Mon midi, mon minuit

Il était mon nord, mon sud, mon est, mon ouest,
Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson ;
Je croyais que l’amour ne finirait jamais ; j’avais tort.
Funeral Blues, W.H.AUDEN

On peut se rappeller les rides creusées par un sourire sur des lèvres aimées ou la manière dont les larmes vous coulaient des yeux. Mais il est ardu de mettre des mots sur la douleur, et dans la vie il y a toujours de la douleur.

Il était mon nord, mon sud, mon est, mon ouest,
Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson ;
Je croyais que l’amour jamais ne finirait : j’avais tort.

Avant de connaître l'amour, jamais Nigel n'avait fait l'expérience de tels sommets ni de tels abîmes dans son univers protégé. Il priait sans répit et guettait la parole du Très-Haut, mais aucun signe ne lui parvenait. Il avait une vie, désormais, une vie en dehors de Dieu et de l'Eglise, et c'était réel. Cette femme existait. Elle l'entourait de ses bras et le protégeait contre les angoisses du monde. Elle l'embrassait avec tendresse quand il pleurait et elle lui donnait un plaisir qu'il n'avait jamais connu. Il était plus heureux qu'il ne l'avait jamais été, et cela le déchirait. Comment avais-je pu ne pas le voir ?

Sean adorait Dublin. Contrairement à la plupart d’entre nous, il ne se plaignait jamais de la crasse ni des bus en retard. Il vivait dans le Dublin de Joyce, voyait encore la beauté de cette cité ancienne, le vieux, le neuf, la tradition et bien sûr le craic, cette joie de vivre typiquement dublinoise.

« Il est ardu de mettre des mots sur la douleur, et dans la vie il y a toujours de la douleur. Elle est aussi naturelle que la naissance ou la mort. La douleur nous façonne, elle nous éduque et nous mate, elle peut détruire comme elle peut sauver. […] Certaines tragédies sont de notre fait, mais il se produit parfois des évènements incontrôlables, et quand cela arrive on en reste le souffle coupé. »

Ce soir-là, je me suis rendue au confessionnal parce que c'était encore le plus simple pour discuter avec Nigel. Il n'y avait pas la queue.

J'avais très envie de l'envoyer bouler, mais, après l'avoir écoutée dérouler son argumentaire, je me suis surprise à accepter de faire connaissance avec le dénommé Ron. Il faut croire que je souffrais plus de la solitude que je ne le croyais.

"Mon amie vient de faire une fausse couche."
Elle s'est assise à côté de moi. "Quelle horreur, la pauvre. Elle essayait depuis longtemps ?"
Je l'ai regardée, interloquée. " Si elle essayait de faire une fausse couche ?"
Elle m'a fixée bizarrement. "D'avoir un bébé.
- Oh pardon, j'avais mal compris, ai-je bredouillé avec embarras.

Après la nuit vient le jour.
Après la mort vient la vie.
Même dans les moments les plus sombres, regarde autour de toi, car tu n'es jamais réellement seule.
Tu es aimée.