AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de tristanledoux


On ne va pas raconter l'histoire (Marie Darieusseq le fait très bien dans le Monde du 1/3/23).

Un mot sur le style stupéfiant de ce roman. (J'ai souvent eu envie de consulter le texte anglais pour savoir comment le traducteur était parvenu à restituer en français une langue aussi ésotérique). On dirait, passé au blender, un mélange de Shakespeare, Milton, Céline et San Antonio, sans oublier Faulkner et Joyce, pourquoi pas. Dit comme ça, ça reste très vague, bien sûr, mais que cela ne vous empêche pas de vous lancer : on ne s'arrête pas. La magie opère, même si c'est parfois un peu fatigant de suivre certaines élucubrations visionnaires de personnages hallucinés par d'autres personnages, qui passent d'une sphère mentale à une autre. Les situations émergent presque exclusivement des dialogues. Ceux-ci sont souvent brutaux, argotiques, imprégnés de gnôle, laquelle pousse au délire verbal. Mais la profondeur des pensées affleure toujours du fatras d'images. Deux passions irréductibles sauvent l'âme de ce damné qu'est Western, le héros très viril du roman : son amour démesuré pour une soeur morte très jeune et pour la physique des particules. C'est ce qui le met en fuite vers nulle part et en fait un passager, lui qui se croit poursuivi par le passager manquant d'un avion échoué en mer dont il a eu pour mission d'explorer l'épave. Bon, à part ça il y a des trésors, des poursuites, des menaces, des morts, des paysages, un peu d'histoire américaine et de la solitude, une grande solitude. Quand le narrateur décrit, ça donne ce genre de vision : "... il s'aventurait dans l'eau noire caressante et plongeait et nageait par-delà la crête des vagues lentes et il se retournait et se laissait flotter sur la houle et contemplait les étoiles dont quelques-unes s'arrachaient à leurs amarres et parcouraient la grande salle du minuit dans leur chute d'une ténèbre à l'autre." (p.533).
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}