Écrire une critique sur ce roman graphique, c'est un peu comme le serpent qui se mord la queue, le sujet même du livre est sa propre critique, d'ailleurs, une mise en abîme apparaît régulièrement au fil des pages.
Un immeuble habité par différentes personnes, on passe de l'un à l'autre de ses habitants, un peintre en mal d'inspiration, un écrivain vivant caché, la concierge, un musicien, une femme qui a perdu son mari… et un chat de gouttière qui semble faire le lien entre tous ces personnages, passant d'un appartement à lautre. J'ai eu en tête "
La vie, mode d'emploi” de
Georges Pérec. On semble déambuler autour de ce microcosme, abordant des sujets divers, le sujet de la création artistique, son accueil vis à vis du public, la vie, les relations, tout un univers à dénicher au fil des pages. je vous conseille l'analyse de Présence, :
« du coup, le plaisir de lecture dépend de l'investissement et de l'implication du lecteur dans son interprétation, de sa capacité à se mettre en phase avec les personnages, avec le ressenti de l'auteur. »
Les clés sont à trouver vous même, la plus évidente, c'est la référence
Salman Rushdie avec le personnage de Jonathan Rush, mais il y en à tout un trousseau, il m'en reste surement encore beaucoup à découvrir. c'est une “oeuvre ouverte” selon la définition d'
Umberto Eco. Elle prendra des aspects variés suivant les différentes lectures. Assez hermétique, mais plutôt réjouissant, nous invitant à la réflexion.
Le graphisme participe à cette réflexion : brut et anguleux, en noir, agressif et vif, agrémenté dune couleur comme en bichromie, parfois certaine vignettes sont une peinture en soi, parfois la couleur vient ponctuer, devenant même l'opposé de la sècheresse du graphisme général, évanesçant, brouillé, mêlé parfois de photos. Parfois les formes tendent vers plus d'abstraction, le graphisme évolue au fil des doutes, des questionnements.
Je crois que je n'arriverai pas à en dire plus, il n'y a pas vraiment d'histoire, il y a “DES” histoires, certaines triviales, d'autre sensible, d'autre encore fantastique.
Dave McKean nous offre ses doutes, ses questionnements, à nous d'y coller les nôtres.
J'ai adoré, mais c'est totalement subjectif.