la violence terribles qui ont sévi dans le Mississipi. Passé trouble, sombre et douloureux - qui n'est malheureusement pas révolu - remarquablement mis en scène par Doug Marlette, dont le courage et l'humanité de ses héros nous touchent au plus profond.
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Le Mississippi comme si vous y étiez. 1965, difficile d’imaginer que la guerre de Sécession a près d’un siècle. Dans le Sud la ségrégation existe toujours, le Klan dans l’ombre souffle sur les braises du racisme et de la haine. La voix de martin Luther King commence à porter et à s’étendre dans toute l’Amérique. Carter jeune blanc idéaliste, fils du juge de la petite ville de Troy, se lie d’amitié avec un groupe d’activistes partisans du droit de vote des Noirs.
Un incendie criminel provoque la mort de quatre jeunes militants. le procès des hommes du Klan, mené par le père de Carter, fera date. 1990, Carter Ransom, devenu journaliste à New-York revient dans le Mississippi. le procès doit être rouvert suite à de nouvelles déclarations. Carter va replonger dans le passé et affronter une nouvelle fois la haine le racisme et l'intolérance.

Chronique du Mississippi. Doug Marlette expose ce qui fait « l'American way of life » dans un roman fleuve passionnant. Un pays qui se doit d'être uni pour rester la plus grande puissance mondiale, mais qui doit gérer une fracture entre Nord et Sud parfaitement toxique. La lutte pour les droits civiques qui ont amenés Barack Obama aux plus hautes fonctions est le fruit d'innombrables batailles non-violentes pour combattre le racisme, l'antisémitisme, la haine de l'autre fossilisé dans le coeur d'hommes et de femmes nostalgiques de la suprématie blanche.

Magic Time, reprend les codes d'un roman Sudiste et le transforme en formidable récit Humaniste. Saga familiale, roman de procès avec Oedipe en guet star, chroniques New-Yorquaises avec humour juif en sus, c'est surtout un roman impossible à lâcher. Marlette n'en n'écrira plus, il est mort dans un accident de voiture en 2007, c'était un dessinateur de presse apparemment très connu aux Etats-unis, genre Wolinski ou Plantu....c'est très bon et on apprend plein de trucs sur la mentalité Sudiste et ça fait froid dans le dos.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Vous l'aurez peut-être compris, si vous suivez mes chroniques : la littérature américaine tient une place particulière dans mon p'tit coeur de lectrice. Et si vous analysez le type de romans américains que j'affectionne, vous aurez remarqué que je suis plutôt friande des histoires ayant lieu/trait au sud des Etats-Unis et à la lutte pour les droits civiques dans les années 50/60. Donc quand j'ai lu une critique élogieuse de Magic Time, qui, je vous le donne dans le mil, conjugue Mississippi et vieilles histoires de ségrégationnisme, j'ai naturellement accouru vers ma bonne vieille FNAC et acheté ce roman. Et autant vous le dire, je ne regrette point cet achat compulsif effectué un soir de semaine après le boulot. Bref passons à ce qui nous intéresse.

