Citations sur Le Roman du parfum (109)
Dans cet océan de roses de mai, je goûtais les pétales, les reniflais à les flétrir. Selon les semaines, leur goût se modifiait, leur arôme se transformait, leur beauté s’offrait ou se cachait. En fonction de l’intensité du soleil ou de l’heure, du légèrement citronné habituel, des touches de framboise, de litchi ou de vanille se découvrait. Cela m’avait intriguée. Je pris conscience que ces mutations olfactives correspondaient aux cycles lunaires. À croire que les liquides internes des roses montaient, descendaient selon la volonté de ce proche satellite, que l’activité végétative fût en apogée en fonction de l’éloignement ou la proximité de la terre.
Et si le nez ne faisait pas toujours ce que l’on a envie qu’il fasse ? C’est un instrument fragile, plein de limites. Souffrir d’anosmie, c’est perdre son intelligence dans un microcosme qui vous discréditerait à jamais, Etienne devait se sentir bien souvent seul, faisant jouer son expérience et ses relations dans la plus grande discrétion ; la vie est une œuvre d’art. Mais Chut ! Cela sera le secret de Sabrina.
Votre renaissance ressemble à une fabrique de progrès forcenés. Je suis du petit peuple qui a besoin de jeux et d’images. Et puis comment ne pas vibrer sur le sfumato de Vinci, le volume de Michel-Ange, l’équilibre de Raphaël, la lumière de Bellini, le dessin de Botticelli…Il y a aussi cette Déposition du Christ peinte par Pontormo pour une chapelle florentine.Cette scène est d’une incroyable audace, le choix des couleurs est étonnant, et la construction déstabilisante…. A bien y regarder, les peintres furent les premiers cinéastes. Il y a du Fellini dans ce Pontormo
Page 62 : « La première inhalation est comparable à un émerveillement. Et à quoi sert un tableau de Modigliani ou un requiem de Mozart ? Un chef-d’œuvre d’harmonie ne se mesure qu’à l’aune de son esthétisme universel. Je crois que l’on peut laisser entrer les parfums comme les grands vins dans la cour du patrimoine de l’humanité ».
Le parfum, c'est un rêve en bouteille
Viktor & Rolf
Ce qui me heurtait dans cet océan de luxe, ce n'était pas les sommes folles engagées, mais que le nom des créateurs n'apparaissait nulle part. Pourtant, sans leur génie, leur ténacité, leurs insomnies, rien n'était possible. C'était comme si un artiste peintre, moyennant finance, laissait signer par un autre sa toile préférée.
Mon parfum est un enfant sauvage né de la pleine lune, un asocial qui se refuse, un autiste éperdu de chimères. Il sait tout de moi ; de lui, je ne sais rien. Ma composition est anxieuse, dissidente, intranquille, méprisante et décline ma joie de l'étreindre. Et à la moindre fausse note, ma partition se fait volatile
Cette balade en terre des odeurs sera ma déclaration au parfum, à cette goulée de vie sans retenue qui inonde nos sens au premier jour.
Je connais bien ses symptômes : ton coeur fait de curieux bonds dans ta poitrine, tes yeux se sont illuminés et embués, tu as eu la certitude d'avoir trouvé celui qui comblerait tes vides et tu as envie de pleurer pour un rien. Ne cherche plus, c'est bien ce qu'on appelle le coup de foudre.
Mon parfum est un enfant sauvage né de la pleine lune, un asocial qui se refuse, un autiste éperdu de chimères. Il sait tout de moi ; de lui, je ne sais rien. Ma composition est anxieuse, dissidente, intranquille, méprisante et décline ma joie de l'étreindre. Et à la moindre fausse note, ma partition se fait volatile » (p. 24)