Mais la vie s'emballe et on oublie de prendre le temps de réaliser ses rêves...
Dès qu'elle avai mis les pieds à Atlanta, fin 1894, Pearl avait décidé que ce sol ferme, vieux, que constitue l'Est du pays, lui était hostile. Les meurtre de 1989 lui avaient confirmé que sa place était parmi les siens, sur la terre gamine, capricieuse et éruptive des îles du Pacifique.
« On laisserait faire le boulot à des techniciens inexpérimentés qui parfois ne distinguaient pas bien un muscle d’une veine. En effet, l’éthique médicale interdit à tous ceux qui ont fait le serment d’Hippocrate toute participation à un quelconque arrêt de la vie, à un assassinat. Mais un docteur serait là et viendrait bien vérifier la mort de Smokey. Il remplirait la déclaration de décès et cocherait la case homicide pour indiquer la cause de la mort. L’exécution capitale pour un médecin ou un esprit rationnel reste un meurtre. » (p. 320 & 321)
Elle venait de trouver un moyen efficace pour que ce meurtrier de 1989 n'assassine pas encore ses espoirs de 2008 avec sa mort.
Au moment de prendre l'argent, le chauffeur la regarda dans les yeux. Il lui dit d'arrêter de porter le monde entier sur les épaules. Le racisme, les pauvres, les Noirs, et tutti quanti ! Il était temps de vivre ! Promener sur ses épaules fragiles, la douleur de cette terre ne donnait rien à personne. En lui rendant la monnaie, il lui parla de sa grand-mère turque, une femme bien malheureuse, toujours inquiète...Elles s'entendraient bien toutes les deux...Pas la peine de toujours penser à la vie,à la mort et au sens des choses...Il n'y avait que le présent.
« La mort a quelque chose de terrifiant, mais aussi de délicieusement maternel. Elle met fin à tous les soucis. » (p. 318)
T’inquiète pas, Betsy, on y retournera pas, là-bas ! Plus jamais ! je rentre chez nous pour de bon… J’ai eu ma leçon… On est plus très loin de Denver. C’est quoi le nom ce trou ? Je sais plus … Je regarderai plus tard… Hier, vers minuit, j’ai pris le premier hôtel pas cher sur le bord de l’autoroute qui avait un resto encore ouvert… J’étais claqué… Je suis encore trop fatigué, Betsy… Je vais me rendormir quelques heures… Oui, de quoi faire le plein et digérer la bouffe d’hier… Fais comme Gwen, ma douce ! Tu mens, tu prétends que tu m’écoutes, alors que tu penses complètement à autre chose… Oui, Gwen est comme ça… Comme toutes les filles avec leurs hommes… Un peu soumises, un peu rebelles… Faudrait que tu apprennes ! T’es pas assez lady, Berse… Tu dois jouer la candide… Remarque que tu t’y prends pas si mal, tout le monde me mène pas par le bout du nez comme toi, ma grassouillette… Je l’ai plantée là-bas, Gwen… Sans rien lui dire ! En fait, pas vraiment… Je lui ai quand même annoncé que j’allais passer deux semaines chez mes vieux, que je revenais bientôt… Mais qu’il fallait que je sois à La Nouvelle-Orléans pour la fin août… Oui, trois ans après Katrina, il est bien normal que j’aille dire bonjour à ma famille…
Depuis des siècles, les Noirs n'ont pas été très bien traités aux Etats-Unis ! C'est le moins qu'on puisse dire ! Pourvu qu'Obama gagne ! ça réparerait peut-être quelque chose...Peut-être... Oui, tout de même...ça nous ferait du bien...Va savoir...
« Et voilà dix-neuf ans que Tamara se comportait comme si rien n’avait eu lieu, comme si sa mère lui appartenait encore, comme si sa mère ne faisait pas partie des assassinés du 20 octobre 1989 ! Pearl n’était jamais revenue de ce matin magnifique de l’automne 1989. Elle n’était jamais sortie de la chambre 55 du motel Fairbanks dans laquelle elle avait découvert les corps morts, mutilés. » (p. 161)
« Les erreurs judiciaires manquent pas dans ce pays. Du moment qu’ils ont un négro en prison, ils classent l’affaire ! On s’en fout si c’est lui ou pas, le meurtrier ! Faut plaire au peuple ! » (p. 29)