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EAN : 9782843379291
300 pages
Anne Carrière (10/01/2020)
3.78/5   48 notes
Résumé :
Mal en point, la sexualité contemporaine ? Désenchantée, tout au moins.

Perturbée par les questions soulevées par le mouvement MeToo, mais aussi par la baisse internationale de libido, les enjeux de pouvoir, les injonctions irréalistes. Avec, pour résultat, une immense lassitude.

La faute à qui, à quoi ? À une sexualité pensée comme une affaire d’orifices, à un imaginaire qui réduit les femmes à un vide à combler, alors qu’elles possède... >Voir plus
Que lire après Sortir du trou et échapper à notre vision étriquée du sexeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Un joli double livre, « Sortir du trou », et « Lever la tête » l'un à l'endroit et l'autre à l'envers comme un 69, qui se contrastent par les couleurs du fond et du titre tel le yin et le yang. Tel l'absurde de notre monde d'humains versus ce que devrait être notre monde d'humains.

Ce qui m'a en premier lieu marqué dans Sortir du trou est qu'environ 469 fois, le mot trou et ses déclinaisons ont été dites en 179 pages.

Mais à part cela, Maïa Mazaurette nous explique que notre culture du XXIe siècle est de pire en pire sur la condition féminine : ça commence par l'éducation, la sexualité, le commerce du corps des femmes et ne pas se sentir en sécurité à tout moment de leur vie.

En premier lieu ce manque d'éducation qui est encore imprégné de cette mentalité catho-rétro qui fait qu'on reste dans l'ignorance, et qui si on cherche à apprendre par soi-même on est perdu, puisque nous sommes tellement entourés de mensonges par cette majorité.
Comment les filles, les femmes, les garçons, les hommes peuvent apprendre à se connaître et à connaître l'autre quand cette éducation est faite par des hommes qui ne connaissent rien, dénie la vérité et imposent leur avis par leur statut social de psychanalyste, psychiatre, psychologue, médecin, scientifique... ?!
Et si une femme dit son avis sur son ressenti, sur son corps, trop souvent elle est diminuée, écrasée, critiquée, voire traité de folle et enfermée par des hommes qui ne veulent pas que la femme soit leur égale. Car hélas un grand nombre d'hommes veulent que la femme, reste leur propriété, reste soumise comme du bétail.

Puis quand vient le cours d'éducation sexuelle au collège ou lycée, à part donner un préservatif et omettre tout le reste, nous avons de sérieuses lacunes !

Cela a des conséquences donc sur les comportements masculins qui ne voient dans les femmes qu'un trou à combler via leur pénis, et certains s'étonnent encore de ce qui se passe tous les jours (ou ne s'étonnent plus et banalises) des : viols, violences, harcèlements, et cela dehors, au travail, à l'école, au sport et chez soi !
Et pour les femmes cela les font vivre dans un monde encore plus sauvage, plus à risques qui pour beaucoup peuvent avoir ou auront un traumatisme ou vivront, hommes compris hélas dans le déni de ces violences.


Dans le second ouvrage Lever la tête, Maïa Mazaurette, nous rappelle la réalité de la communication dans un couple. Ce qui doit être fait ou pas, des conséquences de nos actes. Maïa nous donne une base pour celles et ceux qui ne l'ont pas, ainsi que des conseils et des idées pour aller plus loin. Et ça donne envie ♥



Merci à la masse critique de février, aux Éditions Anne Carrière et surtout a l'autrice Maïa Mazaurette pour son livre :)
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J'ai découvert Maïa Mazaurette en écoutant le podcast Les couilles sur la table (épisodes #54 et #55), et ses propos m'avaient interpellée : ils avaient déclenché en moi de nombreuses interrogations. Alors, il m'a semblé naturel de continuer ma découverte de Maïa Mazaurette en lisant ce nouvel ouvrage édité chez Anne Carrière dans la collection Sex Appeal.

