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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Autant se le dire, Mauméjean fait fort avec ce roman. Probablement un de ses plus beaux succès critique et publique, puisque je me rappelle une exposition prolongée et particulièrement remarquée sur le devant de la scène de l'imaginaire, et notamment une réédition en poche. Alors qu'en est-il de cette « tragédie de poche » à la couverture chaude et sucrée ?

Sans se mentir, j'imagine mal comme Mauméjean pourrait se louper. Notre auteur a une plume tellement singulière, de même qu'une façon de voir les choses et imaginer des histoires si désarçonnante ! Ainsi donc, ce bouquin ne dépareille pas avec l'originalité du reste de la bibliographie de Mauméjean : on prend cette fois-ci place dans le Coney Island du début de siècle, explosant d'une imagerie populaire balbutiante et débutante, presque prématurée.
Et ainsi de découvrir Dreamland, pays sans couleur et terreau de tous les imaginaires : un gigantesque parc d'attraction, ultra-codifié où finalement le public ne voit que la face émergée de l'iceberg. Car toutes les attractions de Dreamland ont leur code, leur mythologie débutante, et c'est là le vrai sujet du roman. C'est ce sur quoi se concentre Mauméjean : une population qui, un tant soit peu livrée à elle-même et à l'aube de sa création, va devoir se forger une histoire, un code, une façon de se faire reconnaitre. Et nous allons nous concentrer, avec ce livre, à une frange très précise de Dreamland : Lilliputia, royaume des nains. Véritable ville miniature, construite sur le modèle de la vieille Nuremberg, où tout est à l'échelle des achondroplastes : petites maisons, petits véhicules, petits verres, enfin, ce que vous voulez miniaturisé… Et la ville semble fonctionner comme n'importe quelle grande soeur : on a des coiffeurs, des professeurs de danse, des restaurateurs, des pompiers.
le roman s'ouvre sur un incipit fort bien écrit mais un peu longuet, où l'on va découvrir l'histoire familial du héros romanesque que l'on s'apprêt à suivre : Elcana. le choix de s'attarder, dès le début du roman, sur la famille d'Elcana, sa naissance, son enfance est un peu osé : si cela rejoute un peu au côté « messianique », un peu mythologique d'Elcana, c'est quand même rude comme entrée en matière. Cela ne m'a pas empêché de très vite enchaîner sur la suite, et donc de rentrer dans cette espèce de « réalisme magique » avec lequel Mauméjean va traîter cette histoire. Réalisme magique, je ne suis pas sûr que le terme soit exact, mais c'est assez difficile à décrire. Et d'ailleurs assez ressemblant à ce que j'avais pu lire dans « Ganesha », du même auteur. Cela ressemble pour moi à « La Maison dans Laquelle » de Petrosyan : un univers finalement tout sauf « fantastique » mais où tout est traîté de façon merveilleuse, avec un regard presque magique. Et ainsi, dans Lilliputia, un crâne difforme deviendra une tête de taureau, un aveugle délirant sous cocaïne un prophète, une attraction un véritable satellite, etc, etc…
Et il faut bien avouer que la naissance d'une culture est quelque chose de formidable. Je ne parle pas de « réalisme magique » par volonté de catégoriser dans la fantasy une histoire somme toute assez réaliste, mais pour vous souligner l'attrait qu'a ce genre d'histoire. Cela a la portée de grands romans d'aventure, de fantasy, en restant cependant très édifiant sur l'époque que c'était.
Et donc Elcana, personnage somme toute assez froid et passif malgré sa destinée flamboyante, découvrira comme le lecteur les us et coutûmes d'un monde où tout semble chorégraphié. Et c'est sacrément excitant : de la brigade des pompiers mettant fin aux feux qu'elle a elle-même créés aux conseils municipaux théâtralisés, vous irez de surprises en surprises. Et toute cette histoire aboutira finalement à une guerre ultra-brutale, historique, pour laquelle je m'en voudrais de spoiler. Je vous laisse donc le plaisir de découvrir, avec effroi, les tenants et les aboutissants de cette fin de roman ultra-réussie.

Alors Lilliputia est un excellent roman. On ne m'enlèvera pas, malgré ce que j'entends souvent, que Xavier Mauméjean a une écriture un peu intellectualisée. C'est magnifiquement bien écrit, c'est certain, mais j'en suis navré : il faut s'accrocher un peu. C'est très stylisé, très esthétique, plein de jeux de langage partant dans tous les sens. Ainsi, c'est passionnant à lire mais pas forcément évident à s'accoutumer.
Cela n'enlève rien : « Lilliputia » est un super bouquin, d'une richesse hallucinante et d'une ambition extrêmement grande.
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Une formidable fresque lilliputienne avec pour héros un Elcana très attachant.
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