Ces nouvelles vont de l'Algérie à la Normandie, de Marseille à Paris et mettent en scène des couples "mariés de la main gauche", c'est-à-dire illégitimes.
Cette expression désuète donne le ton de ces textes, véhiculant certaines idées très XIXe siècle.
Le 1er n'y va d'ailleurs pas avec le dos de la cuiller : il évoque la passion charnelle entre un colon d"Algérie et une "indigène". Les Algériens y sont présentés comme clairement inférieurs et les femmes comme des objets ou des animaux sauvages. C'est très très bien écrit, tant pour les évocations sensuelles que pour les décors, mais ça fait quand même se dresser les cheveux sur la tête.
La limpidité et la vitalité du style m'ont néanmoins poussé à continuer.
D'autres figures de femmes-objets reviennent, mais des bellâtres suffisants piégés par des femmes plus fines qu'eux apportent un rééquilibrage. de même, la supériorité revendiquée par les colons sur les Algériens se voit contrebalancée par la bêtise de paysans normands affichant des préjugés racistes grotesques.
Cette succession d'intrigues où les beaux rôles ne sont pas toujours attribués aux hommes natifs de l'Hexagone m'a fait réviser mon jugement sur d'autres parties du recueil. Les colons hautains, les notaires ventrus, les don juan méprisants ne sont-ils pas des caricatures, plutôt que des modèles des idées réelles
De Maupassant ?
La serveuse noire du port du Havre rejetée par les parents d'un brave soldat amoureux d'elle, les femmes démunies, mais courageuses et honnêtes, ne soulignent-elles pas la ridicule vanité des hommes qui croient les dominer?
Ces portraits, outre leur beauté formelle, offrent alors une finesse bien plus subtile qu'une lecture sans recul pourrait laisser supposer.
Bien sûr
Maupassant était aussi un homme de son siècle, mais il moquait avec talent certains profils déplaisants.