Il faut savoir que le roman alterne deux époques : l'année 1965 et l'année 1990 qui ont façonné notre narrateur, Carter Ransom. Journaliste polémique au très sérieux New York Examiner, notre héros a quelques squelettes dans le placard (et qu'il a accessoirement tus à sa future épouse, du coup elle n'apprécie guère). Parmi ses petits secrets bien gardés, l'incendie d'une église à Troy, Mississippi, et le meurtre de quatre activistes pour les droits civiques qui s'y trouvaient en 1965. Rien que ça. Troy, pour vous situer un peu, est une charmante bourgade un brin conservatrice (on aime pendre des Noirs au petit matin et planter des croix enflammées face aux églises afro américaines) profondément attachée aux bonnes moeurs, à la stricte séparation Blancs/Noirs et à la lutte contre le péril rouge communiste (ahahahahahah) et la subversion venue du Nord. Ainsi, quand une bande de jeunes communisto/afro/subverso activistes des droits civiques, bien décidés à faire de Troy le QG de leur campagne, débarquent, ça ne plait pas du tout mais alors pas du tout. Parmi eux, se trouve Sarah Solomon, brillante étudiante juive new-yorkaise (pire que les Noirs pour certains) qui fait chavirer le coeur de notre jeune Carter Ransom, pur produit de la ville. Carter a tout juste 19 ans en 1965. du genre humaniste, il a vécu une enfance protégée au coeur d'une famille de notables (son père est juge de la ville). Son meilleur ami est le fils de la nounou, Lige, qui a abandonné ses études de séminariste pour embrasser la lutte pour les droits civiques. C'est lui qui présente la bande à Carter qui en plus de tomber fou amoureux de Sarah, feu follet qui lui ouvre les yeux face à l'inanité de la ségrégation, prend conscience du rôle qu'il peut jouer dans cette lutte. Pas facile pour nos amis qui deviennent assez rapidement les cibles de membres honorables du Ku Klux Klan local. Jusqu'à l'irréparable. Jugés et condamnés par le père de Carter, Mitchell Ransom, deux membres du KKK purgent leur peine jusqu'à l'année 1990 qui voit la réouverture du procès par une brillante procureure. Son but : juger les véritables coupables, les têtes pensantes du KKK local qui ont commandité l'incendie et les meurtres. Pour l'aider, elle compte sur un des condamnés de 1965, fin prêt à balancer les vieux camarades. Carter, en pleine dépression, revient à Troy sur les lieux de son enfance et de ce drame qui l'a marqué au fer rouge. Vieux secrets et démons cachés ressurgissent petit à petit, éclaboussant jusqu'à son père, cette idole du droit qui avait jugé l'affaire. Que s'est-il réellement passé en 1965 ? Carter fera la lumière au prix de grandes souffrances.

Le moins que l'on puisse dire est que Doug Marlette a mis ses tripes dans ce roman. On sent que cette période et ces lieux lui sont familiers, ce qui nous plonge d'entrée de jeu dans l'ambiance. L'alternance des époques entre le Carter Ransom, jeune homme naïf et l'homme désabusé qu'il est devenu, fonctionne bien et insuffle un vrai rythme qui nous tient en alerte le long de ces 670 pages. On en apprend beaucoup sur la lutte pour les droits civiques et notamment sur les guerres intestines entre pacifistes proches de Martin Luther King et bellicistes (ce que j'ignorais). Pris dans le tourbillon de l'Histoire, notre héros nous fait vivre les tourmentes d'un pays encore embourbé dans son passé peu glorieux. Alors oui, un souffle romanesque porté par la relation amoureuse entre Carter et Sarah a semble-t-il été jugé nécessaire pour faire passer la violence de cette période. Je m'en serais abstenue car elle n'a pas vraiment sa place dans notre récit. Passons également quelques maladresses narratives, notamment les amis du jeune Carter : le juif marrant, l'artiste gay et le rival, qui sombrent trop facilement dans le cliché et la facilité. Je n'ai pas adhéré à ce quatuor amical. Et si on pardonne quelques longueurs, notamment lors de la réouverture du procès qui peine à maintenir le rythme tonitruant de la première partie, Magic Time reste un très bon roman, romanesque comme instructif qui m'a éclairée encore un peu plus sur cette page trouble de l'histoire américaine qui me fascine. Pas un coup de coeur certes mais un ouvrage de qualité qui mérite d'être connu.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Je suppose qu'un jour ou l'autre vous avez vu le film Mississipi burning, si oui vous êtes déjà dans l'ambiance de Magic time.
Les années noires de l'Amérique, celles au cours desquelles l'on pendait, l'on mutilait, l'on lynchait des noirs américains juste pour les empêcher de s'inscrire sur les listes électorales des états du sud et leur refuser les droits les plus élémentaires.
Doug Marlette évoque avec force et convictions le mouvement des droits civiques et il emprunte les allées de la fiction pour mieux nous tenir à sa merci.
Son roman se déroule sur deux époques, 1965 et 1990, son héros Carter Ramson est journaliste au New York Chroniqueur, victime d'un stress post-traumatique lorsque un attentat islamiste en 1990 manque d'emporter la femme qu'il aime, cet évènement est venu réveiller ses vieux démons et la folie meurtrière qui a cassé sa vie en deux un jour de 1965 lorsque dans le Mississipi une action du Klu Klux Klan a tué plusieurs de ses amis.

