Lonesome Dove - Lune comanche : L'affrontement

vivre dans un endroit où l'on pouvait observer les aigles devait susciter de beaux rêves .

le mystère des oies volant vers le nord l'avait toujours habité ; elles volaient peut-être jusqu'au bout du monde , aussi avait-il composé un chant pour elles , car il n'y avait pas plus grand mystère aux yeux de Famous Shoes que celui des oiseaux. Tous les animaux à sa connaissance laissaient des empreintes derrière eux , mais les oies qui déployaient leurs ailes et s'envolaient vers le nord n'en laissaient aucune . Les oies devaient savoir où vivaient les dieux , pensait Famous Shoes , et du fait de cette connaissance , les dieux les avaient exemptés d'empreintes . Les dieux ne voudraient pas qu'on vienne les voir en suivant simplement une piste , mais leurs messagers , les grands oiseaux , étaient autorisés à leur rendre visite .

Gus ne répondit pas. Il se demanda comment les femmes devinaient si facilement les sentiments des hommes. Il n'avait jamais vraiment mentionné Clara à Inez Scull - comment pouvait-elle savoir que c'était Clara qui envahissait son esprit ? Les femmes flairaient les sentiments comme un chien flaire un renard.

J'ai eu peur des Indiens toute ma vie, dit Ikey, sentant soudain le besoin de soulager sa conscience. Je crois bien que je me suis réveillé plus de mille fois en m'attendant à voir un Indien au-dessus de moi, prêt à me scalper. Voilà que j'ai quatre-vingts ans et ils m'ont toujours pas eu, alors on peut dire que c'était du gâchis d'inquiétude.

Call s'était battu contre les Comanches avec autant de vaillance qu'aucun ranger et pourtant, en les regardant à travers les jumelles du capitaine Scull, il avait vu des femmes tanner des peaux, des jeunes hommes filer sur leurs chevaux, et il avait éprouvé le même sentiment contradictoire d'admiration qu'à sa première bataille contre Buffalo Hump. C'étaient des tueurs impitoyables et efficaces, mais c'étaient aussi les derniers Indiens libres des plaines du sud. Quand les derniers seraient tués, ou quand leur liberté leur serait arrachée, quand leur puissance serait muselée, les plaines autour de lui seraient bien différentes. Elles ne seraient plus aussi dangereuses, bien évidemment, mais il manquerait un parfum - le parfum de la nature sauvage. ce serait une aubaine pour les pionniers, mais les pionniers n'étaient pas la seule comosante de cette histoire -loin de là.

Evidemment Augustus savait que Woodrow Call détestait parler de romance, de mariage ou de tout ce qui touchait aux femmes. Il refusait même de discuter de baise, l'un des sujets de conversation préférés d'Augustus, ainsi qu'une de ses activités favorites. [...] Call voulait toujours parler de fusils, de selles ou de questions militaires, et Gus tentait de détourner le sujet vers l'amour, le mariage, les femmes ou les putains - quelque chose de plus intéressant que ces sempiternelles conversations éculées de bottes et de selles.

- Plus j'ai peur et plus j'ai envie de baiser une putain, dit Augustus.
- Et là, t'as peur comment ?
- Pas trop, mais je refuserais pas une partie de baise.

Call ne dit rien. Maggie rentra chez elle. Plus tard, quand il songerait à cet instant, il se souviendrait du maïs pareil à de la poussière d'or sur les bras et les mains de Maggie, dans les rayons du soleil.

- C'est pas scandaleux, ça, Woodrow ? dit-il. On a pas réussi à capturer notre homme et on est tombés tellement bas qu'un Comanche refuse de voler notre mule. Ça veut vraiment dire que la fête est finie.
- C'est peut-être fini mais c'était pas une fête, dit Call en regardant la longue distance aride qu'il leur restait à traverser.

Lonesome Dove, c’est un endroit ? demanda Call. Je dois avouer que je connais pas.