Citations sur Irrécupérables (31)
Le pollueur l’exaspérait. Il n’avait pas besoin de ça juste avant son congé. Il ne voulait que la sainte paix. Il s’était installé loin du village pour ne voir personne, alors qu’on le laisse tranquille ! Mazenc soupira profondément. Ces canettes l’agaçaient beaucoup trop, c’était disproportionné, mais plus fort que lui.
Une trace de pneus visible dans la gravelle détrempée indiquait le type de véhicule qu’il conduisait : un quad. On pouvait aussi deviner qu’il roulait en direction du village. Steve saisit le contenant, le broya, souleva le couvercle du bac bleu et le laissa tomber dedans.
Lorsqu’il arriva au poste de police, Mazenc rencontra l’enquêteur Müller, du centre de services de Joliette. Il était arrivé très vite et discutait déjà avec Blondeau. Les deux hommes semblaient bien s’entendre.
– L’agent Blondeau était le premier sur les lieux et il connaît bien la ville. J’aimerais ça, le garder avec moi dans le dossier comme enquêteur de poste. Ça va pour vous ?
Steve afficha un sourire forcé.
– Et vous tombez en congé lundi, en plus. Ça devrait vous arranger.
Il venait de se faire doubler.
La fenêtre de la cuisine s'ouvrit alors violemment, claqua contre le mur, et un souffle puissant s'engouffra dans la pièce, balayant tout sur son passage.
Aucun intrus en vue, mais une autre puissante secousse ébranla la toiture. La lumière s'éteignit, et le frigo s'arrêta. Un grondement sourd se fit entendre à l'extérieur.
Une nuit, un homme tombé en panne avait débarqué chez elle pour demander de l'aide. Elle l'avait reçu avec le gros révolver en plastique noir braqué sur son nez. Le malchanceux avait répété ensuite dans tout le village que la dame était armée jusqu'aux dents. Personne ne l'avait plus jamais visitée sans prévenir.
À la nuit tombée, Mazenc s'apprêtait à se coucher lorsque la porte vibra. Libra. Comme si un colosse voulait l'arracher de ses gonds. Il fronça les sourcils et alla vérifier s'il l'avait bien verrouillée. Ça lui arrivait souvent d'oublier, mais qui viendrait à cette heure-ci chez lui ? La propriétaire précédente lui avais raconté qu'elle ne barrait jamais, mais qu'elle avait un faux révolver à portée de main, au cas où.
Il réfléchissait à Lenoir. La rencontre avec un suspect est irremplaçable. On quitte enfin les probabilités et conjectures pour du concret.
Comment accueillir un crackpot qui n’hésitait pas à enlever de force un sergent-détective? Le plus sûr serait de le neutraliser avant qu’il ne se pointe. Dès qu’il trouverait la véritable identité du chauve et son adresse, il pourrait intervenir chez lui, l’attaquer par surprise, le rendre inopérant, le désarmer.
Singulier paradoxe que de demander à un policier de ne pas avertir la police. Steve ne put s’empêcher de sourire. Ne pas alerter ses collègues, c’était dangereux, vu le genre de bozo qui l’avait attaqué, mais il ne pouvait pas évoquer Robert sans expliquer qui il était vraiment.