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Citations sur Croire aux fauves (189)

A Moscou, une image : un homme d'une cinquantaine d'années pousse mon fauteuil roulant (maman a insisté pour que je ne fasse "pas de grabuge pour une fois" et que je reste tranquillement assise même si je préfèrerais qu'on me laisse marcher), cet homme donc, piqué de curiosité face à mon visage dissimulé par un chèche multicolore noué à la Touareg, me demande : Tu reviens du Kamtchatka... tu es tombée d'une montagne ? Je savoure un petit silence bien mérité avant de répondre. Non, je me suis battue avec un ours.
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Les humains ont cette curieuse manie de s'accrocher à la souffrance des autres telles des huîtres à leurs rochers.
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Je ne rentre pas chez moi, je fuis les bois, je pars en montagne. Quelque chose cloche, quelque chose d'essentiel. Lui le sait, le sent. Je le revois me donner la griffe au moment de partir. Tu sais que tu es matukha [mot évène qui signifie "ourse"], je ne t'apprends rien. Prends-la avec toi quand tu marcheras là-haut. Je t'entends me rappeler mes discussions pendant mes délires fiévreux, et me mettre en garde contre l'esprit de l'ours, qui me suit, qui m'attend, qui me connaît. Pourtant il ne me retient pas. Il ne fait pas un geste pour m'empêcher de monter aux volcans. (...) Non, rien n'est sa faute. Ce qu'il a fait : il a guidé mes pas pour que j'aille au-devant de mon rêve.
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Je pense à mon histoire. A mon nom évène, matukha*. Au baiser de l'ours sur mon visage, à ses dents qui se ferment sur ma face, à ma mâchoire qui craque, au noir qu'il fait dans sa bouche, à sa chaleur moite et à son haleine chargée, à l'emprise de ses dents qui se relâchent, à mon ours qui brusquement inexplicablement change d'avis, ses dents ne seront pas les instruments de ma mort, il ne m'avalera pas.

* Le mot féminin évène matukha signifie "ourse".
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L'homme gras et transpirant qui vient d'entrer dans la pièce brandit son téléphone vers moi, il me prend en photo, il veut immortaliser l'instant. L'horreur a donc bien un visage, qui n'est pas le mien mais le sien. J'enrage. Je veux me jeter sur lui, ouvrir son ventre, me saisir de ses tripes et lui river son téléphone de malheur dans la main pour l'obliger à faire le plus beau selfie de sa vie en train de la quitter. Mais je ne peux pas. Je ne peux que lui maugréer d'arrêter et me cacher maladroitement le visage, je suis rompue, brisée.
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L'enfant possède une chose que l'adulte cherche désespérément tout au long de son existence: un refuge.
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Il dit : Nastia, tu as pardonné à l'ours ? Silence à nouveau. Il faut pardonner à l'ours. Je ne réponds pas tout de suite, je sais que je n'ai pas le choix, et pourtant pour une fois je voudrais m'insurger, contre le destin contre les liens, contre tout ce vers quoi on va et qui est inéluctable, je voudrais lui crier que j'aurais voulu le tuer, l'expulser hors de mon système, que je lui en veux tellement de m'avoir défigurée ainsi. Mais je ne le fais pas, je ne dis rien. Je respire. Oui. J'ai pardonné à l'ours.
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« Je me demande un instant si l'ours va revenir, pour m'achever, ou pour que je l'achève, moi – ou bien pour que nous mourrions tous les deux dans une ultime étreinte. » (p. 5)
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La rivière descend vers la mer mais les saumons la remontent pour mourir. La vie pousse à l’extérieur du ventre mais les ours redescendent sous terre pour rêver. Les oies sauvages vivent au sud mais reviennent coloniser les ciels arctiques de leur naissance.
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