AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de migdal


migdal
05 décembre 2021
Depuis Montesquieu et « Les lettres persanes », une tradition littéraire incite nos écrivains à situer leurs intrigues à une autre époque ou à l'étranger pour mieux dénoncer les mots dont souffre notre pays.

Gilles Martin-Chauffier nous emmène d'Athènes à Rome, au premier siècle avant notre ère, sous le triumvirat César-Crassus-Pompée aux cotés de Métaxas, philosophe grec mobilisé à Rome par Clodius, le tribun de la plèbe, pour préparer ses discours et combattre l'influence de Cicéron, inféodé à l'aristocratie.

Conflit éternel entre « l'élite » et le « peuple », le népotisme et le populisme …

Le premier intérêt de cet ouvrage est de rappeler que la Grèce antique nous a transmis la démocratie et le sens de la vérité et que Rome nous a légué la république et le sens de l'ordre, puis de nous promener dans la ville éternelle, du Capitole aux lupanars en passant par le Cirque et ses jeux cruels …panem et circences.

Le second intérêt est de nous rafraichir la mémoire sur cette époque immortalisée par Astérix et Obélix, mais fut aussi et surtout celle de Brutus, Caton, Catulle, Cléopatre, Marc-Antoine, Octave et bien sur Cicéron aussi connu que César grâce à leurs nombreux écrits.

Ce roman n'est pas tendre avec Cicéron et, pour l'anecdote, rappelons que l'auteur l'a écrit en utilisant la documentation accumulée par son père dans les années 1980 pour préparer une comparaison avec Mitterand.

Le crépuscule de la république forme l'intrigue de ces pages qui montrent que les procès, devenus la voie royale pour les ambitieux rêvant de gloire et de pouvoir, et la justice instrumentalisée en arme de destruction démagogique contre les oppositions déconsidérent l'état et ses gouvernants … Auguste n'a plus qu'à récupérer le pouvoir à son profit.

Le lecteur retrouve ici le fil des précédents titres de Gilles Martin-Chauffier et notamment « les corrompus » qui mettait déjà en scène un « nègre » au service d'un politicien arriviste …

Véritable cri d'alarme contre les dérives électorales, ce roman apparait donc salutaire dans le contexte présent et sa lecture m'a régalé.
Commenter  J’apprécie          890



Ont apprécié cette critique (86)voir plus




{* *}