— Attention Maïa Mazaurette s'attache seulement à la sexualité hétérosexuelle —

Ce livre est original de par sa conception car ce n'est pas un livre mais deux, ou alors un livre-double. D'un côté, la couverture marron invite à "sortir du trou et échapper à notre vision étriquée du sexe", tandis que quand on retourne l'ouvrage, la couverture blanche invite à "lever la tête et inventer un nouveau répertoire érotique". Ces deux parties ne vont pas l'une sans l'autre. La deuxième complète la première. Je pense qu'il faut effectivement d'abord sortir du trou avant de lever la tête.

Parlons maintenons du trou. Notre sexualité, dans la société actuelle est d'après Maïa Mazaurette qu'une affaire de trou. En raccourci, la femme est un trou qui doit être comblé par un pénis. Trouver le trou. Rentrer dans le trou. Y trouver son plaisir et pourquoi pas en donner.

Mais quelle femme aime être assimilée à un trou ? Et surtout de quel trou parle-t-on ? En tant que femme, je n'ai pas l'impression d'être pourvue d'un quelconque trou ou d'en être un !

"Le corps n'est pas découpé en genres, il n'est pas non plus découpable en morceaux.
En tant que femme, je ne suis pas un trou, pas un vide. Je suis pleine, non castrée, intègre.
Cette plénitude est fluide. Elle est en mouvement, ne condamne pas à la stase – elle préfère l'ex-stase.
La plénitude s'émancipe des trous et des bosses, des coups et des bosses, des gouffres et fossés entre nous.
La plénitude est à la fois outil et objectif sexuels.
La condition de cette plénitude est que nous prenions nos corps dans leur entier et que plus jamais on ne coche les cases (barrez les mentions inutiles) clitoridienne, vaginale, utérine, anale, buccale, mammaire, épidermique, auditive, visuelle, cérébrale – comme ni notre corps pouvait se prémâcher en suivant les pointillés."

Alors, Maïa Mazaurette dénonce, et explore toutes les facettes de ce fameux trou. Trou qu'on retrouve sur les schémas d'anatomie, mais en réalité ? Nous, les femmes, ne sommes-nous pas à l'instar des hommes pourvues d'un sexe ? D'un sexe qui n'est pas obligé d'être pénétré pour entraîner la jouissance, la nôtre ou la leur. La femme n'est pas un trou, elle est un être humain, pourvu d'un sexe, mais pas un trou !

"Je ne suis pas un trou, mais ils me traiteront en trou, ou réduiront d'autres femmes."

Mais il est difficile d'entériner cette vieille théorie du trou. Elle semble tellement ancrée dans l'Histoire, dans la psychologie humaine, et perdure à travers les époques. Ce trou écrase la femme, lui donne une perception tronquée d'elle-même, une image artificielle d'elle même et l'empêche d'être et d'évoquer son propre corps. Et a des conséquences sur les comportements des hommes. Alors, il est temps de sortir de ce trou et entamer une sexualité épanouie, n'est pas chose simple mais c'est essentiel.

C'est pourquoi, dans la deuxième partie du livre, Maïa Mazaurette nous propose de redresser la tête et nous explique qu'une autre sexualité est possible.

"Tout cela se combine. Non, vous ne ferez pas « le tour de la question » – jamais."

Inventons-nous, réinventons le plaisir. Communiquons aussi, beaucoup ! Parlons-nous, exprimons-nous. Disons à l'autre ce qu'on aime, ce qu'on n'aime pas. Rassurons-nous. Respectons-nous. Ne nous mentons plus. Épanouissons-nous. Soyons heureux dans nos sexualités.

En bref, dans Sortir du trou, lever la tête, Maïa Mazaurette nous explique pourquoi il faut changer notre vision de notre sexualité et ensuite comment y parvenir. Un essai particulièrement réussi, au ton cassant et rentre-dedans. Un livre pour éclairer notre perception de la sexualité et prendre conscience. La prise de conscience me semble la première étape, avant de s'engager dans le changement.
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Pour commencer, le livre est un très bel objet en soi, avec ses deux couvertures inversées. On commence à lire d'un côté, et quand on a terminé, on le retourne et on lit le deuxième côté.

Les deux essais sont très différents et pourraient, il me semble, se lire indépendamment l'un de l'autre.

