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4,22

sur 938 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est l'histoire de deux potes qui se cherchent au début des années 90, deux potes qui surnagent dans une Irlande en pleine guerre civile. L'un est catholique et l'autre est protestant. L'un est ultra sensible et vit des histoires d'amour à répétition qui se concrétisent ou non. L'autre est le roi des magouilles et a toujours la bonne idée pour gagner quelques ronds au milieu du marasme irlandais. Deux personnages attachants campés par Robert McLiam Wilson. Ils finissent par croiser des évènements dramatiques et l'humour qui revient à plusieurs reprises dans les dialogues et dans les situations n'est pas la seule teinte de ce roman à part. Je découvre l'auteur avec ce livre que j'avais depuis un moment et je ne suis pas déçu. Les non-sens du conflit irlandais et plus globalement de la guerre ne sont pas en reste au fil du récit. On prend beaucoup de plaisir à suivre Jake, Chuckie et sa bande dans ces histoires pleines d'humanité.
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Quand on me parle de Belfast et de l'Irlande du Nord, ce qui me vient en premier en tête, c'est les guitares acérées des Cranberries qui résonnent comme un écho lointain aux explosions et aux cris de douleur qui ont marqué la ville (le pays) jusque vers la fin des années 2000, années lors desquelles les différents groupes armés prendront la décision de déposer les armes. Les paroles de la chanson "Zombie", avec leur lourd refrain, et les images sordides du clip, décrivent à merveille l'image que je peux me faire de cette période de "dimanches  sanglants" (sunday bloody sunday pour les fans de U2) : des personnages errant, tels des âmes perdues entre les décombres d'une ville scarifiée par le conflit.

Mais si, comme moi, vous pensiez que Belfast se résumait à rien d'autre que ça, vous pouvez vous lancer dans la lecture de ce roman "Eureka street", petite pépite littéraire qu'on n'arrive pas à se décoller des mains, tel chewing-gum accroché à son jean.

Ce roman est parsemé de punchlines et de situations déroutantes mettant en scène une tripotée de personnages atypiques, bien ancrés dans la culture belfastoise. Il démontre au passage, si cela était toutefois nécessaire, la vacuité de sens de ce conflit politico-religieux entre catholiques et protestants extrémistes, avec au milieu, des gens normaux qui n'en avaient vraisemblablement rien à taper de cette bataille de clochés mortifère.

Robert McLiam Wilson nous raconte une histoire dans laquelle on hésite à sourire au début (parce que bon, quand même, c'est la guerre, y'a eu des morts, des attentats, tout ça) mais dans laquelle l'humour noir finit par nous arracher des petits gloussements discrets tellement il se mélange bien avec le dramatique de la situation. À vrai dire, je n'ai pas souvenir d'avoir constaté une telle qualité de mélange depuis les glaçons dans mon pastis mi-octobre dernier quand c'était encore un peu l'été. Je me souviens même que ma mère m'avait accompagné en me lançant un merveilleux : "tiens, vé, donne moi un pastis aussi, ça me fera boire de l'eau, un peu."

Ce livre dépeint donc la vie de Chuckie Lurgan (protestant) et Jake Jackson (catholique), deux amis d'enfance inséparables mais qui laissent ces histoires aux grandes personnes.

Chuckie est gros, dégarni, complexé mais il est plutôt malin. Prenant de l'âge, il flaire les bons coups et finit par devenir riche à plus savoir que faire de son pognon (ce qui le conduira à faire pas mal de bêtises).

Jake, quant à lui, est plutôt une petite frappe avec, au fond de lui, un côté romantique torturé qu'on ne distingue pas vraiment au premier coup d'oeil.

On découvrira également Aiorgue la rebelle, Sam l'américaine, Roche le gamin des rues, Peggie la mère de Chuckie, et d'autres, tous aussi hauts en couleur les uns que les autres.

Leurs péripéties romanesques à travers les rues de Belfast, une ville où à chaque coin de rue peut se produire un drame, donnent au roman une saveur assez piquante (comme on dit chez les oursins).

Et puis, découvrira-t-on la signification du trigramme OTG, tagué sur les murs de la ville ? Quelle est l'identité de tagueur de cette mystérieuse association ? Que revendique-t-elle ? Cette question nous suivra tout au long du roman pour réveiller le Sherlock qui sommeille en nous.

Wilson aborde l'absurdité de cette guerre civile de religion avec un cynisme délicieux. Il manie l'ironie et le sarcasme avec la brutalité du chirurgien esthétique d'Emmanuelle Beart ou la finesse du string d'Afida Turner, au choix. Il dépeint un tableau où les vies sont fauchées et les rêves brisés pour des différences d'opinions sur des doctrines qu'aucun dieu n'a probablement jamais voulu, hormis peut être cette encore et toujours mystérieuse association OTG !

