Tiré à quatre épingles

J'ai reçu TIRÉ À QUATRE ÉPINGLES de Pascal Marmet grâce à Babelio et à son opération Masse Critique. Je remercie les administrateurs du site ainsi que l'auteur pour la découverte de ce roman policier made in France. Après avoir lu quelques polars venus du froid, j'avais hâte de me retrouver au 36 Quai des Orfèvres d'autant que les avis sur Babelio étaient très positifs.

Le Commandant Chanel se voit confier l'enquête sur la mort de la veuve d'un ancien Préfet ayant exercé sous le mandat de Jacques Chirac. Préfet retrouvé mort assassiné peu de temps auparavant. le Commandant et son équipe découvrent que la victime a été cambriolée juste avant de mourir. Laurent, candide au visage de lutin, et Sammy, escroc à la petite semaine, seraient-ils coupables du meurtre ?

Autant le dire tout de suite, je n'ai pas spécialement apprécié ce roman. L'intrigue tient relativement la route, mais j'ai trouvé qu'il y avait des incohérences, je n'ai pas apprécié les personnages et le dénouement est décevant.

Le début du livre est plutôt prometteur car il est évident que les choses seront plus compliquées qu'elles n'y paraissent et, en plus, le style de Pascal Marmet est fluide et les chapitres courts donnent du rythme au roman.

J'ai bien aimé le fait que l'art africain et les croyances africaines soient mises en avant par l'auteur. On sent que Pascal Marmet a fait des recherches et maîtrise le sujet. Il est d'autant plus dommage que cet aspect du livre soit si peu exploité. La quatrième de couverture promettait «un polar haletant sur fond de sorcellerie» et le moins que l'on puisse dire, c'est que je suis restée sur ma faim. de sorcellerie il n'est quasiment pas question et TIRÉ À QUATRE ÉPINGLES est loin d'être un polar haletant.

Il n'y a quasiment pas de rebondissements et, quand il y en a, ils sont improbables comme lorsque Laurent découvre en trente secondes, lors du cambriolage, la statuette et le fric alors que ça fait des mois que la cupide Albane, qui habite l'appartement, les recherche en vain. Et je ne parle même pas de la manière dont les enquêteurs découvrent le coupable parce que c'est délirant.

Je me suis amusée à chercher le coupable en même temps que les détectives mais je n'ai évidemment pas trouvé puisque l'existence de ce personnage ne nous est révélée qu'à la fin du dernier chapitre. Difficile de trouver un intérêt à la conclusion de l'enquête dans ces conditions.

C'est vraiment dommage parce qu'on sent à chaque page l'investissement de l'auteur. Outre les recherches sur l'art africain, Pascal Marmet s'est donné du mal pour nous plonger au coeur du système judiciaire et ne lésine pas sur les détails quant au fonctionnement de la Crim', sur la procédure judiciaire et sur les relations entre les flics et la magistrature.

Cependant, à force de vouloir donner des détails, les protagonistes finissent par s'exprimer comme une brochure du Ministère de l'Intérieur. Quand Chanel accueille les nouvelles recrues ou lorsqu'il parle au Procureur, ça manque de naturel. D'ailleurs, d'une manière générale, il y a quelque chose d'artificiel dans les dialogues.

Mais ce qui m'a le plus ennuyée, c'est le manque de profondeur des personnages dont la personnalité est à peine esquissée. Impossible de s'attacher ou de détester des personnages qui restent à l'état de silhouettes.

En définitive, TIRÉ À QUATRE ÉPINGLES est un livre qui aurait mérité plus de développements. Des personnages plus denses, une intrigue moins tirée par les cheveux et une fin plus soignée auraient fait de ce roman «un polar haletant».

Quoiqu'il en soit je renouvelle mes remerciements à l'auteur qui m'a fait parvenir son ouvrage assorti d'une sympathique dédicace.