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Critique de nadejda


Quand l'inspecteur Finn MacLeod atterrit à l'aéroport de Stornoway, sur l'île de Lewis (au Nord de l'Ecosse), il est encore sous le choc causé par la perte de son fils de huit ans, victime d'un chauffard saoul qui s'est enfui.
Il est là pour établir si un meurtre qui vient d'être commis sur l'île a une relation avec celui pour lequel il enquête à Edimbourg et qui présente certaines similitudes.

Mais il est aussi «saisi par l'émotion. Cela faisait si longtemps. Il ne s'était pas préparé aux flots de souvenirs qui soudain le submergèrent.» p 23
«On avait beau être en août, quelqu'un avait allumé un feu. La brise lui amenait l'odeur caractéristique de la tourbe en train de se consumer, riche, à la senteur de fumée. Cela le ramena vingt, trente ans en arrière. Il trouvait cela extraordinaire de voir à quel point il avait changé pendant cette période alors qu'ici, là où il avait grandi, presque rien n'avait changé. Il avait l'impression d'être un fantôme hantant son propre passé, errant dans les rues de son enfance. p 98

Après s'en être éloigné, s'en être enfui sans regrets à l'âge de dix-huit ans, il redécouvre avec d'autres yeux l'île et ses habitants qui vont lui laisser entrevoir des facettes insoupçonnées. Au fil de son enquête de vieilles blessures se rouvrent et des images douces ou brutales resurgissent de son passé qui viennent le hanter. Il retrouve des amis d'enfance et surtout Marsaili qu'il a aimé, qu'il aime peut-être encore... Il retrouve l'île et il se rend compte qu'elle lui a manqué. Rude et belle, sauvage, battue par les vents et la pluie, pleine de contrastes violents entre ombre et lumière comme le sont, forgés par elle et les éléments, les hommes qui l'habitent, taciturnes, colériques, secrets, démunis devant le destin qui les accablent, prisonniers de ce petit territoire hors du temps où tout le monde se connait et s'épie, où les étrangers et les solitaires inquiètent.
«La lumière du soleil faisait scintiller la baie, et des nuages aux formes torturées pour suivaient leur ombre sur une eau d'un bleu profond. (...) C'était un paysage maussade, mais qu'un simple rayon de soleil pouvait transfigurer.(...) Ils pouvaient apercevoir au loin la silhouette des montagnes de Harris. Fin avait oublié à quel point le ciel d'ici était immense.» p 66 67


Bien sûr il y a un coupable à découvrir mais l'enquête que mène Finn est aussi celle qui va ramener à la lumière des pans obscurs de son passé qu'il désire et redoute à la fois de soulever.
Ce roman vous embarque dans un voyage de retour vers un passé lourd, englué dans le brouillard et les ressentiments et il n'est pas question d'abandonner avant la fin car la tension ne se relâche pas. L'on va de soupçons en rebondissements secoués, perdus comme Finn et les autres protagonistes de cette histoire qui s'est nouée et se dénouera dans l'île des chasseurs d'oiseaux, l'île d'An Sgeir, rocher perdu, bordé de falaises abruptes où viennent se reproduire des milliers de fous de Bassan. Cette chasse au guga (jeunes fous de Bassan) a lieu chaque année au mois d'août. Elle est aussi considérée comme une initiation par les hommes qui élisent les jeunes qui chaque année peuvent se joindre à eux.
Peter May nous offre là un roman noir qui marque et nous prend par son pouvoir d'envoutement entrainant une osmose entre le lecteur et les habitants de l'île.
A lire et relire
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