Bienvenue dans un univers parallèle, celui d'une jeune femme enfermée dans une histoire trop lourde pour elle. Une enfance mutilée, dans un village qui n'oublie rien. Tout commence par les flammes qui lui arrachent sa raison de vivre : les deux petits frères dont elle se charge, puisque Maman travaille de nuit comme infirmière, et s'échappe le plus possible de ses obligations ; puisque Papa sombre dans l'alcool subit la vie trépidante de ses jeunes enfants comme une agression. Mais Sylvie a failli à sa mission : ses petits frères sont morts. Elle le sait, parce qu'elle les a bien entendus hurler comme des chatons broyés. Ils sont morts le même jour que leur père, dans cet incendie.
Alors ce village, dans les environs duquel de jeunes garçons sont enlevés, puis relâchés quelques jours plus tard, sans rien savoir de ce qui leur est arrivé, ce village est-il maudit ? Et quelle est la source de cette haine latente, dans chaque maison, chez l'oncle Ferdinand, éleveur de vipères et de salamandres ; chez Sylvie, devenue infirmière à l'hôpital, comme sa mère, dévouée aux enfants cancéreux ; chez sa mère, éteinte, dévorée par les anxiolytiques. Alors Sylvie devient un peu parano...parce qu'elle aussi avait ete enlevée enfant, puis relâchée quelques jours plus tard...
"- Je suis certaine que c'est le même homme. Il recommence. Moi, gamine, et puis à présent d'autres enfants.
- Après autant d'années ?
- Ces salopards, ils ont tout leur temps. Vous verrez, il fera d'autres victimes. Et comme on l'a toujours pas arrêté, les enfants, il peut les tuer... Ou alors,
c'est moi qu'il veut. Pour me tuer."
Et face a cette misère ambiante, un chapelet de flics dépareillés, comme les dernières chaussettes du tiroir. Des chemises à jabot et à lacets du commandant, en passant par les chemises manches longues ecossaises du second, et les jeans troués de leur coéquipière, la diversité est généreuse et bienveillante, un poil taquine parfois.
Ce thriller est pétillant, vif, vous prend rapidement dans ses filets pour ne plus vous lâcher ! La recette est très bien maîtrisée par
Daniel Martinange, qui m'a emmenée exactement où il voulait ! du grand art !