Citations sur Sortir du trou et échapper à notre vision étriquée du sexe (41)
p.229. Lever la tête
Plus amusant, mais tout aussi décomplexant : chez les Grecs, le petit pénis était le gage d’une virilité sous contrôle, responsable, adulte. Le gros pénis au contraire suscitait la méfiance : « gros pénis » était une insulte².
2. Imaginez Platon se retournant dans sa tombe en observant notre frénésie pornographique, notre consommation de Viagra et nos chirurgies agrandissantes...
Bien sûr que le corps compte.
Comment célébrer cette beauté sans tomber dans les écueils d'une esthétisation absurde et obsessionnelle, telle qu'on la trouve dans les médias et les réseaux sociaux ? En rappelant que la beauté est une coproduction. C'est-à-dire qu'elle s'ancre autant dans les corps que dans le regard que nous posons sur ces corps. Par chance, la beauté est suffisamment multiforme pour qu'on puisse la faire advenir : quand elle se cherche, elle se trouve
Ils se vantent d'être incapables de se contrôler. Leur libido est un tigre bondissant, prêt à les dévorer vivants: un vocabulaire de l'indomptable, du sauvage et du dramatique.
Dotés d'un pénis aussi exigeant, on se demande comment les hommes ont inventé la roue.
La condition de cette plénitude est que nous prenions nos corps dans leur entier et que plus jamais on ne coche les cases (barrez les mentions inutiles) clitoridienne, vaginale, utérine, anale, buccale, mammaire, épidermique, auditive, visuelle, cérébrale – comme ni notre corps pouvait se prémâcher en suivant les pointillés.
p.224. Lever la tête
Par ailleurs, précisez vos désirs. Demandez-vous ce qui précisément vous fait envie, ce qui précisément vous manque : le sexe, le/la partenaire, la tendresse, l’aventure ? Essayez de dérouler cette pelote de désirs.
p.199. Lever la tête
Plus haut dans cet essai, j’ai donné une recommandation : prendre son temps, et toujours, encore plus de temps. J’en arrive à ma deuxième recommandation : les hommes devraient se donner la chance de découvrir leur plein potentiel de plaisir - et les femmes, leur plein potentiel de pénétrantes. Au moins une fois.
Par ailleurs, une ultime précision : la pénétration d’un homme par une femme n’est pas un rituel d’humiliation, elle n’appartient pas nécessairement au royaume de la femdom (domination féminine), comme la pop culture le suggère. Il peut s’agir d’un rituel d’adoration, d’un non-rituel, d’un simple jeu... ou d’une déclaration d’amour : « Même si notre culture sexuelle te dénie, en tant qu’homme, un corps sensuel au-delà du seul pénis, je t’accepte dans ton entièreté. Et de ta jouissance je ne négligerai pas une miette. »
p.197. Lever la tête
Je me permets de pousser cette logique un cran plus loin : si les hommes ne sont pas prêts à utiliser leur prostate, alors ils ne sont pas prêts à faire l’amour. Parce qu’ils ne se donnent pas entièrement. À l’ère actuelle, la logique de la rétention masculine n’est plus recevable... à moins que cette rétention soit payée de retour. Si on restreint sa sexualité à un demi-corps, très bien. Mais demander à son/sa partenaire de donner le sien tout entier flirte avec le ridicule.
p.168. Lever la tête
Les discours diffèrent selon les personnes concernées : les femmes sont invitées à se connaître pour mieux s’« offrir » (le plaisir solitaire ne serait donc pas si solitaire que cela, il serait au contraire pris pour mieux être « rendu » aux futurs partenaires¹ ), tandis que les hommes sont supposés se débarrasser de leurs pulsions (l’emploi du mot « pulsion » impliquant une urgence qui légitime tous les abus).
1. Et ce n’est pas faux : en expérimentant, on améliore ses performances. Nous ressentons plus facilement du plaisir, et nous en donnons plus facilement, y compris dans les rapports hétérosexuels : les corps féminins et masculins fonctionnent quasiment sur les mêmes modalités - quand on se connaît soi-même, a priori, on connaît aussi l’autre. Socrate aurait adoré.
p.93-4. Lever la tête
J’aimerais insister sur ce point : malgré notre hallucination collective à ce sujet, le pénis réel est flaccide. Même si un homme arborait une érection pendant une heure chaque jour (toutes mes condoléances), son pénis serait, toujours à 95% flaccide (et même à 95,16%). Il est donc temps de représenter les pénis, dans les toilettes et dans nos têtes, comme ils le sont dans la peinture classique et dans vos canapés : au repos.
p.60. Lever la tête
En l’occurrence, l’affection permet de poser sa vulnérabilité là où elle sera récompensée, acceptée, là où elle nous fera grandir. Précisons : la vulnérabilité, ce n’est pas seulement faire preuve de faiblesse, ruminer les traumatismes du passé ou se vautrer dans ses angoisses. C’est aussi dire : « Quand tu touches, là, quelque chose se passe. »
Et dans le cas des personnes blessées : « Quand tu touches, là, quelque chose peut être guéri. »