« Tiré à quatre épingles », en voilà un roman intrigant. D’abord parce qu’il génère un nombre relativement important de critiques sur Babelio (45) et sur divers blogs, alors que Pascal Marmet n’est pas un auteur hyper-médiatisé ni hyper-prolifique, et la maison d’édition (Michalon) n’est pas non plus une grosse machine dans le genre des GalliGrasSeuil et Cie. Ensuite, deuxième chose vaguement surprenante, c’est que la très grande majorité des chroniques donnent à ce roman une cote allant de « bon » à « excellent ». N’osant pas aller jusqu’à penser que la plupart des chroniqueurs ont reçu ce livre avec une amicale dédicace de l’auteur lui-même, et se sont, de ce fait, sentis obligés d’être plus indulgents qu’à l’ordinaire, je me suis donc dit, avant de commencer à le lire, « chic, ça doit être un très bon bouquin ! ».
Et là maintenant, je le referme, et … non, je n’ai pas trouvé ça très bon. C’est donc que je dois être définitivement et totalement hermétique au polar à la française, dans tous ses styles, qu’il s’agisse de Vargas, Thilliez, Chattam ou … Marmet. La quatrième de couverture m’est donc apparue, a posteriori, trompeuse (une fois de plus) : « Un polar haletant sur fond de sorcellerie qui nous dévoile les coulisses de la gare de Lyon et nous ouvre les portes du célèbre36 quai des Orfèvres ».
« polar haletant » : j’ai mis une semaine à le lire (270 pages), c’est dire que je n’étais pas particulièrement pressée de tourner les pages.
« fond de sorcellerie » : certes on nous parle de fétiches africains envoûtés qu’il vaut mieux ne pas approcher sans protection, mais encore ? quoi-comment-qu’est-ce ? Cette sorcellerie n’est qu’un accessoire « ornemental », qui ne joue aucun rôle dans la résolution des crimes.
« les coulisses de la gare de Lyon » : là où on imagine que la gare sera un personnage à part entière (genre les Halles dans « le Ventre de Paris » de Zola), elle n’est qu’un décor comme un autre, certes un peu plus détaillé, mais on ne ressent pas son importance.
Quant à « ouvrir les portes du 36 », c’est surtout pour nous annoncer que la Crim’ va bientôt déménager de cet endroit mythique, et là aussi, cette insistance sur ce lieu est artificielle ou en tout cas inexploitée.
Inexploité, je crois que c’est le qualificatif qui convient le mieux à ce livre. Il y avait beaucoup d’ingrédients pour en faire un bon petit polar de derrière les fagots, mais la sauce ne prend pas (pour moi…) : la psychologie des personnages, le thème de l’art africain et des fétiches maléfiques, les décors, l’ambiance, tout est posé, mais reste à l’état d’esquisse, pas assez développé, et aurait mérité moins de "bavardages" et davantage de souffle et de profondeur. Et parfois de crédibilité : les as des as de la Crim’ qui ne suivent qu’une seule piste alors qu’un autre mobile existe (et qui explique d’ailleurs le meurtre d’Albane), la stagiaire qui pontifie sur le syndrome de Peter Pan devant ses supérieurs qui apparemment n’en avaient jamais entendu parler, le langage trop châtié de certains, qui ne colle pas à un vrai langage parlé…
Bref, pour moi, ce polar ne tire pas son épingle du jeu.
Mais cela n’enlève rien à la gentillesse de l’auteur qui a pris la peine de signer son livre avec un petit mot, et qui s’est manifestement investi dans un gros travail de documentation pour l’écrire.
Merci à Babelio, aux éditions Michalon pour cette découverte, et, donc, à l’auteur pour sa dédicace.
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