Carter Ramson c'est LE journaliste dans toute sa splendeur, habile, libre, intègre mais tout couturé de cicatrices invisibles.
Pour l'aider sa soeur Sally le ramène au pays, à Troy où il retrouve ses vieux amis de jadis, Jimbo, Lonnie et Stephen, son père l'inflexible juge Ramson qui fête sa retraite mais il retrouve aussi les démons du passé en la personne du procureur Sydney Rushton qui va rouvrir le procès de l'incendie de l'église de Shiloe qui coûta la mort à quatre jeunes activistes amis de Carter en 1965, le principal accusé ayant échappé à l'époque à toute condamnation.
Carter Ramson devra témoigner au procès.
Construit avec la technique du flash back, le roman progresse très habilement, peu à peu apparait le tableau de cette société sudiste qui mélange compassion et haine pour les noirs, qui fait porter les soupçons sur les coupables mais aussi parfois sur les innocents, qui relit son histoire avec regret ou complaisance, on n'y voit le courage et la lâcheté à l'oeuvre.

Doug Marlette compose un beau portrait d'homme qui petit à petit se construit une conscience politique et l'intrigue avance inexorablement vers son dénouement.

C'est un excellent roman avec un petit bémol, mais vraiment petit, le nombre de personnages secondaires parmi lesquels on se perd un peu parfois mais c'est tout à fait secondaire par rapport à l'intérêt du thème et à la façon très rigoureuse dont l'intrigue est menée.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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En remontant le Mississippi… En remontant le temps… le temps où une partie de l'Amérique se complaisait et se vautrait avec délices dans le ségrégationnisme.

"Bah, on ne faisait que suivre la mouvance", vous diraient-ils pour se défendre, un peu comme ceux qui dirent un jour qu'ils n'avaient fait qu'exécuter les ordres.

Bienvenue dans le Sud profond, celui qui accroche encore des drapeau confédérés à ses murs, celui qui ne reconnait pas les droits des Noirs, celui prétend que seule la race Blanche est supérieure.

Bienvenue en 1965 : alors que le mouvement pour les droits civiques commence à s'étendre dans tous les États-Unis, une partie des états Sudistes luttent encore et toujours contre la Loi qui donne des droits aux Noirs. le Ku Klux Klan brûle des croix, exècre les Juifs, les communistes ou font disparaître des militants des droits civiques.

La petite ville de Troy n'y fait pas exception et après la saga "Lanfeust de Troy" et celle de "Carter de Mars", voici le mélange des deux : "Carter de Troy", journaliste de son état, qui a vécu les événements de 1965, qui a participé aux mouvements des droits civiques et qui a perdu une personne chère dans l'incendie de l'église de Shiloh.

Plus qu'un retour vers le passé, c'est un retour mouvementé que va effectuer Carter lorsque l'on va ouvrir un procès après qu'un des condamnés pyromane ait dit qu'il connaissait le véritable instigateur de l'incendie. Quand l'un se met à table, se sont les autres qui ont l'indigestion.

Un procès qui ne va pas aller sans mal pour certaines personnes qui pourraient découvrir le passé peu glorieux de leurs géniteurs ou mettre la main sur des secrets pas agréables à découvrir. Personne n'est tout à fait blanc, ici.

Si vous voulez découvrir la mentalité du Sud des États-Unis, ce livre vous ouvrira des portes dont vous ne soupçonniez pas l'existence, car, au travers d'une histoire romancée, c'est tout un pan de l'Histoire sombre des States que ce livre aborde.

L'Histoire nous est contée par Carter, passant habilement du présent (1990) au passé (1965), l'auteur, au travers des souvenirs de son narrateur, ou des autres personnages, nous plonge la tête la première dans une eau boueuse et tumultueuse.

Ici, rien n'est blanc et rien n'est vraiment noir. Tout est gris et même les habitants les plus modérés ne sont pas exempts de fautes puisqu'ils ont laissés faire.

