La spécialité de la Maison Bharaputra n’était pas, à vrai dire, le clonage. C’était plutôt l’immortalité ou, plus exactement, l’extension de la vie. Et il s’agissait d’un trafic très lucratif car quel prix pouvait-on mettre sur la vie elle-même ? Le procédé de Bharaputra était médicalement risqué, pas vraiment idéal… mais les risques étaient contrebalancés par la certitude d’une mort imminente. Les clients étaient riches, sans scrupules et, il devait l’admettre, possédaient une perspicacité glacée à l’égard d’eux-mêmes assez inhabituelle.
Ce procédé était illégal sur toutes les planètes connues sauf sur l’Ensemble de Jackson. Ce qui ne gênait nullement les maisons criminelles qui gouvernaient l’endroit. Cela leur donnait un joli monopole, l’occasion de contacts fructueux avec de riches étrangers qui leur permettaient de garder leurs équipes chirurgicales au sommet. Pour ce qu’il en savait, l’attitude des autres mondes à leur égard était : « On ne voit pas, on ne touche pas. » L’étincelle de sympathie dans le regard de Thorne éveillait en lui une douleur si ancienne, si ancrée qu’il en avait à peine conscience. Il fut stupéfait de constater qu’il était au bord des larmes. C’est probablement un piège. Il soupira. Encore un truc à Naismith.
On va partir. J’ai réussi. Les Dendariis l’avaient accepté, avaient accepté ses ordres avec cette confiance aveugle qu’ils accordaient à Naismith. Des moutons. Tout ce qu’il avait à faire maintenant, c’était de ne pas tout gâcher. Le plus dur était passé.
Son exaspération mit un frein à la dévotion du bonhomme. Celui-ci déchargea la palette et sortit avec un sourire timide comme pour dire : On peut toujours essayer. Dès que la porte fut scellée, il se précipita sur les malles, surpris par sa propre impatience. Voilà ce qu’on devait ressentir en recevant un cadeau d’anniversaire. Il n’avait jamais reçu de cadeau d’anniversaire. C’est le moment de se rattraper.
-Les Barrayarans !reprit-il .Il n’y a pas pire que les Vors sinon les imbéciles qui sont sous leurs ordres.Pas étonnant que dans toute la galaxie on considère cette planète comme un tas d’ordures.
La facilité avec laquelle sa rage s’exprimait le surprenait …et lui faisait du bien. Mais mieux valait ne pas aller trop loin.
-Je vais te faire la peau , l’avorton,promit le gamin de son air le plus menaçant .La sorcière , pour l’inciter à passer aux actes adressa un geste obscène à Mark.