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Critique de CDemassieux


J'aime ces livres d'Histoire qui suivent une thématique – ici les assassinats manqués contre des hommes de pouvoir – et embrassent ainsi plusieurs siècles.
Passons sur son titre un peu trop accrocheur à mon goût, l'essai de Luc Mary commence avec Gaspard de Coligny et s'achève avec Jacques Chirac – on ne rit pas !
L'auteur déploie une narration dynamique, sur le ton de l'enquête, qui répond exactement aux événements, se succédant pour le moins rapidement dans ces sortes de complots. Et s'il se laisse emporter parfois – je ne suis pas convaincu, par exemple, que Joseph Fouché fût jamais charismatique, contrairement à son contemporain Talleyrand ! –, Mary prouve que l'Histoire n'est pas une dépouille sur laquelle on se recueille avec contrition : elle est dynamique.
Donc, tout commence avec l'assassinat raté, dans un premier temps, de l'amiral de Coligny, qui sera bientôt la victime introductive d'un massacre de masse : la Saint-Barthélemy. Viennent ensuite Henri IV, qui échappera à plusieurs attentats avant de finalement succomber sous les coups de Ravaillac ; Louis XV, dont l'agresseur, Robert-François Damien, connaîtra une fin « difficile » !
Puis, nous assistons à l'attentat de la rue Saint-Nicaise contre le Premier Consul, lequel montrera, comme l'explique très bien l'auteur, son opportunisme politique en se débarrassant de gêneurs innocents du crime et d'autres conspirateurs avant d'élever sa personne au rang d'empereur. Louis-Philippe, le roi des Français, et Napoléon III connaîtront eux aussi des tentatives d'assassinat particulièrement violentes, dont les conséquences seront plus dramatiques pour le second sur le plan géopolitique.
C'est ensuite le tour de Georges Clemenceau en 1919, à une époque où il est devenu le « Père la Victoire ». Toutefois, si sa popularité explose – sans mauvais jeu de mots puisque c'est avec des balles qu'on a tenté de le tuer ! –, cela ne modifie en rien le cours de l'Histoire et particulièrement son esprit revanchard, hélas ! Vingt ans plus tard, la France et le monde en paieront le prix fort.
Arrive Laval, dont la tentative de meurtre ne modifie pas, à mon humble avis, l'air du temps. Et, petite objection : la « vague de fond antibolchevique » de Vichy avait débuté dès les premiers mois de la Collaboration par des internements de communistes, avec l'assentiment des autorités d'Occupation, donc bien avant que Laval soit visé par un attentat, comme le suggère l'auteur.
Survient l'attentat du Petit-Clamart contre De Gaulle. Mary montre ainsi le génie politique de ce dernier qui, accusé par ses agresseurs d'être illégitime à présider aux destinées de la France, en profite pour proposer par référendum l'élection du Président au suffrage universel direct, élection qu'il remportera en 1965.
Je passe sur la tentative contre Chirac, menée par un pauvre type à l'aide d'une carabine 22 long rifle, parmi la foule, autrement dit du mauvais matériel dans un endroit pas très confortable pour viser ! Au moins, cela a-t-il permis de se concentrer sur le « vrai » danger de l'extrême-droite !
Enfin, si l'on peut reprocher la disproportion historique entre les exemples choisis, l'intérêt de ce livre est son analyse fine du contexte. Un livre qui en appelle un autre, plus uchronique : que serait-il advenu si ces rois, consul, empereur, responsables politiques et présidents avaient été tués ? Imaginons un instant que Bonaparte ait péri ce 24 décembre 1800. C'était comme le nez de Cléopâtre : l'Histoire du Monde en eût été changée !
Dernier point, en forme de réponse à l'auteur, qui posait la question suivante : « Qui se souvient de Damiens ? » Au moins les lecteurs d'un essai fameux de Michel Foucault : Surveiller et punir ! Et si ces « mauvais » tueurs sont tombés dans un relatif oubli, c'est précisément parce qu'ils ont raté leur coup. Nul n'a oublié Ravaillac, John Wilkes Booth (assassin d'Abraham Lincoln) ; encore moins Gavrilo Princip (assassin de l'archiduc héritier d'Autriche François-Ferdinand et son épouse à Sarajevo en 1914, acte inaugural de la Première Guerre mondiale).
L'assassinat politique c'est un peu comme le football : il faut marquer pour être reconnu !

(Remerciements à Babelio et aux éditions Tallandier)
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