Sortir du trou est écrit nerveusement, avec des phrases courtes, des paragraphes courts et des chapitres tout aussi courts. Il analyse et conteste la vision de la femme-trou dans nos sociétés. Un trou sexuel mais aussi métaphorique, avec la femme qui doit ne pas prendre trop de place, ne pas parler trop fort, le développement personnel qui lui dit de faire le vide en elle,...
C'est un essai coup de poing, volontairement provocateur, avec quelques bonnes punchlines misandres qui m'ont fait éclater de rire.

Lever la tête adopte un autre style de rédaction plus apaisant. Il propose un autre paradigme de la sexualité. Loin d'un "livre de recettes", il propose des pistes de réflexion sur l'état de nos sexualités et des propositions de changements. Mon seul bémol concerne les quelques "des études ont montré que" sans aucune référence aux études en question. Il faudra donc croire l'autrice sur parole. Ceci dit, l'ouvrage ne se veut pas scientifique, cela n'affaiblit donc pas vraiment le propos.

Sortir du trou/Lever la tête ne vous apprendra donc pas à devenir un bon coup, la notion même de bon coup étant contestée dans l'ouvrage, mais vous fera vous poser des questions sur le pourquoi et le comment de la sexualité.
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J'ai adoré ce livre ! La première partie peut laisser penser que tout est perdu, mais il est nécessaire de déconstruire avant de proposer autre chose, et l'autrice le fait très bien. J'ai trouvé cette lecture énervante, révoltante même, mais aussi bouillonnantes d'espoirs et de propositions, de portes entrouvertes qu'il ne tient qu'à nous de franchir, seul, a deux (ou plus ?). Cet ouvrage m'a aussi donné l'opportunité de mettre des mots et / ou des explications sur certaines réalités et surtout d'en envisager d'autres par moi même, ce qui est un atout non négligeable en cette époque où tout ce que nous devrions pensé pour être de bons êtres humains nous est suggéré (que devons-nous porter, que manger, qui aimer, quels films apprécier et quelles opinions politiques avoir). Merci de ne pas être tombée dans le piège d'un énième manuel de sexe mais plutôt de nous pousser à la réflexion qui, je le précise si cela ne vous a pas sauté aux yeux, va en réalité bien au-delà du "sexe", qui ne peut être séparé complètement de la vie, de la société et du système dans lequel nous évoluons. Pour terminer, je me répète en recommandant vivement cette lecture !
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J'ai découvert l'auteur dans un podcast Les couilles sur la table et eu envie de lire ce drôle de livre « deux en un », qui s'attache à démonter nos représentations figées de l'hétérosexualité. Si je souscris sans réserve au postulat que les femmes ne sont pas des trous, j'ai trouvé sa répétition un peu excessive dans le premier livre. le deuxième m'a beaucoup plus intéressée, qui propose d'autres perspectives, pratiques et lieux ressources pour les mettre en application. le terme « propose » n'est pas vain, tant le propos se garde de tout jugement pour justement redonner à chacun et chacune la liberté de jouir (ou pas) de son corps comme il ou elle l'entend. En cela ce livre m'en rappelle un autre, qui m'avait fait un effet comparable : « Être soi dans le plaisir », de Maïté Sauvet (2006).
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Sortir du trou p.34.

Au commencement (de notre culture) était le pénis.
Évidemment.

Au commencement étaient le pénis et la nécessité de le tremper quelque part.
C’est comme ça, c’est la nature. Les scientifiques adeptes des théories évolutionnaires légitiment ainsi (encouragent ainsi) non seulement les comportements priapiques, agressifs, irresponsables des hommes, mais carrément le viol.
« Les pauvres hommes, c’est leur nature. Ils cherchent juste à se reproduire, d’ailleurs regardez, ils préfèrent les très jeunes filles - les plus fertiles. »
Ou bien les très jeunes filles : les plus fragiles. Les plus timides. Celles qui n’ont pas encore suffisamment d’expérience de gardiennage - celles qui n’ont pas encore intégré qu’aux femmes on demande surtout d’être gardiennes du trou (croisez les jambes, jeune demoiselle : on ignore quels orages et déferlements de rage pourraient s’y infiltrer et, pire encore, on pourrait voir- quoi ? ).

