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Citations sur Sortir du trou et échapper à notre vision étriquée du sexe (41)

p.57. Lever la tête

Nous n’avons pas, notamment en tant que femme, à faire perdurer la conquête parce qu’il faudrait bien « leur laisser ça ». Certains hommes aiment aussi taper leur conjointe ou leurs enfants, arnaquer leurs clients ou harceler leurs voisins : nous n’avons pas à donner aux prédateurs ce qu’ils veulent, sous prétexte que la domination les rassure (qui la domination ne rassurerait-elle pas ?). On n’a pas toujours ce qu’on veut, surtout quand « ce qu’on veut » consiste à réduire l’autre.
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Sortir du trou p.108.

Du Kamasutra original, nous n’avons gardé qu’une liste de positions, qu’une liste de pénétrations. Nous avons oublié les mains, la peau, le massage, le pétrissage, des muscles, le baiser, les caresses, les câlins, les mots, l’odeur, le goût, l’ivresse, les objets, les sensations non pénétrantes, le brossage, la morsure, le léchage, nous avons oublié comment tordre, pincer, frotter, griffer, malaxer, souffler, pour nous concentrer sur la pénétration au-dessus, en dessous, sur les côtés, pénétration du pénis dans le vagin avec des versions rigolotes pour les gays, lesbiennes, triolistes, paresseux, athlètes, chiens, chats, avec des objets ou sans, avec du gras ou pas.
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Sortir du trou p.87.

Le comblement ultime d’une femme est l’enfantement : enfin quelque chose à l’intérieur ! Enfin du remplissage productif ! Lors de l’accouchement on lui infligera une épisiotomie, même sans raison médicale : juste pour le plaisir de couper au-dedans. Après le passage du bébé, le chirurgien inspiré se permettra parfois d’augmenter la parturiente grâce au « point du mari » : ce rétrécissement du vagin qui permet au trou de retrouver toute sa vigueur, quitte à assommer sa porteuse de douleur - rappelant ainsi cruellement à qui bénéficie le trou. En l’occurrence, jamais à celle qui a été trouée.
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Sortir du trou p.43.

Nos intellectuels « derrière lesquels une femme de l’ombre se tient », selon la formule consacrée, s’entre-décernent des Légions d’honneur - quel honneur, exactement ?

Les grands hommes comprennent vite, mais il faut leur expliquer longtemps.
On leur fait remarquer que leur perforation symbolique de l’identité féminine légitime le viol, les violences et le double standard qui veut qu’il n’y ait « pas mort d’homme ».
On leur démontre gentiment, patiemment, que souscrire à cette doctrine est non seulement intellectuellement embarrassant, mais humainement criminel.
On leur garantit que l’envie du pénis est leur fantasme - et qu’on ne peut pas être un homme et décréter comme ça, unilatéralement, quels sont les désirs inconscients des femmes.
On leur rappelle qu’un gentleman bien élevé ne parle pas à la place des autres, que ça ne se fait pas.
On agite sous leur nez des évidences : pour vouloir un pénis, encore faudrait-il que nous n’ayons rien à la place - mais nous avons quelque chose, qui n’est pas un trou.
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Sortir du trou p.35-6.

Premier rapport sexuel : le consensus veut qu’il ait lieu par pénétration vaginale. Le reste n’existe pas, ne correspond pas aux définitions en vigueur. La jeune femme qui voudrait sodomiser son copain consentant, ou sa copine, n’aurait pas de rapport sexuel. Bon. D’accord. Au royaume de l’absurde, on avale cinq fruits et couleuvres par jour.
Selon la culture, le premier rapport fera mal.
Selon la nature, bof, ça dépend.
Au cours d’éducation sexuelle, on n’a rien fait pour que ça se passe bien - on s’est juste assuré que personne ne s’infecte ou ne s’engrosse. On n’a parlé ni de préparation ni de désir, pour quoi faire ?
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Sortir du trou p.34.

Au commencement (de notre culture) était le pénis.
Évidemment.

Au commencement étaient le pénis et la nécessité de le tremper quelque part.
C’est comme ça, c’est la nature. Les scientifiques adeptes des théories évolutionnaires légitiment ainsi (encouragent ainsi) non seulement les comportements priapiques, agressifs, irresponsables des hommes, mais carrément le viol.
« Les pauvres hommes, c’est leur nature. Ils cherchent juste à se reproduire, d’ailleurs regardez, ils préfèrent les très jeunes filles - les plus fertiles. »
Ou bien les très jeunes filles : les plus fragiles. Les plus timides. Celles qui n’ont pas encore suffisamment d’expérience de gardiennage - celles qui n’ont pas encore intégré qu’aux femmes on demande surtout d’être gardiennes du trou (croisez les jambes, jeune demoiselle : on ignore quels orages et déferlements de rage pourraient s’y infiltrer et, pire encore, on pourrait voir- quoi ? ).

« La nature est bien faite », disent les esthètes éduqués qui n’accouchent pas dans la douleur, ne sont pas nés handicapés, dont la famille n’a pas été ravagée par une épidémie, et dont les proches dorment ) l’abri des ouragans, des scorpions ou des grizzlis.
La nature est bien faite quand on n’est pas du côté trou de l’androgyne.
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La femme idéale n'est pas seulement un garage à bites mais un garage à couilles, mains, jusqu'aux coudes, garages à ambitions, pensées, égarements de l'esprit ou traits de génie.
La femme arrive à ranger tout cela dans son vide intérieur. Elle a une propension au ménage, c'est bien connu: elle réorganise, classe - derrière chaque homme puissant se tient la femme-esclave qui a remis les notes au propre, refait les calculs, écouté les divagations avec cette patience propre au vide.
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Alors d'accord, je ne suis pas commode - c'est la condition de ma patience.
Je ne suis pas dévouée- c'est la condition de ma générosité.
Je suis terriblement arrogante - c'est la condition de mon désir.
Je ne m'en excuse pas - personne ne devrait s'excuser d'exiger sa dignité.
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Si vous ne voulez pas être jugé/e [sur vos compétences sexuelles], vous demandez que l'intelligence de votre partenaire ne s'exerce pas. C'est une demande déraisonnable, qui insulte vos amant/es, et qui vous insulte vous-même.
Le problème n'est pas d'être jugé. Le problème est de faire le cancre par peur du jugement.
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C’est une retraite, une cachette, un temple aussi : pour le repos du guerrier.
Ce repos passe forcément par le trou : après l’épuisement de l’héroïsme, le retranchement. Au chaud.
Paradoxalement, le repos du guerrier passe par un acte sexuel qui fait momentanément disparaître son pénis.
Comme quoi, se reposer, c’est surtout se reposer d’être une bite.

Le trou est un refuge, et tout refuge est solitaire. On nous a bien expliqué que l’enfer c’est les autres.
Deux, c’est déjà l’intranquillité. Ces choses-là ne se partagent pas.
En toute logique cette exclusivité exclut : au premier titre, la propriétaire des lieux.
L’idéologie du trou chasse la femme de son propre corps.
Qu’on comprenne et excuse : les hommes ont besoin de toute la place. (« C’est comme ça, ils sont plus grands et massifs. Boys will be boys et des loups pour la femme. »)
S’il faut se nicher tout entier là-dedans, alors il faut en virer l’occupante – c’est même pour cette raison qu’on explique aux petites filles qu’elles sont trou. Afin que très jeunes elles apprennent que rien de notre intériorité ne mérite qu’on s’y attache, pas même le moindre organe, pas même le moindre nerf – une illusion que tout cela et puis surtout, quelle vanité ! Croire qu’on est maîtresse de son corps ? Quelle insolence
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