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Critique de JIEMDE


« La politique c'est comme l'andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop ».

En bon Lyonnais, François Médéline a sans doute fait sien cet adage d'Edouard Herriot, ancien maire de la capitale des Gaules. Mais en parfait connaisseur des arcanes off des élus, il sait mieux que quiconque l'importance de ce « mais pas trop ».

Dans La Résistance des matériaux, il nous en fournit l'éclatante démonstration, plongeant fin 2012 Serge Ruggieri, un ministre de François Hollande, dans les affres de la fraude fiscale via compte offshore, révélée au grand public par Médiapart.

La bombinette lancée, les camps se mettent en ordre de bataille : les journalistes enfoncent le coin, progressivement, sans surtout brûler les étapes pour garder quelques atouts en main ; le clan majoritaire fait bloc et convoque officines et barbouzes pour organiser la riposte. Ou plutôt les ripostes. L'opposition veille…

Les pièces sont en place et comme en physique, reste à voir comment vont résister les différentes composantes de cette structure politique placée sous pression maximale.

Au milieu de tout cela, il y a les pièces collatérales, pas encore victimes du souffle de l'explosion, mais ça viendra : Dubak le flic marginal déjà entrevu dans L'Ange rouge et Djamila, la beurette devenue élue régionale, députée suppléante du ministre et épouse de son dircab.

Continuant à alterner le roman historique et le polar politique, François Médéline renoue avec ce dernier genre et signe assurément son livre le plus abouti.

Jouant avec beaucoup d'aisance entre faits réels (2012, ministre d'Hollande, compte offshore, déni… : toute ressemblance nananinanère…) et fiction, il excelle à reproduire les réactions du microcosme et on se délecte des échanges entre le Foll, Mosco, Sarko, Guéant et consorts, sous l'écoute attentive des grandes oreilles de l'Oncle Sam. Un régal !

Il réussit surtout à parfaitement décrire les incidences politiques entre le national et le local, cette dernière dimension étant particulièrement bien traitée pour qui connaît un peu ses arcanes.

C'est punchy, cash, cynique et la trame se déroule sans temps mort au rythme d'un fil de dépêches AFP. Avec au passage, quelques clins d'oeil appuyés de l'auteur à des seconds rôles de choix : un chef de sécurité au nom de Corvoisier et un pote de la DCRI fan du PSG au nom de Wespiser

Au même titre qu'un Dugain ou qu'un Leroy, Médéline est un as de la littérature politique fictionnelle. Et perso, j'adore cela quand c'est aussi bien traité. Alors amateurs du genre, on se précipite !
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