Même Carter n'est pas un militant zélé, lui qui s'est retrouvé mêlé à tout ça un peu par hasard et parce qu'il voulait devenir journaliste…

Et puis, l'amour fait parfois des miracles, transformant un petit Blanc en militant, même si ce n'était pas le plus brillant et que lui aussi avait quelques idées préconçues.

La plume peut se révéler mordante à certains moments, plus nostalgique à d'autres, notamment lorsque Carter se remémore sa jeunesse, humoristique lorsqu'il est avec ses amis de toujours ou terriblement caustique avec l'État du Mississippi et certains de ses habitants.

Mon seul bémol sera pour les quelques longueurs que possède ce roman de 800 pages (dans sa version grand format). 100 pages de moins auraient rendu la lecture plus fluide à certains moments.

Un grand roman sur le racisme crasse de certains, sur leurs préjugés, sur des gens qui ont dû se battre pour faire respecter leurs droits élémentaires, ceux que le Congrès venait de leur donner et que certains États je voulaient pas faire respecter.

Un grand roman sur des mentalités qui ne changeront jamais tout à fait, hélas… Un roman qui plonge dans le passé pour mieux éclairer le présent. Un roman dont le procès qui s'ouvre dans ses pages va catalyser tous les souvenirs de ces périodes agitées.

Un roman qui m'a remué les tripes.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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"Magic Time" de Doug Marlette est un addictif roman américain traitant de la ségrégation raciale dans le Mississippi. Cet ouvrage nous propose une enquête grinçante et la réouverture d'un procès afin de juger les membres du Ku Klux Klan responsables des meurtres de jeunes militants pour les droits civiques des Noirs en 1965. Si le lecteur s'attache aux personnages, aidé par l'écriture franche de l'auteur, il se passionne surtout pour le déroulement des événements, désireux de comprendre comment un tel drame a pu se produire. Nous dévorons donc ce pavé de plus de 660 pages afin d'obtenir les réponses à nos questions ; à la fois soulagé, choqué et ému. Un bon roman tiré d'une histoire vraie et dont on se souvient pour l'hommage.
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Un bon roman sur le sud américain dans les années soixante. Par certains côtés il rappelle Mississippi burning : une plongée dans le sud raciste à l'époque de la lutte pour les droits civiques, là où le film s'attardait sur la violence lourde de cette société, D.Marlett préfère mêler les histoires intimes et la proximité entre les amis du mouvement pour l'égalité et les bourreaux du KKK. L'ambivalence des sentiments et l'ambiguïté des attitudes donne de l'épaisseur au livre. Les désillusions et les passions de l'adolescence sont aussi finement rendues. Dommage que la fin soit à la fois spectaculaire et assez convenue sinon on tenait un petit chef d'oeuvre.
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« Magic time » de Doug Marlette
Le livre se situe sur deux périodes 1965, années noires aux Etats Unis, les noirs américains manifestent pour réclamer des droits avec le soutien de Martin Luther King, ce sont encore des années où des personnes de couleur sont tuées, lynchées…A Troy au Mississippi 4 jeunes sont brulés dans une église par le Ku Klux Klan, le jugement a eu lieu ainsi que les condamnations. Nous avançons dans le temps 1990, un des condamnés désigne le vrai coupable, nouveau procès. Un livre bien mené, nous passons d'une période à l'autre avec Carter Ransom, ancien sympathisant, amant d'une des jeunes filles brulées. Une période sombre où des notables enfilaient le soir venu leurs vêtements de fantôme. Très bon livre.
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Carter Ransom est journaliste à New York. Originaire du Mississippi, plus précisément de la ville de Troy, célèbre pour son industrie du bois, il retourne dans la demeure familiale pour prendre du repos suite à un surmenage professionnel et au besoin de faire le point sur sa relation avec Emily, sa dernière petite amie en date. Quadragénaire, Carter a du mal à se stabiliser, sans avoir consciemment réalisé que cette inconstance était liée au traumatisme de jeunesse occasionné par la perte de Sarah, son premier amour, décédée dans l'incendie d'une église perpétré par le Ku Klux Klan.

