Citations sur Le tombeau d'Oedipe : Pour une tragédie sans tragique (4)
Or, ce qui est vrai de la tragédie l'est aussi de la littérature en général. Aucun discours ne peut rendre compte de sa force épiphanique ou de sa forme. On ne peut parler des livres que l'on a lus : on peut dire l'émotion qu'ils donnent, les décrire et décrire leurs alentours (historiques, culturels, sociaux etc.), mais eux-mêmes restent inaccessibles. L'oeuvre de l'art le plus élevé est une machine à bloquer l'interprétation définitive - ou à multiplier les interprétations provisoires, ce qui produit le même résultat.
Que nous fait la tragédie grecque ? Rien : elle nous est totalement étrangère. Elle devrait nous l'être. Et pourtant, contre toute attente, elle n'en continue pas moins de nous toucher et de nous transformer.
En particulier, et si grande que soit la tentation, il ne faut pas chercher la vérité de la tragédie ni dans le tragique ni dans ce qui est aujourd'hui le théâtre mais ailleurs, parfois très loin : dans le nô, la psychanalyse, la messe. Autant de pratiques ou de rituels qui maintiennent ou reproduisent à leur manière des pouvoirs perdus par les arts du langage.
Saisir la littérature par ce qui lui échappe totalement.