Il est de ces femmes qui ont eu une vie et un destin si exceptionnels qu'écrire une biographie à leur sujet se transforme vite en un incroyable roman.
C'est le cas de Louise Weber, plus connue sous le nom de la Goulue, reine du cancan, des cabarets et du Moulin Rouge.
Pour les 90 ans de sa mort,
Maryline Martin s'est attaquée à un monument français et a souhaité réhabiliter l'image de cette femme ô combien scandaleuse. L'auteure a eu accès au journal intime de Louise Weber grâce au directeur de communication du Moulin Rouge et fouillé dans les archives de la Société d'histoire et d'archéologie des 9e et 18e arrondissements de Paris. Elle a ainsi pu esquisser le portrait d'une femme en avance sur son temps, qui aimait bousculer les codes, toute à la fois excentrique, provocante, vulgaire, aimée ou détestée, misérable ou glorifiée. le portrait d'une femme libérée, décomplexée, symbole d'une soif de vivre destructrice.
Cette petite blanchisseuse de la rue de la Goutte d'Or d'origine alsacienne nait dans un milieu très pauvre, mais veut s'en sortir par tous les moyens. Et cette porte de sortie pour elle fut la danse. Dès son plus jeune âge déjà, elle dansait à s'en faire exploser le coeur. Des genoux de son père dans les bals de l'Elysée Montmartre au plancher ciré du célèbre Moulin Rouge il n'y a qu'un pas (de danse). Son physique exubérant, blonde, pulpeuse, et son légendaire levé de jambe vont vite la propulser reine du quadrille et du cancan. Elle pose nue et devient la muse
De Toulouse-Lautrec. La Goulue est célèbre dans le tout Paris. Mais à 29 ans, au sommet de sa gloire, elle quitte le Moulin Rouge pour les fêtes foraines. Des spectacles de danse orientale à dompteuse de lions, cette femme, artiste accomplie, avait besoin de plus, plus de gloire, plus de provocation.
Mais la gloire n'est qu'éphémère, et Louise Weber vieillit très vite, devient obèse et méconnaissable. Elle perd son fils, tombe dans la déchéance, l'alcoolisme, l'anonymat. Celle qui autrefois dansait devant le Prince de Galles (le futur Edouard VII) vit dorénavant dans une roulotte à Saint Ouen et nourrit les pauvres. Elle meurt en 1929, après avoir assisté une dernière fois, côté spectateur cette fois, au cancan dans son cher Moulin Rouge, ce temple de la danse et de l'exubérance.
Une biographie incroyablement documentée grâce à ces photos et textes tirés d'archives. Un grand bravo à
Maryline Martin qui nous emporte par sa plume envoûtante dans le Paris de la fin XIXème, à Montmartre, au milieu des danseurs de quadrilles et des cris d'allégresse. Louise Weber, fille du peuple, fille des trottoirs et danseuse hors-pair devient un personnage tendre et attachant. Une vie tumultueuse qui se dévore comme un roman ! Superbe !
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