Massé arrive à mélanger une époustouflante intrigue engagée avec un ton lynchéen, c'est fascinant, drôle et intelligent.
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Peut-on, sans faire la morale ni nous assener de leçons, donner à voir les ravages causés par la prospection minière dans les régions du Québec ? Assurément, démontre avec brio le dernier roman de Bruno Massé, qui fourmille de scènes amusantes, déconcertantes.
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Je serre la main, surpris par la force de sa poigne, lui tends une carte d’affaires depuis la poche intérieure de mon veston. Un autre automatisme.
— Inspecteur environnemental ? dit-elle en lisant la carte, vaguement surprise. Vraiment ?
Supercherie. Foutaise.
— Bien sûr, je réponds. L’environnement, c’est important.
— Bien sûr, répète Bridge en écho, sarcastiquement. Y a pas à dire.
Nous filons lentement sur la route principale. Peu à peu, l’esquisse d’un village se dessine, délabré, à travers l’éclaircie dans l’immensité de la forêt noire. Nous émergeons de peine et de misère dans quelque chose, un lieu, la cicatrice d’un village oublié de tous.
Quelques détails se révèlent çà et là : une grange semi-effondrée dans un champ d’herbes jaunes, une laveuse rouillée abandonnée dans un fossé, les rameaux tordus d’aulnes près d’un ruisseau anémique. Octobre accompagne la déchéance du village avec sa touche funèbre – il n’y a pas de vie et pourquoi y en aurait-il de toute façon ?
Quel trou de bécosse !