Or, vingt cinq après, cette affaire est de nouveau sur le devant de la scène. L'un des accusés de l'époque accepte, en échange de sa libération, de témoigner contre le commanditaire du crime, que l'absence de preuve et de témoignage n'avait pas alors permis d'inculper.

La réouverture du dossier par une procureure coriace et déterminée à obtenir justice, nous replonge dans une Amérique que secoue le Mouvement pour les droits civiques, mais où la ségrégation est encore bien ancrée dans les esprits comme dans les comportements. Elle pousse par ailleurs Carter à affronter ses vieux démons, et à s'interroger sur le rôle exact alors joué par son père, qui en tant que juge, avait instruit le procès.

L'alternance entre passé et présent permet de mettre en évidence l'héritage de cette période sensible et agitée. le procès sur cet épisode embarrassant de l'Histoire révèle la face obscure d'une certaine Amérique blanche, représentée aussi bien par des individus de classe modeste que par des notables bien en vue. A Troy, comme dans d'autres villes du sud, les victimes de la ségrégation et/ou leurs proches côtoient ainsi leurs anciens bourreaux -ces derniers n'ayant pas toujours été identifiés-. La communauté compose entre résilience et amnésie collective. Quand certains espèrent la rédemption, ou simplement l'oubli, d'autres réclament réparation... d'autres encore, absorbés par l'impératif mercantile de notre société contemporaine, sont totalement indifférents au devoir de mémoire. Ainsi, le Magic Time, ex-club de blues devenu dans les années soixante un lieu de réunion pour les militants des Droits civiques, est voué à disparaître, car situé sur les terrains que brigue un grand groupe chimique en passe de s'implanter à Troy.

L'une des grandes forces de ce récit est de montrer la complexité de ce contexte, et d'éviter l'écueil du manichéisme. En mettant en scène, dans les épisodes du passé, un jeune Carter naïf et privilégié, qui prend dans un premier temps le Klan pour une légende issue du folklore local, l'auteur nous fait comprendre que la ségrégation était considérée non seulement par la plupart des blancs mais aussi par de nombreux noirs, comme une des bases indiscutables de la société américaine. Sans l'amour qui le liait à Sarah, activiste, et à l'amitié quasi fraternelle l'unissant à Elijah, le fils de l'employée de maison de ses parents, Carter n'aurait peut-être jamais pris conscience de l'injustice et de la violence faite aux noirs, ni réalisé ses propres préjugés, liés à sa culture et à son éducation...

Il insiste aussi sur la difficulté à accepter notre ignorance de la face obscure de nos proches, et à assumer l'amour et le respect que l'on éprouve parfois pour des individus capables de la pire abjection.

Sa construction dynamique, la richesse de ses thématiques, rendent la lecture de "Magic Time" facile et passionnante. On est certes loin de la densité et de l'émotion que procure un texte tel que "Le temps où nous chantions", mais il n'en est pas moins un titre intéressant pour découvrir ce sombre pan de l'Histoire américaine.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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... le roman ne manque de rien, il nous en donne même un peu trop. 100 pages de moins ne m'aurait pas déplu. J'ai donc accusé quelques longueurs, vous l'aurez compris.

J'ai eu parfois aussi un peu de mal à resituer précisément tous les personnages, justement parce que j'ai arrêté et repris ma lecture à plusieurs reprises (pavé oblige !). Mais heureusement l'auteur les replace régulièrement et nous remet sur la voie. Comme il y a une alternance d'époque (1965 et 1990), mieux vaut suivre.

Voilà pour les deux points qui m'ont posés problème. Mais c'est un livre à découvrir absolument si vous aussi accordez moult intérêt à cette partie de l'histoire. Autant vous dire qu'à travers Magic Time vous êtes imprégnés de la violence raciale de l'époque, du pouvoir qui y est lié, des non-dits, des secrets inavouables. Connaît-on réellement son entourage ? L'homme en costard la journée qui enfile son habit blanc, pointe vers le ciel, au coucher du soleil, à l'instant magique lorsque cette lumière particulière recouvre le paysage ; cet homme qui brûle des croix, torture et tue des gens de couleur dans la pénombre, qui passe d'un pouvoir à l'autre à l'aube puis redevient ce bon père de famille que l'on croit connaître, et aimer.

