Je peux vous assurer qu'on ne court pas de plus grand danger que quand on se sent parfaitement en sécurité.
Son père soupira.
- Tu serais un gentleman-farmer, dit-il. Tu le sais, n'est pas ?
Le jeune Woodhouse sourit.
- Je n'ai jamais vraiment compris ce concept. Quelle est la différence exacte entre un gentleman-farmer et un simple fermier ?
Cette question provoqua l'embarras de son père.
- Tu ne veux pas que je te fasse un dessin, non plus, dit-il. En fait, ce n'est pas une question a laquelle on aime répondre. Et je suis surpris que tu ressentes le besoin de la poser. Un gentleman-farmer....
Il marqua une pause, puis reprit :
- Un gentleman-farmer ne cultive pas vraiment ses terres, si tu vois ce que je veux dire. Il ne fait pas le travail lui même. En général, il le délègue a quelqu'un, a moins....
- A moins que quoi ?
- A moins qu'il n'ait pas d'argent. Dans ce cas il doit le faire lui-même.
- Comme nous ? Nous n'avons pas d'argent, c'est ça ?
- Non, nous n'en avons pas. Autrefois, si, mais plus maintenant. Et il n'y a rien de déshonorant la-dedans. C'est parfaitement honorable de ne pas avoir d'argent. C'est même souvent le signe d'une bonne éducation.
- Et un signe de pauvreté aussi ?
Il eut un autre soupir.
- Je trouve qu'il est inutile de s'attarder davantage sur le sujet.
- La vie après vingt ans ? avait dit Isabella à une amie. Je n’y crois pas une seconde.
- Tu n’es quand même pas au seuil de la mort quand tu as plus de vingt ans, avait répliqué son amie. Peut-être un peu sur le retour, mais pas finie.
- Ça vient plus tard.
- Oui, à quarante ans. »
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