Dans le microcosme du parfum, l’argent avait bien une odeur.
Mon parfum est un enfant sauvage né de la pleine lune, un asocial qui se refuse, un autiste éperdu de chimères. Il sait tout de moi, de lui, je ne sais rien. Ma composition est anxieuse, dissidente, intranquille, méprisante et décline ma joie de l’étreindre. Et à la moindre fausse note, ma partition se fait volatile. Tout est à recommencer.
Pour l’heure, il y avait en moi un parfum à débusquer, une composition que j’avais tant de fois travaillé dans l’obscurité, délaissée sept fois dans les boues olfactives, déterrées huit fois, ressuscitées mille fois du néant. Symphonie que je n’avais jamais réussi à mener jusqu’à son terme. Il me semblait que mon jus manquait d’une essence que je n’avais pas encore rencontrée.
J’avais une surcapacité à identifier, à cataloguer sans faille les senteurs, de celle qui gagne à tous les coups au Loto des odeurs.
Tout ce qui sentait m’assiégeait, tout ce qui vivait me traversait, tout ce qui dégageait un arôme était répertorié dans un inventaire abstrait et redoutable.
...la vie était trop compliquée pour m’embarquer dans des satisfactions ou des aigreurs.
Lire fut ma câlinothérapie, mon espace de soin, la cathédrale où j’édifiais mon être, le palais de mots qui tapissait mon mur intérieur
Chaque pas compte, chaque fois que l'on renverse sa destinée, les choses s'en voient modifiées.
J'avais gagné en assurance et compris que la beauté était un jeu, que j'avais le droit d'y participer.
"... on ne découvre pas de terre nouvelle sans consentir à perdre de vue les rivages de nos certitudes."
"Une discussion s'engage entre les roses et mon nez. Chacune se présenta avec affabilité, et en guise de bienvenue, elles libérèrent leur pouvoir odorant. Je remerciais, elles se redressaient fièrement sur mon passage."