AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Grandes Occasions (61)

C’est aussi son travail de mère de garder les souvenirs intacts. Elle les garde pour que les enfants puissent se les rappeler avec elle. Les enfants oublient leur enfance. Ils en retiennent des impressions, des sensations. Quelques événements. Mais ils oublient. L’enfance est un moment qui appartient aux parents. Alors elle l’a gardée, bien rangée, bien protégée. Les enfants peuvent s’y replonger. Ils s’y replongeront un jour. Et ils auront les mêmes souvenirs que leur mère.
Commenter  J’apprécie          250
Dans la famille, on se frôle. On s’évite. Le toucher est une faiblesse. La caresse, comme la parole, est un opprobre. Elle est dégradante. Elle est naïve. Elle est un mouvement de confiance. Elle est une demande et la demande fait peur. Parce que après la demande il peut y avoir le non. Après tout élan peut venir le rejet. Après toute gentillesse, l’évitement. Et si cela vient d’un membre de la famille, alors le rejet est double.
Commenter  J’apprécie          240
Bien sûr, une mère pardonne tout. Une mère, on peut tout lui faire, elle pardonne. Une mère se quitte, s'ignore, se broie, s'oublie. Le délice des enfants, c'est de torturer leur mère en sachant qu'au bout il y aura toujours et l'amour et le pardon.
Commenter  J’apprécie          230
Le destin d’une mère, c’est de laisser partir ses enfants. De son ventre, de sa maison, de ses bras. Les douleurs de l’enfantement ne sont rien comparées à la douleur éternelle de la séparation. Mettre au monde ce n’est pas accoucher, c’est se laisser abandonner.
Commenter  J’apprécie          221
Ils disent qu’il faut la civière spéciale. L’un des ambulanciers part en courant la chercher dans le camion. Alexandre s’avance. Il demande s’il peut aider. Il désigne Bruno aussi. Il dit :  « On peut vous aider. » L’ambulancier, sans le regarder, dit : « Non, merci monsieur, ça ira. On a l’habitude. » C’est affreux ce mot, habitude. La mère est une habitude. Ils ont déjà fait ça. Peut-être même déjà aujourd’hui. Ils ont l’habitude. Rien de spécial pour eux. Ils savent faire. Ce n’est pas normal de savoir faire ça. De dire « c’est une habitude ». De dire de leur mère écartelée, dénudée, intubée sur le lit, « c’est l’habitude », Alexandre recule. Il retrouve dans le coin le reste de la famille anxieuse.
Commenter  J’apprécie          210
Esther marche vers la gare avec sa robe légère. C’est l’été. Une chaleur réconfortante. Pas quelque chose d’oppressant. Une chaleur qui complimente le corps. Un vent discret passe à travers sa robe, effleure sa peau. Et c’est comme si sa robe était le vent. Il y a du monde dans les rues. Le bruissement d’une excitation. Il fera encore chaud ce soir. On pourra rester dehors. Personne n’aura besoin de rentrer. Personne n’aura peur de la nuit fraîche. C’est la première nuit chaude de l’année. Les terrasses des cafés se répandent sur les trottoirs, ne laissant plus qu’un mince passage pour les piétons. Il y a de l’excitation dans l’air.
Commenter  J’apprécie          200
C'est important, pour la mère, que les cartons soient bien rangés. Que l'enfance reste propre et protégée. Elle leur avait demandé s'ils voulaient garder des choses. Ils ont dit : " jette, maman, jette." Mais elle n'a rien jeté. C'est aussi son travail de mère de garder les souvenirs intacts. Elle les garde pour que les enfants puissent se les rappeler. Se les rappeler avec elle. Les enfants oublient leur enfance. Ils en retiennent des impressions, des sensations. Quelques événements. Mais ils oublient. L'enfance c'est un moment qui appartient aux parents. Alors elle l'a gardée, bien rangée, bien protégée. Les enfants peuvent s'y replonger. Ils s'y replongeront un jour. Et ils auront les mêmes souvenirs que leur mère. Ils auront ça à partager. L'enfance ne sera plus seulement à elle. Elle sera à eux aussi. À eux tous. À eux ensemble.
Commenter  J’apprécie          193
Il parle de Victor Hugo, un peu. Elle demande pourquoi il n'étudie pas la littérature. "On ne vit pas avec de la littérature. La littérature, c'est la misère. Il dit qu'en Iran, il avait faim. "En Iran, même les médecins ont faim." Il est venu en France pour quitter la misère, pas pour faire de la littérature. Tout le monde ne peut pas être Victor Hugo.
Commenter  J’apprécie          170
"Mais une fois encore, elle ne dit rien. Tout ce qu'elle a à dire se transformerait en cri. C'est si incontrôlable, le chagrin d'une mère."
Commenter  J’apprécie          160
"Eux seuls savent. Mais ils n'en parleront jamais. Parler c'est déjà résoudre. Et ils ne veulent pas résoudre, eux qui ne se sont jamais rien dit. Ce jour-là, il suffit de quelques mots échangés à l'oreille. Un moment minuscule. Alexandre qui se penche à l'oreille de son frère. Le premier fils qui se penche sur le petit frère. Qui s'approche de son oreille. Ils n'ont jamais été aussi proches. Esther voit le rapprochement. Ça l'étonne. Ça la réconforte aussi. Il y a la bouche d'Alexandre tout contre l'oreille de son frère et, soudain, le visage de Bruno qui pâlit."
Commenter  J’apprécie          150





    Autres livres de Alexandra Matine (1) Voir plus

    Lecteurs (356) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Famille je vous [h]aime

    Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

    chien
    père
    papy
    bébé

    10 questions
    1430 lecteurs ont répondu
    Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

    {* *}