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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lionel-Edouard Martin aux initiales prédestinées .
J'ai découvert un écrivain à l'écriture lumineuse ce qui , pour un conte de fin d'année , peut s'avérer franchement pratique .

Récit de terroir par excellence , ce court roman se dévore comme un repas de réveillon et vous file une gueule de bois pas possible la dernière page avalée . Si je devais qualifier ce roman , je l'opposerais sans hésiter à celui du King , La Ligne Verte pour son personnage de John Coffey , croisé avec le sombre univers contemplatif d'un Comès qu'était jamais le dernier pour la déconnade...

Cinq personnages , cinq destins dissemblables amenés à se croiser , se percuter pour finalement vous terrasser .
Cinq atomes d'un même univers , celui de la souffrance brute .

Mait' Louis est un vieux rebouteux fatigué . Connu et reconnu pour la qualité de ses interventions , ces dernières l'on fait vieillir précocement au point de vouloir lâcher le métier au grand dam de sa clientèle .
Mauvaise nouvelle pour Jean Dieu , le boulanger du village , perclus de douleurs qui l'empêchent désormais d'effectuer ses tournées hebdomadaires .
Puis l'on découvre La Vache , vieille femme pachydermique vivant en ermite avec un jeune couple à la parenté toute relative bien plus connus sous les hasardeux sobriquets de Mon Filleul et Ma Filleule . Un trio détonnant tirant régulièrement le diable par la queue , le pauvre . Et comme si ça ne suffisait pas , la soudaine fragilité du nourrisson combinée au pernicieux déclin physique de la matriarche ne sont pas fait pour les rassurer , ne jamais titiller le malin...

Un récit choral magistral . Martin happe son lectorat dès les premiers mots et distille une petite musique entêtante que l'on pressent très rapidement funeste .
Des phrases et des chapitres courts , percutants . Un monde tourmenté empreint d'une très grande poésie . Lionel-Edouard Martin est un conteur fantastique et un jongleur hors pair . Son matériau , vos émotions . de l'éclatante beauté d'un monde rural sur le déclin aux destins tourmentés de ses protagonistes , l'éventail des sentiments est large et déplié dans son intégralité .
Martin se fend d'un conte macabre maîtrisé de la première à l'ultime tirade , sous vos applaudissements .

Tim Burton a trouvé son alter égo littéraire , chapeau bas !
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On aime ou pas le style, je suis sûre qu'une phrase comme « C'est un jour mou comme de la mie de pain saucée dans du civet » (page 39) a prodigieusement agacé Grégory notre « chef de groupe » pour le prix des lecteurs (il m'a cité d'autres passages, quand nous en avons discuté après ma lecture et la rédaction de l'essentiel de cet article). Un « récit du terroir » formaté pour un certain public, comme il le pense? Moi qui ai lu quelques livres « de terroir », justement, ces derniers mois (l'offre en large vision n'est pas terrible à la médiathèque, je vous ai épargné mes avis jusqu'à présent, j'en écrirai sans doute un quand même), je peux vous certifier que l'écriture est bien meilleure pour Nativité cinquante et quelques. Un roman ancré dans le territoire du Montmorillonais, comme Anaïs ou les gravières, avec les communes de Journet, La Trimouille (La Trémouille dans le livre), Haims, des écarts comme Villemort. Un roman ancré dans les images de la Nativité, le marronnier illuminé brille comme l'étoile du Berger. La fin est prévisible, certes, mais j'ai bien aimé l'écriture, le passage d'un point de vue à l'autre, de la famille à la maison isolée. Quant au portrait du médecin de garde alcoolique, il me rappelle celui qui, dans une autre campagne (dans le Nord), n'avait pas pu venir pour la crise d'appendicite de ma soeur, trop imbibé, il avait fallu aller chez lui (mais il avait posé le bon diagnostic et non renvoyé la famille dans la nuit neigeuse!).
Lien : http://vdujardin.com/blog/ma..
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Voilà un livre rare et beau. Rare par son thème. Beau par sa présentation. Une couverture bleu nuit étoilée et un arbre éclairé comme par la lune.Cet arbre ressemble aussi à des algues sous-marines.Ciel et profondeurs donc. Et c'est bien tout le charme et l'étrangeté de ce récit que de se présenter apparemment comme une histoire de village avec ses personnages typiques: le boulanger (Jean Dieu), le rebouteux (Maît' Louis), la tante et sa famille (mon Filleule, mon Filleul, leur bébé). Un village qui s'appelle Villemort et ce nom résonne comme un funeste avertissement.Maît' Louis attend des visiteurs. Il ne sait pas qui ils sont, mais ils vont venir. Il le sent «dans sa vieille carcasse». le lecteur mis en alerte par le titre pense aux rois mages, à la Nativité. Parce qu'il neige. Parce que c'est bientôt Noël. Mais ils viendront «avec une grande souffrance. »Pour guider ces mystérieux voyageurs, avec l'aide du boulanger, le rebouteux installe une guirlande lumineuse dans son grand marronnier. Quarante mètres de fil de cuivre. Des douilles en céramique: «ça fait penser à des oeufs sur de la paille, à des coquilles d'huîtres après qu'on a mangé la bête et ce qui reste c'est dans la bourriche la coquille de nacre».Les visiteurs ne seront pas ceux à qui il pense. Il ne faut pas révéler le dénouement qui est comme une nativité à l'envers. Tragique et poignante.J'ai beaucoup d'admiration pour ce texte. Pour la force d'imagination qu'il révèle. Pour son caractère suggestif et poétique. Pour son stylesurtout. Sensuel, inventif, souvent proche de l'expression orale. Avec des variations de rythmes. On entendrait presque un accent local.

Ce style rappelle celui de Ramuz. A la recherche du mot juste, au plus près des choses. Ainsi: «L'enfant n'est pas plus gros [qu'un pain]. Même peut-être il est plus petit. Un enfant. Un demi-pain. On a comme ça de ces équivalences. »
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