Pour que les cauchemars cessent, tu dois vivre. C'est le seul moyen. Nous aurions pu mourir cette nuit mais ça n'a pas été le cas. Nous mourrons peut-être demain. Je n'en sais rien. Mais ce qui compte, c'est que nous soyons en vie là maintenant.
Je mourais de faim, en effet, mais pas au point de manger du ragoût d'opossum ou n'importe quelle autre chose considérée comme de la nourriture dans cette contrée.
- Ah ! ma fille ! soupira-t-il. A peine dix huit ans, et tu as déjà été accusé de meurtre, tu as apporté ton aide à des criminels et tué plus de Strigoï que la plupart des Gardiens en verront de toute leur vie. Il marque une pause.
Je ne pourrais pas être plus fier.
" J'ai toujours eu horreur des cages. Je déteste même aller au zoo. La première fois que j'en ai visité un, j'ai failli faire une crise de claustrophobie en voyant ces pauvres animaux. Je n'arrive pas à concevoir qu'une créature puisse vivre de cette manière. Parfois, j'éprouve même un peu de pitié à l'égard des criminels condamnés à finir leurs jours dans une cellule. Et je n'ai assurément jamais songé à y finir les miens.
Mais la vie semblait s'ingénier à me placer dans des situations inattendues, ces derniers temps - parce que j'étais bel et bien derrière les barreaux.
- Hé! hurlai-je en agrippant les barres d'acier qui me séparaient du monde extérieur. Combien de temps allez-vous me garder ici ? Quand mon procès aura-t-il lieu ? Vous ne pouvez pas m'enfermer dans ce cachot pour toujours !
D'accord : ce n'était pas exactement un cachot au sens médiéval du terme, c'est-à-dire un endroit obscur avec des chaînes fixées aux murs. C'était une petite cellule aux murs et au sol uniformément blancs, où rien n'accrochait le regard. La pièce était immaculée, stérile, glaciale. À vrai dire, c'était bien plus déprimant qu'aucun cachot moisi n'aurait pu l'être. Les barreaux étaient froids et désespérément rigides sous mes doigts. Le reflet des néons sur le métal me faisait mal aux yeux. J'apercevais l'épaule du garde posté avec raideur près de la porte de ma cellule, et je savais que quatre autres surveillaient le couloir, hors de mon champ visuel. Je savais aussi qu'aucun d'eux ne répondrait à mes questions, mais cela ne m'empêchait pas de les harceler depuis deux jours.
Lorsque le silence habituel succéda à mes hurlements, je poussai un profond soupir et m'affalai sur la couchette qui occupait un coin de la cellule, et était aussi austère et incolore que tous les éléments de mon nouveau foyer. Oui... Je commençais vraiment à regretter de ne pas être enfermée dans un véritable cachot. Les rats et les toiles d'araignées m'auraient au moins fourni une source de distraction. Je rivai mon regard au plafond et éprouvai aussitôt la sensation oppressante qui me torturait depuis mon arrivée : l'impression que les murs et le plafond se rapprochaient pour m'étouffer, qu'ils allaient réduire mon espace jusqu'à en chasser tout l'air respirable.
Je me redressai subitement, le souffle court. Ne regarde pas les murs et le plafond, Rose, me morigénai-je. À la place, je focalisai mon attention sur mes mains jointes et m'efforçai de comprendre comment j'avais pu me retrouver dans ce pétrin.
Une première réponse s'imposait : quelqu'un m'avait piégée en me faisant accuser d'un crime que je n'avais pas commis. Et il ne s'agissait pas d'un délit mineur, mais d'un assassinat. On avait eu l'audace de me faire accuser du pire crime qu'un Moroï ou un dhampir puissent commettre. Je ne prétends cependant pas n'avoir jamais tué. Je l'ai fait. J'ai aussi transgressé un bon nombre de règles - et même de lois. Mais le meurtre de sang-froid m'est totalement étranger, et encore plus lorsqu'il s'agit de celui d'une reine."
Il avait besoin de moi, et ce n'était pas simplement physique. Nos âmes tendaient l'une vers l'autre avec la même violence.
En quoi consistait réellement l’amour ? S’agissait-il de fleurs, de chocolats et de poèmes ? Ou bien d’autre chose ? S’agissait-il d’être capable de finir les plaisanteries de l’autre ? D’avoir une confiance absolue en lui ? De savoir qu’il vous connaissait si bien qu’il comprenait toujours ce qui vous poussais à agir comme vous le faisiez, parce qu’il aurait fait la même chose que vous s’il était à votre place ? Depuis une semaine, je prétendais que mon amour pour Dimitri était en train de se faner, alors qu’en réalité il n’avait fait que croître.
"Oui.. C'est toujours une tentation... Tuer pour vivre, vivre pour tuer... L'immortalité et la délivrance de ses chaînes...Mais quel dommage"
« Ah ! ma fille ! soupira-t-il. A peine dix huit ans, et tu as déjà été accusé de meurtre, tu as apporté ton aide à des criminels et tué plus de Strigoï que la plupart des Gardiens en verront de toute leur vie. ( Il marque une pause.) Je ne pourrais pas être plus fier. »
J'ai toujours eu horreur des cages. Je déteste même aller au Zoo. La première fois que j'en ai visité un, j'ai faillit faire une crise de claustrophobie en voyant ces pauvres animaux.
Et ce fut là ma troisième découverte: il me rendit mon baiser. Peut-être n'était-il pas aussi sûr de sa décision qu'il le prétendait... Malgré sa culpabilité et sa certitude de ne plus être capable d'aimer, peut-être me désirait-il encore. J'aurais tué pour le savoir... mais je n'avais pas le temps.
Au lieu de cela, je lui décrochai un coup de poing.