« La nature est bien faite », disent les esthètes éduqués qui n’accouchent pas dans la douleur, ne sont pas nés handicapés, dont la famille n’a pas été ravagée par une épidémie, et dont les proches dorment ) l’abri des ouragans, des scorpions ou des grizzlis.
La nature est bien faite quand on n’est pas du côté trou de l’androgyne.
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p.229. Lever la tête

Plus amusant, mais tout aussi décomplexant : chez les Grecs, le petit pénis était le gage d’une virilité sous contrôle, responsable, adulte. Le gros pénis au contraire suscitait la méfiance : « gros pénis » était une insulte².

2. Imaginez Platon se retournant dans sa tombe en observant notre frénésie pornographique, notre consommation de Viagra et nos chirurgies agrandissantes...
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Sortir du trou p.43.

Nos intellectuels « derrière lesquels une femme de l’ombre se tient », selon la formule consacrée, s’entre-décernent des Légions d’honneur - quel honneur, exactement ?

Les grands hommes comprennent vite, mais il faut leur expliquer longtemps.
On leur fait remarquer que leur perforation symbolique de l’identité féminine légitime le viol, les violences et le double standard qui veut qu’il n’y ait « pas mort d’homme ».
On leur démontre gentiment, patiemment, que souscrire à cette doctrine est non seulement intellectuellement embarrassant, mais humainement criminel.
On leur garantit que l’envie du pénis est leur fantasme - et qu’on ne peut pas être un homme et décréter comme ça, unilatéralement, quels sont les désirs inconscients des femmes.
On leur rappelle qu’un gentleman bien élevé ne parle pas à la place des autres, que ça ne se fait pas.
On agite sous leur nez des évidences : pour vouloir un pénis, encore faudrait-il que nous n’ayons rien à la place - mais nous avons quelque chose, qui n’est pas un trou.
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p.199. Lever la tête

Plus haut dans cet essai, j’ai donné une recommandation : prendre son temps, et toujours, encore plus de temps. J’en arrive à ma deuxième recommandation : les hommes devraient se donner la chance de découvrir leur plein potentiel de plaisir - et les femmes, leur plein potentiel de pénétrantes. Au moins une fois.
Par ailleurs, une ultime précision : la pénétration d’un homme par une femme n’est pas un rituel d’humiliation, elle n’appartient pas nécessairement au royaume de la femdom (domination féminine), comme la pop culture le suggère. Il peut s’agir d’un rituel d’adoration, d’un non-rituel, d’un simple jeu... ou d’une déclaration d’amour : « Même si notre culture sexuelle te dénie, en tant qu’homme, un corps sensuel au-delà du seul pénis, je t’accepte dans ton entièreté. Et de ta jouissance je ne négligerai pas une miette. »
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C’est une retraite, une cachette, un temple aussi : pour le repos du guerrier.
Ce repos passe forcément par le trou : après l’épuisement de l’héroïsme, le retranchement. Au chaud.
Paradoxalement, le repos du guerrier passe par un acte sexuel qui fait momentanément disparaître son pénis.
Comme quoi, se reposer, c’est surtout se reposer d’être une bite.

Le trou est un refuge, et tout refuge est solitaire. On nous a bien expliqué que l’enfer c’est les autres.
Deux, c’est déjà l’intranquillité. Ces choses-là ne se partagent pas.
En toute logique cette exclusivité exclut : au premier titre, la propriétaire des lieux.
L’idéologie du trou chasse la femme de son propre corps.
Qu’on comprenne et excuse : les hommes ont besoin de toute la place. (« C’est comme ça, ils sont plus grands et massifs. Boys will be boys et des loups pour la femme. »)
S’il faut se nicher tout entier là-dedans, alors il faut en virer l’occupante – c’est même pour cette raison qu’on explique aux petites filles qu’elles sont trou. Afin que très jeunes elles apprennent que rien de notre intériorité ne mérite qu’on s’y attache, pas même le moindre organe, pas même le moindre nerf – une illusion que tout cela et puis surtout, quelle vanité ! Croire qu’on est maîtresse de son corps ? Quelle insolence
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