En somme, "Eureka Street" de Robert McLiam Wilson est une étrange créature littéraire, un cocktail explosif de rire et d'émotion. Ce roman vous entraîne dans un tourbillon où la comédie noire et la critique sociale se mêlent au drame, chaque page tournant comme les pages d'un album photo d'une ville blessée mais résiliente. Si vous cherchez un livre qui offre un miroir tantôt hilarant, tantôt tragique de la condition humaine, "Eureka Street" est fait pour vous. Belfast vous attend ! OTG aussi !

Pour ma part, j'ai trouvé ma destination pour mes prochaines vacances d'été. Il ne me reste plus qu'à convaincre ma femme et mes enfants que visiter l'Irlande du Nord est plus sexy que de faire la crêpe sur le sable dans l'insupportable fournaise méridionale ...
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Un peu frustrant, cette impression de lire un roman très riche, mais avec certains personnages principaux (à commencer par le narrateur) un peu trop minces, pour ne pas dire qu'ils servent davantage l'intrigue qu'autre chose. C'est dommage car il y a beaucoup de choses dans ce roman. Et le chapitre sur l'attentat est magnifique, très puissant. le roman prend une grosse ampleur à ce moment, passant de l'anecdotique à l'émouvant, pour retomber par moments dans certaines facilités qui amusaient l'auteur.
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Belfast, eighties-nineties. La ville est rongée par le chômage et les violences terroristes. Ce roman est cependant loin de sombrer dans la misère sociale, le défaitisme et la peur. Non, ce roman nous élève à grands coups d'humour, de réparties cinglantes et d'humanité, généreuse comme une pinte de Guinness en happy hour. Il nous chante : tant que y a d'la vie, y a de l'espoir !

Ce livre, c'est une rencontre au sommet avec Jake, Chuckie et les autres, bande de potes, bande de losers désoeuvrés-désabusés, cathos et protos. Mais Jake… Jake, ce mal dégrossi au coeur gros comme ça, il m'a totalement désarmée par sa flamboyante empathie. Puis il y a Roche, ce mioche un peu Gavroche qui traîne sa verve, ses guibolles et ses mauvais coups dans les rues.

Puis les Troubles… les grands méchants de l'histoire. La menace terroriste est d'abord banalisée, les déflagrations devenues comme la télé qui tourne en boucle à l'arrière-plan avec le son réglé au minimum. Et… ce chapitre 11 arrive quand on ne s'y attend plus. C'est littéralement une bombe. Il m'a soufflée, terrible de précision et de violence. Puis de silence.

« Quelques histoires individuelles avait été raccourcies. Quelques histoires individuelles avaient pris fin. On avait décidé de trancher dans le vif. Les pages qui suivent s'allègent de leur perte. le texte est moins de dense, la ville plus petite. »

Ce roman dit aussi l'absurdité de cette guerre qui tue aveuglement des deux côtés et se cache derrière tous ces acronymes barbares, IRA, RUC, UVF… et le sigle OTG qui apparaît en foutant tout le monde sur les dents. Il rend hommage à toutes ces personnes assassinées pour rien, au nom d'une idéologie…

« C'était la politique de la cour de récréation. Si Julie frappe Suzy, Suzy ne frappe pas Julie en retour. Suzy frappe Sally à la place. »

Bref, un gros coup de coeur.
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Magnifique roman, très bien écrit, très bien porté. Les personnages sont attachants et qu'est que j'ai ri sur les magouilles de Chuckie ! Cette rue, qui n'est finalement que l'étendard de cette ville Belfast, que l'auteur a voulu mettre à l'honneur. Dans un contexte de tensions, d'attentats, et d'opposition, Jake et Chuckie tentent de survivre, et de vivre.
La fin m'a beaucoup touché, et j'étais presque triste que ce soit fini.
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Un roman qui nous transporte à Belfast en nous présentant son atmosphère, les conflits qui l'animent et les personnes qui y vivent, subissant malgré elles sans pouvoir être acteur des événements.

