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Critique de JeffreyLeePierre


Oh la belle ouvrage !

La première moitié du livre, ce sont les interviews croisées d'une petite soixantaine des protagonistes de l'aventure Métal Hurlant / Les Humanoïdes Associés entre 1975 et 1987 ; la seconde, ce sont les couvertures et des planches ou dessins publiés pendant ces douze années. Si l'on ajoute à ça une chronologie, pleins de photos d'époque et la liste complète des livres et BD publiés par les Humanos pendant la période, on tient là un ouvrage de référence.

Passionnant, de surcroît. Tous ces gens ont des souvenirs étonnamment précis, quand on songe à l'état dans lequel ils étaient parfois ou souvent. C'est d'ailleurs la note triste de fin de première partie : le mémorial de tous ceux qui sont déjà morts, certains plutôt jeunes.

Ce sont aussi tous des passionnés, et ce fut pour certains la grande aventure de leur vie ou le vecteur de leur accession à la reconnaissance. le résultat est que leurs souvenirs nous entraînent et nous donnent l'impression de tout revivre à leurs côtés. Les grands élans créatifs et le désastre financier quasi-permanent, les grosses engueulades et les petites chapelles mesquines, mais surtout un journal considéré par la plupart comme une grande famille. le résultat est moins foutraque que ne l'était le journal, mais on entrevoit le bouillonnement perpétuel et le grand bazar dans lesquels tout ça se déroulait.

On se prend d'admiration pour Jean-Pierre Dionnet, inspirateur de génie aux curiosités multiples et insatiables. Également doté d'une santé en béton : diriger un journal dans la journée en faisant les boîtes la nuit, c'était quand même chaud.
On aime et on déteste Philippe Manoeuvre en même temps. Son énergie comme relais de Dionnet, sa capacité à endosser le rôle du méchant et de savoir dire non, mais aussi son comportement de petit paon et ses emportements de petit con.
On découvre les débuts d'auteurs et dessinateur devenus des monstres sacrés. Ou pas. Il y a les évidents : les fondateurs Moebius et Druillet ; les piliers Bilal, Montellier et Margerin ; les rockers Tramber/Jano et Dodo/Ben Radis ; les lignes-claireux Clerc, Chaland, Cornillon. Et aussi des plus surprenants : Gillon (transfuge de la génération précédente), Tardi (bientôt fâché à mort par Manoeuvre et parti chez À Suivre / Casterman auquel il est davantage associé) ou encore Jacques Goimard (un professeur à la Sorbonne, pigiste de la partie magazine).
Et il y a enfin tous ceux qui fabriquaient le journal. Les maquettistes, dont Étienne Robial par ailleurs fondateur de Futuropolis, les secrétaires de rédaction et administratives, la responsable juridique et la chargée des relations presse…

Au final, c'est un livre pousse-au-crime : on rêve de reconstituer la collection de tous les numéros parus (y compris les hors-séries), on a envie de ces albums désormais gravement introuvables et d'y découvrir ces auteurs moins connus.
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