Ce roman fait froid au coeur et à l'âme. Je suis toujours autant atterrée d'apprendre comme l'Homme peut être mauvais et fourbe. Comment une simple couleur de peau peut définir une personne dans son entièreté ? Comment l'on peut décider aussi simplement du destin d'un être vivant ? Surtout d'après cette seule caractéristique physique. Bref, je pourrai débattre un sacré moment à ce sujet…

Il aborde la tolérance et l'intolérance dans leur globalité. de l'homosexualité au racisme, jusqu'au handicap mental. Il reflète une époque dans laquelle nous n'avions pas le droit de sortir du chemin tracé par les blancs bien pensants. Une ère pas si lointaine – ni totalement obsolète malheureusement – qui faisait que l'on était différent pour si peu de choses. J'écris au passé même si je sais qu'encore de nos jours, il y a du chemin à faire… Il nous démontre aussi toute la difficulté de sortir de cet esprit étriqué quand l'on a grandi dans ce système de pensées. Il nous offre par là-même la vision qui se révèle à nous quand l'on découvre le monde tel qu'il est, quand la différence devient richesse.

« – Je suis aussi surpris que toi. Je ne serais jamais rentré si maman n'était pas tombée malade. C'est déchirant de la voir dans cet état. Tous les jours, elle insiste pour que je la maquille et elle n'arrête pas de me demander quand je vais me marier. Au début, je lui répondais : « Maman, tu sais bien que je suis homo. » Alors elle se mettait dans tous ces états, elle suffoquait, elle s'éventait. Je le lui ai pourtant annoncé il y a des années, je lui ai même présenté Jimmy quand on a appris qu'il avait le sida, mais elle a oublié. Je me retrouvais donc à faire mon coming out au moins une fois par jour et chaque fois, c'était le drame. Finalement, au bout d'un mois, j'en ai eu marre et maintenant je lui dis : « Maman, je ne me marie pas parce que tu es la seule femme de ma vie. »

Dans Magic Time, il est question d'un groupe d'ados, de jeunes adultes, qui veulent défendre leurs droits, qui s'unissent dans la bataille, blancs et noirs, tous ensemble. Même monter dans la même voiture relevait d'un pur défi, c'est pour dire s'ils partaient de loin… Je me suis beaucoup attachée à ce petit groupe d'amis que l'on suit dans leur lutte au quotidien, face aux terribles injustices qui régnaient dans le sud des États-Unis dans les années 60. le décor est rudement bien planté, on s'y croirait, ce qui rend la lecture émouvante, mais pas dans le sens larmoyant. On s'indigne, on se révolte avec eux, on espère. Malheureusement, le drame coupe court nos espoirs. L'église est incendiée, le code 4 du Ku Klux Klan est en marche. le code le plus élevé, celui qui correspond à nos attentats actuels. La majorité du groupe périt et nous retrouvons les quelques survivants dans les années 90 pour faire toute la lumière lors du procès qui déterre soudainement les douloureux souvenirs.

La vérité se dévoile doucement, les morceaux du puzzle s'assemblent entre passé et présent. J'ai beaucoup aimé ces alternances qui ajoutent un réel plus à l'intrigue. L'écriture est agréable et ne verse pas dans le sentimental malgré un sujet difficile. La fin est à la hauteur et nous offre un sursaut d'étonnement mais aussi d'espoir.

En bref, ce roman est à lire absolument si vous vous intéressez au thème de la ségrégation. Malgré les longueurs, il nous offre un pan passionnant de l'histoire américaine des années 60. Sans sentimentalisme, il déploie une fresque historique humaine intense qui n'est pas si éloignée des faits contemporains que l'on vit encore actuellement…

« Il commençait à prendre conscience de tous les préjugés avec lesquels il avait grandi. Autour de lui, il était admis que personne n'était « responsable » des souffrances des Noirs du Mississippi, à part les Noirs eux-mêmes, que la ségrégation faisait partie de l'ordre naturel des choses et qu'il était inutile de tenter d'y remédier. »
Lien : https://ducalmelucette.wordp..
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