Au départ, j'ai eu du mal à me plonger dans ce livre. La narration est un peu étrange, passant de la première personne avec Jake à la troisième personne lorsque le récit est plutôt centré sur Chuckie. Et puis, j'ai eu du mal à me faire à ces personnages, deux jeunes hommes assez losers et pas très respectueux (et encore, c'est un euphémisme). Mais, c'était assez fascinant de les voir, tellement lassés et habitués à la violence que celle-ci semble être en fond de leur vie sans jamais se trouver sur le devant de la scène. On "entend" à la radio que des gens se font tirer dessus avant que le personnage n'éteigne la radio comme si de rien était. C'est assez déconcertant, mais parlant quant au vécu et à la personnalité des personnages. On les sent blasés et désabusés. Au fur et à mesure, je me suis attachée à eux et particulièrement à Jake, que j'ai trouvé touchant, notamment grâce à sa relation avec Matt et Mamie et avec Roche. Les touches d'humour qui ponctuent l'écriture rendent l'atmosphère du roman moins pesante et m'ont arraché de nombreux sourires.

Vers le milieu du roman, l'auteur délaisse un court moment ses personnages pour se concentrer sur la ville de Belfast en elle-même et sur un attentat. L'auteur humanise les victimes. Malgré des détails très graphiques, il raconte leur vie dans tout ce qu'elle a de plus banal. Cet acte d'une violence incroyable surgit dans le quotidien dans un lieu tout à fait ordinaire. On ne peut comprendre. Pourquoi ce lieu, pourquoi ce moment, pourquoi eux ? Parce qu'il ne peut y avoir d'explications et qu'il ne devrait y avoir de justifications. Parce que c'est absurde. Et c'est cette simplicité mêlée à cette horreur qui rend ce passage aussi puissant.

J'ai toutefois trouvé les deux derniers chapitres décevants, faciles et pas à la hauteur du reste du roman. En outre, les personnages féminins sont malheureusement peu réalistes et peu développés. On se retrouve tout de même avec tout un passage sur l'obsession de la mère de Chuckie pour ses seins et le désir de les montrer au reste du monde. Les histoires sentimentales des personnages principaux m'ont également semblé peu crédibles, je n'y ai vu aucune connexion, ni aucune raison pour les personnages féminins d'être attirées par ces hommes.
Malgré tout, j'ai trouvé que c'était un roman marquant et prenant avec une atmosphère particulièrement immersive. Si les personnages sont parfois agaçants, l'auteur tire son épingle du jeu en exploitant leurs failles et leurs désillusions et en les intégrant dans l'histoire omniprésente de Belfast.
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"Peut être serons nous tous mort dans six mois. le monde est vaste et il y a place pour toutes sortes de fins et un nombre infini de commencements." p 543. Je pense que l'auteur est un bavard et qu'il aurait pu ne jamais arrêter son roman!

Un beau roman d'amitiés masculines, un décor à Belfast immergeant réussi. Amitiés masculines peut être pas vraiment mais disons un groupe de gars qui se suit de près ou de loin pendant une bonne trentaine d'années. Choper une fille est quand même leur leitmotiv principal! Tout comme se faire de l'argent.
On retrouve la violence et la guerre politique incessantes à Belfast tout du long, Irlande du Nord, protestants, catholiques, les engagés, les pauvres, les riches, chacun fait ce qu'il peut dans son époque et tous sont attachés à leur rue et y reviennent. Tout dans cette lecture vient à point nommé, si bien qu'à la fin on a passé un bon moment en leur compagnie.

Eureka Street c'est un peu comme lire le Club des incorrigibles optimistes. Avec moins d'engagement politique peut être mais toujours cette forte valeur fraternelle dans les rapports masculins.
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Belfast, sa grisaille, sa misère, ses guerres de religion et sa bande de loosers magnifiques:
Chuckie, gras et laid, à qui, et il en est le premier surpris, tout réussit: une belle fille qui lui ouvre son lit et l'argent qui lui tombe dans les mains suite à des coups financiers pas très...catholiques!
Jake, qui enchaîne peines de coeur et petits boulots.
Roche, qui traîne les rues pour fuir la violence de son foyer.
Puis les filles, la tourmentée Max , l'agaçante Aoirghe.
Une galerie de personnages profondément attachants, la gentillesse et la naïveté de Chuckie; le cynisme désabusé de Jake; ce sale gosse de Roche qui cache un profond besoin d'affection derrière une façade de petit dur.
J'avoue avoir été bien moins touchée par les personnages féminins sauf celui de la mère de Chuckie, personnage fade et inintéressant qui va se révéler au fil des pages.
Un roman chargé d'humanité, des personnages tout à la fois drôles et touchants.
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agréable à lire même si à aucun moment, je ne me suis vraiment sentie happée par l'histoire. Un mélange d'atmosphères: la violence du terrorisme à Belfast mais aussi la chaleur de la fraternité, des parcours de vie étranges et singuliers, le tout avec une bonne dose d'humour et de légèreté.
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Un bon livre sur la période blefast et la guerre mais il m'a manqué un peu de simplicité dans l'ensemble
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