Alors qu'il contemplait ce spectacle, au-dessus de la foule et des voitures silencieuses, Everett sentit soudain un noeud, aussi gros et dur qu'un poing, lui vriller l'estomac. Avec un goût de poison. Il lui fallut un certain temps pour identifier cette douleur. C'était la solitude.
Tout ce qui est important se retrouve dans les livres, lui avait dit son père. Si tu retires ça d'internet, il ne reste que des opinions.
Dans des espaces dégagés se dressaient despavillons coiffés de dômes et des halles abritées par des toits en forme de coquillages. Au coeur de ces jardins, sur un lac artificiel, s'étendait un vaste palais aux innombrables arcades qui s'élevaient jusqu'à un gigantesque dôme central recouvert d'or.
Il pourrait peut-être arrêter un taxi et lui demander de suivre cette voiture. Son père lui avait dit un jour que chaque chauffeur de taxi rêve d'entendre prononcer cette phrase. Mais à supposer qu'il parvienne à retrouver la voiture noire dans la circulation londonienne, que pourrait-il faire contre ces trois costauds qui avaient soulevé son père comme un simple chaton ? Il n'était pas dans une bande dessinée. Les super-héros n'existaient pas.