Ce qu'il y a de triste, dans le romantisme, c'est que la réalité n'est jamais à la hauteur des fruits de l'imagination et que la déception est par conséquent inévitable. Dans le monde réel, il reste toujours des coins d'ombre, la tapisserie pèle le long des plinthes, le porte-parapluies a perdu un de ses chérubins et certains carreaux sont craquelés.
Laisser l’initiative à l’opposant relève toujours d’une piètre stratégie. Miyamoto Musasbi [une des figures emblématiques du Japon, maître bushi, philosophe et le plus célèbre escrimeur de l'histoire du pays (merci Wikipédia)] n’a-t-il pas déclaré qu’il faut « presser l’oreiller de son adversaire »… autrement dit l’empêcher de relever la tête. Contrer toutes les actions pouvant servir ses intérêts et n’autoriser que celles qui ne lui rapporteront rien, telle est la voie de la stratégie.
J'ai de tout temps existé... le jeune guerrier héroïque, le protecteur et libérateur de son peuple destiné à mourir en pleine fleur de l'âge.
J'étais présent bien avant que l'homme ne commence à apporter de l'importance à son histoire. J'ai été [...] un idéal impérissable. On dit qu'il n'y a en ce siècle pas de place pour les héros, pour les mythes et les légendes mais la nature des hommes est immuable.
[...] nul amour n'est aussi tenace que celui qui n'est pas payé de retour.
La prêtrise n’a pas toujours été l’apanage des hommes. Dans les sociétés préhistoriques, le rôle de gardien des mystères était principalement dévolu aux femmes. Si la magie masculine est centrée au sein des peuples primitifs sur les exigences de la chasse, les femmes – en tant que gardiennes du feu et du foyer, ainsi que des insondables mystères de la procréation et de la fertilité – ont élaboré une magie, un ensemble de croyances, qui dépasse les simples besoins matériels pour englober des conjectures d’ordre philosophique et symbolique.
Ai-je pris pour la réalité ce qui n'était que le songe d'une nuit d'été ?
Le fer est le fléau du grand peuple des fées,
car depuis que les Celtes ont appris à forger
dans ce métal leurs lances ainsi que leurs épées,
pour chasser de leurs terres ceux qui sont leurs aînés,
leurs dieux et leurs mystères, ils ont éliminés.
De tout temps, les gens ont trouvé en vieillissant que le monde sombrait dans une démence de plus en plus grande. Je ne saurais dire si c'est ou non une réalité. Il me semble détraqué, mais il n'en a jamais été autrement ; et la santé mentale que je lui attribuais devait être due à la folie qui m'affectait également.
Une pensée angoissante m’assaille au cœur de la nuit : n’avons-nous pas perdu d’une manière ou d’une autre la capacité d’engendrer de nouveaux mythes adaptés à une société technologique ? Nous nous rabattons vers des archétypes mythiques d’un autre âge, une époque où les problèmes étaient plus simples que les nôtres, parfaitement définis. Il était alors possible de les résoudre d’un coup d’épée, une armée baptisée Duralibur ou quelque chose d’approchant. Nous avons créé un monde pseudo-féodal rassurant et stérilisé de trolls, d’orques, de mages, de chevaliers, de guerrières aux seins aussi plantureux que leurs armures sont succinctes et de Maîtres du Jeu ; un monde où le mal est personnifié par des hordes de méchants gobelins qui veulent envahir le pays des gentils Hobbits et non par la famine dans la corne de l’Afrique, l’esclavage des enfants dans les ateliers philippins, les caïds de la drogue colombiens, une économie de marché sans aucun garde-fou, les polices secrètes, la destruction de la couche d’ozone, la pornographie enfantine, les snuff movies, le massacre des baleines et la déforestation des tropiques.
Où est le héros qui nous sauvera d’une catastrophe écologique ou qui renflouera un compte drainé par une carte de crédit ? Où sont les Sagas et les Eddas des grandes cités ? Où sont nos Cuchulain, Roland et Arthur ? Pourquoi nous tournons-nous vers ces guerriers d’une époque où tout était plus simple, quand le noir était noir et le blanc aussi blanc qu’un drap lavé avec une lessive bio ?
Vous me demandez si le monde a perdu son âme?[...] Je répondrai que si nous pouvons l'envisager, c'est parce que nous avons perdu notre "présent". Nous ne savons plus apprécier les instants que nous vivons... nous sommes devenus insensibles au plaisir d'être. Le présent n'est plus qu'un intermède sans intérêt qui nous sépare d'un avenir quant à lui plein d'attraits. L'homme est impatient, constamment désireux d'être là où il n'est pas encore. Nous ne pouvons nous contenter de ce que nous avons à un moment donné. Devenir est tout, être n'est plus rien. Nous avons oublié le sacrement du monde présent.