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Critique de gruz


Dans l'immensité de la mer de livres, il y en avait quelques-uns qui surnageaient. D'autres encore plus uniques qui volaient au-dessus des flots de pages, grâce au pouvoir insufflé par leur écrivaine. LA plume (c'est bien ce qui sert à voler, non ?), rare. Et ce qui est rare est chair.

Ces histoires-là avaient réellement de la chair, vous touchaient véritablement dans votre chair. Les tripes à l'air, par l'horreur des situations et l'immense éventail de l'émoi.

Il fallait être attentif pour réussir à attraper ces écrits-là, pour avoir le privilège de s'y plonger, de se laisser emporter par les vagues de mots et d'émotions. Il fallait le bon Reflex pour avoir le Lux d'être touché d'un Hématome de l'âme aussi singulier.

A ce jour, il était quatre fois. Rare ne veut pas dire unique, et cette plume noire revenait, volait, changeait même de couleur. A travers le noir, on percevait du rouge flamboyant, du jaune aveuglant, et tant d'autres teintes qui pigmentaient vos ressentis. Une tessiture de couleurs, parce que cette autrice savait faire chanter les mots.

Il est donc jour pour laisser sortir ce quatrième de la nuit. Sortir du terreau plutôt, tant celui-ci sent la terre, l'humus, les racines mêmes de ce que sont les humains.

Dans l'obscurité peuvent se cacher des monstres. Mais qu'est-ce qu'un monstre, au juste ? Et ne sont-ils pas plutôt enfermés ? La folie des hommes peut engendrer des êtres contre-nature, façonnés à son envie.

Ce Quatre était conte autant qu'histoire vraie. Une sorte de mythe en somme, la condition humaine dévoyée, une énergie sombre mettant en scène des créatures travaillées de glaise. Des composants élémentaires dont LA plume extirpe le fondamental.

C'est le récit d'une mère et de ses deux enfants. L'instinct maternel mis en bocal, l'amour filial et de fratrie en vase clos. La quintessence de l'attachement, jusqu'au dévoiement ultime. Mais que se passe-t-il lorsque l'on ouvre le couvercle ? Une obsession pour LA plume.

Si vous vous aventurez entre ces mots, vous allez les sentir s'insinuer dans chacun de vos pores. Parce que LA plume vous fait entrer dans la tête des monstres, tous les monstres, même les plus cachés (et parfois ils sont beaux, si beaux). Ce n'est pas seulement une histoire qu'elle vous raconte, ce sont des pensées qu'elle vous fait ressentir. Des émotions qu'elle vous fait éprouver, subir, goûter, comprendre, découvrir. Pleurer.

Tant qu'on n'a pas lu LA plume, on ne sait pas ce qu'est réellement la peur, ni qu'elle est intimement liée à une palette de saisissements beaucoup plus large qu'il n'y paraît.

Quand on ressent, on s'identifie ; empathie. Face à la violence et à la puissance des ébranlements de ces êtres de papier, comment rester de marbre ? La terre n'est pas du plomb, elle vit.

LA plume est habile, elle sait qu'il ne faut pas nous démolir complètement. le Quatre entrecoupe son histoire d'intermèdes narratifs, respirations métaphoriques originales.

Mais pourquoi si court ? Trois cents pages, quand on voudrait rester encore et encore proche de ces personnalités-là. LA plume nous a appris à voler à leurs côtés. L'impression est grisante tant elle sait se transformer en démiurge, comme si elle était dans toutes les têtes. L'atterrissage est brutal, le mal de l'air reste matériel, tactile, tangible bien après l'hallucinant alunissage.

LA plume maîtrise tous les éléments, trie l'air ; thriller. Roman noir par excellence. Mais surtout, elle dompte et domine toutes les émotions, les plus puissantes, les plus vraies comme les plus déformées. Jusqu'à les lâcher ; libres. Sans brides, elles deviennent incontrôlables et vous submergent. Avec de l'amour aussi, beaucoup d'amour.

LA plume a pour nom Maud Mayeras. le Quatre s'appelle Les monstres. Et il vous appelle.
Lien : https://gruznamur.com/2020/1..
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